Et elle trouva sur place une petite fille de six ans pleurant. Juste assise devant le bateau. Le cœur de Selene ne put résister à l'appel de la petite. Elle avait surement dû être abandonnée s'était-elle dite, tout comme elle petite. Malgré les cris des parents au loin elle s'empara de la petite fille et l'emmena à bord du bateau. Démarrant alors une vie de marin avec la petite Lili-Rose. On découvre peu de temps après que celle qui se fait passer pour un marin, s'avère être finalement une femme du nom de Selene, on apprend par la suite qu'elle cache avec elle à bord une fillette de six ans depuis le début du voyage à l'intérieur de sa cabine. L'opportunité lui est alors laissée. Elle, la grande marine Selene Bloodsword, les hommes étant impressionnés par son caractère, son endurance et son ambition.

"Mère que ce passe t-il ?" Son sourire à ce moment me marqua et me marquera pour le restant de ma vie. Un sourire que je n'oublierais certainement pas. " C'est la rébellion ma fille!"

Mère avait pris le Léviathan.

Et nous voyageons, nous voguons à travers les mers, j'entends des cris de pirates sur le bateau mais, je ne peux bouger, tout d'un coup plus rien. J'ai l'impression que nous sommes près de l'ile du crâne. Ou nous sommes nous? Comment m'appellent-t-ils tous déjà ? Fauve je crois, je suis le fauve en cage. Nous avons tellement voyagé. Je ne sais plus quelle date nous sommes, quel âge ai-je ? Je ne te laisserai jamais partir disait-elle. Et elle criait, elle criait si fort. Mais pourquoi mère, pourquoi ce changement si brutal ? Et je ne pouvais que pleurer et rester assise enchainer à l'arrière du bateau dans ce noir complet, ce noir qui m'était au début si froid et si effrayant mais devenu avec le temps quelque chose de confortable et protecteur. J'ai chaud, j'ai toujours eu chaud. Certains membres de l'équipage enfreignent les règles et  viennent m'apporter de temps en temps leurs restes, des morceaux de pain ou l'eau du chien. Et puis je me concentre et cette douce mélodie revient et tu sens tes yeux se mouiller sans savoir pourquoi, et tu n'as plus besoin de mots. La musique silencieuse et paisible de l'océan. L'apaisement le plus complet. Je sais que mère a abimé mon corps, je ne vois rien dans le noir, je sais seulement que lorsque je passe ma main sur mes jambes et mes bras tout semble sec et irritée, rien ne semble lisse et doux, les bleus sur mes jambes, les plaies, les coups de fouet y sont surement pour quelque chose. Je sais que mère à changer depuis la rébellion, j'en suis consciente. Son regard, c'était comme-ci je n'étais plus rien pour elle.

"mettez-moi cette gamine en cage. Elle ne n'est plus d'aucune utilité."On me prit de force, je m'entends encore crier "mère, mère! je vous en supplie pas la cage, pas la cage!" les larmes aux yeux, la rage au vent. Je revenais au point de départ, Cachée, enfermée.

"Lili-Rose, tu dois rester cacher, le capitaine ne doit pas te voir d'accord ? Tient prend cette couverture, je t'apporterais quelque chose à manger ce soir. Et surtout ne fais pas de bruit. Tu verras un jour, maman prendra le contrôle de tout, nous aurons une vie meilleure mais, pour l'instant pas un bruit."

On me dit captif d'une geôlière barbare et sanguinaire qui a su faire rébellion sur le leviathan depuis ma plus tendre enfance. Certains se demandent même comment une prisonnière comme moi a pu faire pour avoir de l'empathie envers son geôlier. "enfin voyons ce n'est pas sa mère, comment une petite fille de six ans peut-elle avoir "oublié" ses propres parents ? On parle même de syndrome de Stockholm lorsque l'on me voit, on dit que je suis malade, que le capitaine m'aurait lavé le cerveau. J'écoute souvent les conversations de là où je suis dans ce petit endroit misérable qu'est la cave aux prisonniers. Oh, il s'avère que les prisonniers au pluriel s'avèrent n'être qu'une seule personne. Moi. Les murs sont étroits, la chaine est lourde, très lourde, les murs sont en revanche étroits mais fins, très fins, j'y ai appris à y glisser mon oreille et à écouter. Le mur est devenu comme une personne pour moi, je l'écoute et il me parle. Certains pirates me confiaient leurs secrets sans le savoir, d'autres disaient du mal du capitaine sans se douter une seule seconde que j'épiais leurs conversations. J'ai fini par "comprendre" grâce à l'écoute de ces conversations que j'étais prisonnière. Prisonnière ? Mais qu'est-ce qu'une prisonnière ? Je ne suis pas prisonnière. Depuis la rébellion sur le navire le capitaine ne venait pas souvent me voir, il se passait parfois des mois sans qu'elle puisse venir à la cave, elle me manquait certes, mais je n'étais pas prisonnière. J'étais sa fille. Je suis sa fille. C'est mère qui m'a élevée. J'appréciais sa compagnie, j'étais logé, nourrie, elle m'avait tout appris, comment en vouloir à ma propre Mère ? Celle qui m'a donné la vie. Elle s'est occupée de moi bien avant la rébellion, me nourrissant, elle me racontant de petites histoires le soir avant d'aller me coucher, m'habillant, m'apprenant à manier une arme. Ma mère n'avait rien fait de mal. J'avais appris à vivre ainsi. Je ne suis pas un pirate née, seulement par défaut, mais je sais tout d'eux, j'ai tout entendu. Le bruit des épées, les bruits des pas, les langages codés, les cachettes des trésors, les cartes. "Libérer le fauve en cage."