Ezechiel & Elle

Can the future be better for me?

La vie était plutôt agréable à Neverland. En fait, je devais bien avouer que dernièrement, j'étais heureuse. Sentiment complètement nouveau pour moi et si agréable. J'avais des amis dans ma vie et hors de la maison close, des gens qui tenaient à moi et voulaient m'aider à me libérer de mes chaînes. À mon arrivée à Neverland, j'avais perdu une partie de ma combativité, j'en avais marre de me battre contre des moulins à vent, mais les choses avaient lentement changé depuis que je pouvais sortir. L'espoir et le rêve étaient revenus dans ma vie. Comment faire autrement avec des anges dans sa vie? Impossible. Aujourd'hui, j'avais réussi à glâner quelques heures de libres, on était la fin de matinée et vu que les clients se faisaient rare jusqu'au alentour de 17 heures, j'étais libre comme l'air. Pour une fois, j'avais décidé de me promener à Rivebois et de ne pas aller me perdre dans ses alentours. Je voulais découvrir les boutiques, j'avais envie de faire du lèche-vitrine, de voir ce que cette petite ville charmante avait à offrir. Je passais du temps devant un magasin de chapeau, j'aurais voulu y entrer pour en essayer tout plein, mais je n'osais pas. Continuant mon chemin, je finis par me retrouver devant une boutique qui m'intrigue... Son nom est l'Orchidée et c'est une boutique de medium. Je me mords la lèvre en regardant la vitrine, est-ce qu'ils lisent vraiment l'avenir? Est-ce que je pourrais avoir des réponses à mes questions? C'était une partie des questions que je me posais, mais des millions d'autres me trottaient encore dans la tête. Comment une putain pouvait-elle avoir un vrai avenir? Il fallait vraiment que je puisse m'échapper de cette vie que je haïssais de plus en plus et ceci même si c'était la seule vie que j'ai connu. Et puis, peut-être que je pouvais avoir un avenir avec Aaron... est-ce que ce n'était pas un peu optimiste? Je n'étais qu'une prostituée et une prostitée n'avait pas d'avenir, on me l'avait toujours répété encore et encore... Parfois je n'y croyais pas, parce que l'espoir était vif. Et parfois, je me laissais convaincre et je me résignai à vivre la vie que d'autres avaient choisies pour moi.

Après de longues minutes figées devant le magasin, je me décidai enfin à en pousser la porte. Les yeux brillants d'espoir, je regardais tout autour de moi. J'avais envie qu'on me lise mon avenir, j'avais envie de savoir ce qui pourrait se passer. Un sourire aux lèvres, je vois un jeune homme installé sur une chaise. Bonjour. Vous travaillez ici? Je me mords légèrement la lèvre et puis jette un coup d'oeil autour de moi avant de me concentrer à nouveau sur le jeune homme. Il est plutôt mignon, on doit avoir environ le même âge. Directement je l'aime bien, il a un visage qui inspire confiance je trouve. Vous lisez l'avenir? À l'aide de quoi? Des cartes, les lignes de la main? C'était les deux seules méthodes de lecture d'avenir que je connaissais... enfin connaître était un grand mot. J'en avais plutôt entendu parler et puis une fois j'ai rencontré une fille qui venait d'une famille de manouche qui disait pouvoir lire l'avenir. C'était elle qui nous en avait parlé et elle nous avait parlé aussi de la fête forraine. J'avais rêvé de cela pendant des semaines avant de perdre espoir de pouvoir voir cela un jour. Je m'avançais un peu vers lui et me demandais si je pouvais m'asseoir. Mais je n'en fis rien, j'attendais qu'il me dise que je puisse... en bonne soumise que j'étais...!

Codes par Wild Hunger.

