L'histoire de ma famille commence il y a 360 ans, c'est là que mes parent se sont rencontrés au palais royal. Oh, ils ne sont ni princiers ou de hauts rang, mais ils y travaillent. Mon père est un garde royal, ma mère s'occuppe des jardins du palais et ils se sont rencontrés comme cela. Mon père lui a fait une cour pressant durant plusieurs années avant que ma mère ne cède enfin et qu'ils finissent par se marier. Il y a 250 ans, ma mère mit au monde son premier enfant, un petit garçon en pleine santé qu'ils appelèrent Hermès en référence au messager des dieux de la grèce antique. Ils furent tellement heureux. Et puis pour parfaire leur bonheur, ils voulurent un deuxième enfant. Et c'est donc il y a 180 ans que leur petite fille vit le jour, Ils l'appelèrent Iris, prénom mythologique également, elle était également une messagère des dieux. Cette petite fille, c'était moi. Je m'appelle Iris, et j'ai 180 ans.

J'ai été très chanceuse, nous avons eu une enfance merveilleuse entourée par l'amour sans faille d'une famille et l'amour collectif du clan des sirènes. Mon fère et moi, même si on s'est beaucoup bagarré à un moment donné, étions très proche. Je l'admirais, le respectais, voulais devenir comme lui. Et lui, il m'adorait, me couvait, me surprotégeait contre tout ce qui pouvait me faire du mal. Quand je me suis fait courtisé pour la première fois par un garçon... mon frère lui a fait subir un interrogatoire, l'a surveillé et l'a fait clairement fuir! Je lui en ai tellement voulu! Pendant plusieurs mois, j'ai été folle de rage contre lui, mais il n'y a personne qui puisse m'attendrir comme Hermès et je lui ai vite pardonné. Mes souvenirs avec lui, il y en a des millions, il était toute une partie de mon univers. Il me surveillait sans cesse, essayait de me protéger du monde et de moi-même. C'est quand je me souviens de ce genre de chose qu'il me manque tellement. Pourquoi est-ce qu'il me manque autant? Et bien quand j'avais 150 ans, mon frère est décédé de manière violente, abrupte et innatendue. Ils étaient une équipe de garçon à passer une journée sur la terre ferme, ils voulaient découvrir Neverland du côté de la terre. Ils connaissaient la mer comme leur poche mais c'était leur première grande sortir sur terre. Il y a eu un accident idiot et deux garçons sont décédés, mon frère et son meilleur ami. Ils se sont battus pour une histoire de filles d'après ce que les autres ont raconté et ils sont tous les deux tombés d'une falaise... mort sur le coup. Mais on se saura jamais vraiment ce qui s'est passé sur cette falaise. Les autres ont rapporté les corps. Ce fut l'enfer. Littéralement. Comment peut-on supporter de perdre la personne qu'on aime le plus au monde? Ma famille faillit se briser complètement durant ce deuil des plus difficiles. Comment des parents peuvent accepter d'enterrer leur enfant? C'est impossible. Il a fallu du temps pour retrouver des rires dans la maison de mes parents, il a fallu du temps pour qu'on puisse reparler d'Hermès sans larmes. Et encore maintenant, c'est parfait très difficile. Il y a des périodes où j'ai juste envie de me recroqueviller sur moi-même et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais il a fallu continuer à avancer, pas après pas, jour après jour. Mes parents ont réussi à tenir le coup, je crois que c'est principalement pour moi, ils ont failli se séparer mais sont finalement resté ensemble. J'étais leur dernier enfant, leure dernière raison de vivre. Petit à petit, j'ai réussi à retrouver le sourire, à penser à mon frère tendrement, à rire, à redevenir simplement moi-même en fait. Mais depuis cet événement, il y a comme une ombre dans mon coeur, je crois qu'une partie de moi est morte en même temps qu'Hermès.

Mes parents ont été un peu plus laxistes avec moi après cela, j'étais leur princesse, leur dernière raison de vivre. Du coup, je n'ai pas fait grand chose de ma vie jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Je me contentais de découvrir la mer et la terre en étant toujours prudente. Quand les adultes ont commencé à s'installer à Neverland, je suis sortie un peu plus de l'eau pour satisfaire ma curiosité. J'observais régulièrement les gens de Rivebois et particulièrement la taverne même si j'en restais un peu en retrait. Au fil du temps, j'entendis parler de l'homme qui tenait la taverne, les gens le trouvaient étranges. D'abord j'entendis dire qu'il avait perdu sa fille, mais j'ai fini par apprendre que c'était sa petite soeur qu'il avait perdu et cela me brisa le coeur. J'avais perdu un frère et je savais la douleur intense et irrémédiable que cela incluait. Ce jour-là, j'étais rentrée chez moi et j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps en pensant à  mon frère disparu. Malgré cela, je retournai régulièrement observer cet homme dont le chagrin me rappelait tellement le mien. J'aurais voulu pouvoir faire quelque chose pour lui. Dans le même temps, je trouvais enfin ce qui m'intéressait dans la vie et je devins assistante à la crèche pour m'occuper des enfants en bas-âge. C'était amusant et je m'étais rendue compte que j'adorais les enfants... Je pouvais laisser paraître mon côté innocent et joueur, inventer des jeux et des histoires pour les plus petits, leur offrir de la tendresse et de l'amour. Je retrouvais une part de ce que j'avais perdu à la mort de mon frère.

Et puis, un jour, je suis tombée devant un tableau aui a failli me faire fondre en larmes. C'était un homme seul, à genoux sur la plage qui pleurait toutes les larmes de son corps et hurlaient à qui voulait bien l'entendre. Ce fut ma première rencontreé réélle avec Esteban. Chacun de ses cris, chacune de ses larmes me rappelaient douloureusement ceux que j'avais poussé pour mon propre frère. Voir cet homme dans cet état de détresse m'arracha des larmes et je sortis lentement de l'eau pour le rejoindre. N'écoutant que mon instinct et une vague envie de protéger cet homme de cette tristesse si profonde et éternelle, je m'étais avancée lentement vers lui. Il n'avait levé les yeux que lorsque je fus agenouillée devant lui. J'ai passé mes mains dans ses cheveux et je l'ai pris doucement dans mes bras pour le bercer et dire quelques mots tendres. Il a fallu un long moment, mais je crois que ma présence l'a lentement calmé. Je l'ai gardé dans mes bras, le temps que ses larmes se tarissent, le plus souvent j'étais silencieuse, aucun mot n'était nécessaire entre nous. Je l'observai avec un léger sourire qui était à la fois tendre et très triste, triste parce que j'avais de l'empathie pour lui et triste parce que je pensais à mon frère disparu. Je lui promis de l'accompagner, de ne pas le laisser seul et je le fis. Je vins le voir tous les jours pendant des semaines. Et durant ces moments, je le tenais juste dans mes bras, je caressais doucement ses cheveux ou sa nuque. Je ne disais rien, parce que je savais qu'aucun mot ne peut apaiser ce genre de souffrance, seul le temps peut les rendre plus vivable. On n'oublie jamais, la douleur ne disparaît jamais complètement, mais on apprend à vivre avec, à sourire malgré elle, à être heureux en sa compagnie.

Nous sommes devenus à une vitesse effrayante très fusionnel... il me rappelait un peu mon frère et je crois que je lui rappelais un peu sa soeur. Mais je ne l'aime pas comme j'aimais Hermès. Ce sont des sentiments qui se ressemblent mais qui sont quand même différents, et pourtant de plein de côté Esteban et Hermès se ressemble. Et pourtant, ils sont différents quand même. On s'est tout raconté et je crois que j'ai réussi à ramener un peu de joie dans sa vie et lui a comblé un quelque chose qui était vide depuis la mort de mon frère. Il est devenu comme un frère pour moi, je l'aime d'un amour inconditionnel, un amour fraternel, il fait partie de ma famille, de ma vie. Je sais qu'il souhaite se venger du pirate qui a assassiné sa soeur et même de tous les pirates... j'essaie un peu de modérer sa haine, mais ce n'est pas facile... et à quelque part, je crois que sa haine et son désir de vengeance remplit la partie de son coeur qui est vide depuis la disparition de Raquel, ça lui tient chaud. Moi, j'essaie de mettre un peu de légereté dans sa vie, un peu de rire et de joie. Je crois que je me débrouille pas si mal... Je ferais tout pour lui. C'est un peu ma nouvelle famille. Je sais que mes parents s'inquiètent, ils trouvent que je passe bien trop de temps à la surface... mais je m'en fiche un peu, je ne crois pas que je pourrais vivre sans Esteban maintenant. Il m'est devenu nécessaire... Il a un côté agaçant par contre, il est aussi surprotecteur qu'Hermès. Je suis un souffle nouveau pour lui et il est pareil pour moi.