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Dès que j'étais entré dans le magasin, le regard du jeune homme me fixa étrangement. On aurait dit qu'il n'avait jamais vu quelqu'un entrer dans son magasin. Le sourire aux lèvres, j'avais avancé dans le magasin tout émerveillée par ce que je voyais. Il joua avec ses cartes tout me saluant. J'admirais sa dextérité. Je m'assis quand il me fit signe que je pouvais m'installer tout en continuant à observer les cartes qui bougeaient très vite entre ses mains. Il pouvait donc lire l'avenir dans les cartes. Je lui souris en posant mon coude sur la table puis mon menton contre ma main pour le regarder. Sa voix était agréable, elle correspondait parfaitement à son physique d'après moi. C'était un charmeur, le petit sourire était là pour me le confirmer. J'aimais bien observer les gens, en fait c'était pas mal le seul truc que j'aimais bien faire quand j'étais enfermée. La violence était absente de cet homme qui me faisait face, c'était une chose importante pour moi. Il me demande ce que je veux savoir et m'annonce que l'avenir n'a pas de secret quand on sait l'écrire. Il est amusant. J'essaie de penser à une question précise que je voudrais lui poser, mais en fait la seule chose qui me vient à l'esprit, la seule chose que je voudrais vraiment savoir c'est si je vais pouvoir retrouver un jour ma liberté. La liberté était une notion encore très abstraites pour moi. En y pensant, je ne l'avais jamais connue. D'abord, j'avais vécu sous la coupe de mes soeurs puis sous celle d'Adam durant quelques jours, puis celle d'une femme dans la maison des filles et puis les "gérants" des maisons closes. J'avais toujours eu des comptes à rendre, je n'avais jamais vu le monde extérieur après mes 13 ans et avant le début des sorties autorisées...

Devoir lui poser des questions me rendaient légèrement timide. Je n'avais pas vraiment l'habitude de parler de moi. Ça m'arrivait un peu avec Espérance et avec Aaron, et puis si on me posait des questions, j'y répondais parce que je n'avais pas honte de ma vie même si elle ne me plaisait pas. Mais poser des questions, mettre des mots sur mes espoirs... c'était bien plus difficile. J'aimerais bien savoir ce que me réserve l'avenir... est-ce que je dois poser des questions précises? Je n'ai jamais fait ce genre de choses... Je lui souris, un peu penaude. C'est vrai dans le fond... est-ce qu'il fallait un peu parler de soi? Poser des questions précises? Toucher les cartes? Jouant distraitement avec ma lèvre inférieur, je regardais les cartes en éventail devant moi. En fait, j'aimerais surtout savoir si un jour je serais libre... Et... vous voulez bien m'expliquer ce qu'il faut faire? En cet instant, j'avais juste une idée en tête, découvrir mon avenir et ce jeune homme allait m'y aider. Je ne pensais plus au fait que je n'avais pas d'argent et donc pas du tout de quoi payer cette séance. Je trouverais bien une solution en temps voulu et puis j'avais toujours mon corps à offrir en échange. Le plus souvent, ça fonctionnait plutôt bien... En fait, il n'y avait jamais eu un cas où ça ne fonctionnait pas. Il était plutôt rare que je souhaite acheter quelque chose contre mes faveurs, en fait, ça m'était juste arrivé deux fois depuis un an que je pouvais sortir du bordel, et les deux fois j'avais pu payer en nature et les vendeurs avaient été ravi de cette petite... distraction, si l'on peut dire cela comme ça. Alors pourquoi serait-ce différent avec lui? La seule différence, c'est que j'avais oublier de le lui dire avant la séance!

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Une pause dans ma vie pathétique, c'était comme ça que je voyais ce petit interlude! Et si en plus, je pouvais apprendre des choses sur mon avenir, c'était parfait! J'aimais bien son attitude, il était charmeur sans l'être trop, ça devait être un jeune homme amusant et adorable. Il m'arrivait de me tromper lorsque je jugeai les gens, par exemple une fois, je m'étais dit qu'un des clients du bordel était gentil et charmeur et puis il s'était avéré que c'était un des clients les plus violents qu'on avait eu. Ça c'était passé à Londres et j'avais du rester enfermée dans ma chambre pendant plus d'une semaine après sa visite vu dans l'état horrible dans lequel je m'étais retrouvée... j'avais eu des bleus partout et j'avais gardé une cicatrice sur la hanche droite, il avait voulu me découper en morceau avec une poignard dans le manche était ciselé très finement. Je me rappelais encore parfaitement de tout ce que j'avais ressenti ce soir-là. Me secouant légèrement, je chasse ce souvenir désagréable et je me concentre à nouveau sur le jeune homme qui me fait face. Ses mots me font sourire, il peut donc répondre à toutes mes questions, même celles que je ne pouvais pas imaginer. Il se mordille légèrement la lèvre alors qu'un sourire espiègle illumine son visage. Je crois vraiment qu'il n'y a pas de méchanceté en lui, il est bien trop adorable et légèrement... enfantin je crois que c'est ce qui le caractèrise. Il continue à parler, la liberté vient toujours avec un prix et le mien ne sera pas banal. Ça, je veux bien le croire. Au fond, il n'y a pas tout le monde qui appartient à quelqu'un comme moi j'appartiens à quelqu'un. Il avait retourné trois cartes et je les observais un instant avant de revenir à son visage. Il a l'air ravi de pouvoir me lire mon avenir! Il m'annonce que quelqu'un va me sortir de là, quelqu'un sur qui je pourrais me reposer, quelqu'un qui compte pour moi comme personne avant... il sait comment c'est dur de se sentir seul, loin de tout et de ne compter pour personne. Il affirme que nous méritons tous d'être l'étoile de quelqu'un... Vraiment? Une légère douleur m'envahit, c'est vrai que je ne compte pour personne. Je ne suis qu'une valeur monétaire, je ne compte que pour l'argent que je rapporte... Mais qui pourrait être cette personne qui va me sortir de là? Espérance? Ça pourrait, mais je n'en suis pas sûre. Perséphone? Même si l'idée est charmante, elle ne pourrait pas non plus. Peut-être Aaron? Je sais que je compte pour lui, mais à ce point-là? Je ne veux pas me faire d'illusions, les illusions peuvent être très douloureuses! Mais je suis ravie de savoir que ma liberté va pouvoir être reprise... Il me dit que sans le savoir, j'avais toujours attendu cette personne qui sera mon refuge, que je pourrais enfin me reposer comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps. Il est plutôt doué, il faut avouer.

Je souris toujours, j'espère tellement qu'il ne se trompe pas, que je pourrais enfin gagner ma liberté un de ces jours. C'est ce dont je rêve depuis tant d'années maintenant, c'est mon seul espoir que je m'autorise. Je ris, légèrement, un peu désabusée. Être l'étoile de quelqu'un... c'est vraiment possible ça? Oh je compte énormément... mais que pour l'argent que je leur fais gagner. J'espère depuis tellement longtemps de pouvoir être libre... J'observe pendant un moment les cartes retournées devant moi, je ne sais pas vraiment ce qu'elles veulent dire, je ne comprends pas ce qu'elle représente, mais les mots du cartomancien rajoutent un peu d'espoir à ma vie. Vous pouvez m'en dire plus sur cette personne? Celle qui va m'aider? Je prends une grande inspiration pour chasser les larmes qui avaient envie de se frayer un chemin pour couler sur mes joues. Je ne veux pas pleurer, après je vais avoir les yeux rougis et tout gonflé et celle qui dirige la maison va me péter un plomb parce que je ne serais pas assez présentable... même après une séance de maquillage. Je touche du bout d'un doigt la carte la plus proche de moi. J'aimerais bien avoir la possibilité de faire autre chose de ma vie... pouvoir me promener librement quand j'en ai envie... C'est un rêve, une utopie qui me tient depuis si longtemps... C'était un rêve qui me tenait depuis que j'étais enfant, depuis que je m'étais fait acheter alors que je n'avais que 13 ans! Un refuge... j'aimerais tellement pouvoir en avoir un... En y pensant, j'en avais un, enfin si je pouvais le voir comme ça. Mais quand j'étais au cirque, chez Aaron, je me sentais en sécurité comme nulle part ailleurs! Mais est-ce que ça pouvait être lui? Je n'en étais pas sûre, mais peu importe. Je croisais les bras sur ma poitrine, j'avais l'impression d'avoir froid, mais ce froid venait de l'intérieur et non de l'extérieur. J'avais tellement envie de croire cet homme qui me promettait un avenir plus lumineux que ce que j'avais toujours connu... et en même temps, il était difficile pour moi d'être certaine qu'un jour je serais libre. Oh oui, j'y avais toujours rêvé, mais je n'y avais pas toujours cru. En fait, l'espoir était revenu il n'y a pas si longtemps et je voulais le garder, le chérir, le couver... il m'aidait à tenir, à vivre chaque jour même si chaque jour était difficile. Est-ce que je peux connaître votre nom? Je lui souris doucement.

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Je vis l'éclat de tristesse qui passa sur son visage quand je demandais si c'était vraiment possible d'être l'étoile de quelqu'un, ma vie était loin de me l'avoir prouvé mais je compris tout de suite que lui, l'avait vécu, même s'il ne m'en dirait rien. Il me dit que oui, que ça arrive de rencontrer quelqu'un qui nous fait nous sentir vivant et qui nous fait changer notre vision du monde. J'aime cette idée même si je n'y crois pas complètement. J'ai encore des rêves malgré tout, mais les utopies complète ne sont pas trop mon rayon, j'ai été trop déçue par les gens et la vie pour croire à tout. Oui, depuis mon arrivée à Neverland, j'avais eu la chance de retrouver une partie de mon innocence, mais je ne la retrouverais jamais complètement et je le savais. L'amour, s'il existait, n'était sûrement pas pour les gens comme moi. Il me demande ensuite si l'on s'est déjà rencontré et je secoue doucement la tête. Il trouve mon visage familier. Je suis ici depuis deux ans, mais ça fait déjà une année que je sors régulièrement. Peut-être en ville, dans une rue ou au cirque. Je sors de ma prison à chaque fois que je peux. Sinon, si vous êtes clients de la maison close, peut-être là-bas... mais je sais pas, je ne crois pas que vous soyez du genre à être client. Je lui souris doucement. En fait, j'espère vraiment que ce n'est pas un client, quoi que ce n'est pas forcèment important. Mais je ne voudrais pas que ma maquerelle découvre que je rêve aussi fort de m'en aller, les sorties me seraient interdites sinon. Je demande s'il peut me donner plus d'infos sur la personne qui allait m'aider. Il m'annonce que ça sera quelqu'un d'important, de grand et pas seulement pour mon coeur. Et puis quand je parle de mes rêves de faire autre chose, il me demande ce que je voudrais faire... excellente question en fait. Je haussai doucement les épaules avec un air penaud. En fait... je ne sais pas vraiment. Je n'ai jamais fait autre chose que me vendre, je sais pas ce que je pourrais faire d'autre. Et oui, mon métier ne me posait pas de problèmes même si beaucoup de gens me jugeaient à cause de lui.

Et puis, on passe au côté personnel quand je lui demande son nom. Mmh, en fait, c'était déjà pas mal personnel avant ma question. Il battit des cils et je trouvais ça tellement charmant, il était vraiment charmeur... Ezechiel Robin, Ezechiel, c'est vraiment joli. Et il ajoute "comme les oiseaux, libre et insaisissable" puis me demande le mien en m'appelant jolie fleur et en passant au tutoiement. Je ris. Ezechiel, c'est un beau prénom. Et puis je m'appelle Elle, Elle Smith. C'était le prénom que je m'étais choisi des années plus tôt et que j'aimais. Tu sais, je t'aime bien, tu es gentil. Tu es différent de beaucoup de gens qui vivent ici. Il avait posé sa main tout près de la mienne et je viens donc poser la mienne au-dessus de la sienne. Il avait redonné un peu de brillance et d'éclat à mon espoir. Je me demandais s'il pouvait me donner plus de détail et puis en même temps, j'en avais assez non? Je lui souris. Il faut que je paie maintenant, non? Combien ça coute? J'écoutais sa réponse puis hochai la tête. Je me levai en baissant un peu les yeux, j'osais pas trop le regarder. En fait, je travaille mais je ne suis pas payée. Et je n'ai donc pas d'argent... mais je paie les choses en nature, alors je t'offre mon corps à utiliser comme tu le voudras. Tout en parlant, je défaisais ma chemise et en ouvrait les pans une fois complètement déboutonnée.

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Pitoyable, j'avais l'impression de l'être un peu que je parlais de ma condition, du fait que je n'étais pas payé et du fait que je vivais en prison. Un léger soupir m'échappe encore une fois. Je suis capable de parler de ma situation mais je n'aime pas vraiment ça quand même. Je donne souvent l'impression de me plaindre de mon sort alors que ce n'est pas le cas. Certes, je n'aime pas ma situation, mais je suis en vie et j'ai la chance de pouvoir de temps à autre faire de belles choses et j'ai appris à m'en contenter... Quel autre choix j'aurais pu avoir? En parlant du bordel, je vis son visage et il me fit doucement sourire. Il était vraiment adorable et n'y avait jamais mis les pieds vu son étonnement. Ça me faisait plaisir, plus que tout en fait. J'aurais pu le supporter, mais c'était bien mieux comme ça. Et puis je ne voulais pas penser à ma vie comme elle était en ce moment, je ne voulais pas penser au bordel et aux clients, je voulais juste oublier tout cela pendant quelques minutes ou quelques heures et penser à tout autre chose... l'avenir, les possibilités, le bonheur? Pourquoi n'aurais-je pas le droit aux mêmes chances que les autres. Enfin, ce n'était pas vraiment le temps pour faire une introspection et faire un débat philosophique sur le monde et l'humanité. Je voyais bien qu'il était choqué et certainement gêné, mais il se reprit en regardant la table. Il me dit qu'il y a bien quelque chose que je dois aimer faire, que je pourrais faire pour le reste de ma vie. Je ne réponds pas vraiment, je n'ai jamais pensé à ce que je ferais une fois sortie de mon enfer, le seul but était d'en sortir, pour le reste je verrais bien au moment venu. Je souris lorsqu'il acquiesce en me disant qu'il est sensiblement différent des autres. Ça me plaît. Souvent, je n'aime pas trop les adultes que je rencontre.

Et puis, je passe au paiement en lui demandant combien la séance va coûter. Et puis, j'enchaîne rapidement sur le seul moyen de paiement que je connais et je me déshabille donc. Une fois ma chemise déboutonnée, j'en ouvre les pans. J'ai été très clair, je n'ai pas d'argent mais je lui offre mon corps à utiliser comme il le voudra. Souvent, ça me dérange. Mais cette fois-ci est un peu différente. J'aime bien Ezechiel et il a l'air vraiment gentil. Je relève les yeux quand j'entends la chaise tomber sur le sol et je me stoppe en le regardant étrangement. Ce n'est pas la peine... mais il faut bien que je paie, non? Je laisse retomber mes bras le long de mon corps, ma chemise est toujours ouverte, mais la nudité est pas vraiment quelque chose qui me gêne. Je vois ses yeux qui caressent ma peau nue, mais je ne pense pas qu'il voulait vraiment regarder. Il a l'air perdu. Il est gêné en fait, il ne s'attendait sûrement pas à ça. Il s'en fout que je paie ou pas, mais il me supplie de ne pas m'offrir à lui. Je fronce les sourcils, je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu'il m'offrirait quelque chose? J'ai appris à me méfier de tout ce qui était offert ou gratuit... ça implique toujours un retour à un moment donné. On a rien sans rien, c'est une maxime qui nous a été imbriquée dans le crâne. Il finit par baisser les yeux. Je n'ai rien dit encore, je suis trop empruntée, ça me perturbe un peu. Il veut savoir pourquoi je ne suis pas payée, si j'ai une dette si grande... Je hausse les épaules en ramenant les pans de ma chemise ensemble, mais je ne l'attache pas, pas encore. Une dette? Non, pas vraiment. Je suis juste leur propriété et en fait, on ne paie pas les objets. On les utilise tout simplement.

Des objets? Oui, c'est tout à fait ça en fait. Simplement, des objets vivants à qui on a offert un droit de sortie. On nous prend, nous parque, nous utilise et puis voilà, ça s'arrête là. Plus je pense à ma condition et plus je la trouve révoltante. Mais quelle importance? Ce n'est pas vraiment comme si on avait le choix. On brise chaque parcelle d'espoir dès sa naissance pour éviter toute vélléité de rébellion ou de désir de fuite. N'aie pas pitié de moi, s'il te plaît. C'est une vie que je n'ai pas choisi, que je n'aime pas, mais que j'ai accepté tout en rêvant à une autre vie. Je m'approche de lui et pose un baiser sur son front avant de me rasseoir sur la chaise en tenant toujours ma chemise. Les gens ont soit pitié de moi, soit veulent m'utiliser... s'il te plaît, continue à être différent. Je lui sourit doucement.

Codes par Wild Hunger.