Je suis rassurée, la seule et unique blessure qu'il semble avoir n'est qu'une petite entaille sur sa joue. Je soupire intérieurement de soulagement. J'ai du mal à le reconnaître, mais je suis heureuse de voir qu'il n'ait rien de sérieux. Mes yeux embrumés croisent son regard tendre, il a l'air également d'être content de me voir. "Ca te va pas, de t'inquiéter…" Je l'imite en affichant un sourire en coin. Je remarque que sa lueur a baissée, tout comme la mienne. Je dois avoir une mine affreuse en plus de ça. "C'est pour ça que j'évite tant que je le peux !" Je le fixe de mon air à demi-sérieux. Je ne sais pas comment réagir dans une telle situation et encore moins avec lui. Ses regards me déstabilisent, alors je baisse les yeux. "Remarque, tu n'as pas meilleure mine..." Mes mains tremblent légèrement, je n'ai pas encore réussi à me calmer, la situation est tellement dramatique qu'il me faudra surement plusieurs jours.

Il le remarque. Il voit l'état dans lequel je me trouve, les larmes qui envahissent mes yeux, les battements rapides de mon cœur, les tremblements. Il a comprit, j'en ai horreur. Sa main se rapproche de la mienne, je ne suis pas certaine de comprendre ce qu'il attend de moi. Ou alors, j'ai peur de le comprendre. Mes pupilles s'écarquillent, alors qu'il me tire vers lui dans une étreinte gênée et froide. Lui comme moi ne savons pas comment réagir. Délicatement, je pose ma tête contre son épaule et étrangement, cela me fait du bien. Je crois que j'ai besoin de sentir que je soutenue dans ce moment si pénible. "On s'en sortira." Je l'espère moi aussi. Je relève ma caboche, honteuse. Comme si un rapprochement nous était interdit.

Je croise à nouveau son regard et soupire, il faut que je lui explique ce qu'il s'est passé. Il faut que j'arrive à calmer mon esprit pour avoir à nouveau les idées claires et pouvoir lui raconter. Je lève les yeux, espérant trouver de l'aide. Puis mes prunelles se baissent sur lui. "Lu', c'est Peter..." Un sanglot traverse ma gorge, je ne suis pas certaine de pouvoir continuer, mais si je m'arrête là il ne pourra rien comprendre. "Il a été gravement blessé." Une larme roule le long de ma joue, je ne me contrôle plus. Je voudrais fuir pour qu'il ne me voit pas dans cet état, mais je n'en ai pas le courage. J'essaye de continuer dans ma lancée, essuyant brièvement mon visage. "C'était censé être un jour de paix... Et tout à tourné à la catastrophe. C'est horrible." Une seconde larme se glisse sur mon nez. Je revois le couteau se glisser dans le ventre de Peter. Je me souviens du sang qui jaillit de ses habits de fête, des gouttes qui tombent sur le sol et de sa disparition soudaine. Comment avait-on pu faire subir ça à un enfant ? J'enfouis mon visage dans mes mains, mes pleurs se font plus violents. Un silence s'installe pendant quelque secondes. Secondes qui me paraissent durer une éternité. Je parviens enfin à me calmer et tente de sécher mes larmes du mieux possible, avant de poser à nouveau mes yeux sur lui.

La situation est terrible. Je ne peux m'exprimer calmement et tout ce qu'il attend ce sont les détails insoutenables de la catastrophe qui vient se produire. Je sèche mes larmes, tentant de respirer plus calmement et d'ainsi faire à nouveau ralentir les battements de mon minuscule cœur.  Les yeux de Luciole implorent des explications, mais je suis pour le moment incapable de lui en fournir, trop d'images se bousculent dans mon esprit et surtout, les larmes que je sens monter dans le fond de ma gorge me forcent à rester muette.  

« - Ils vont nous détruire si on fait rien… Ils vont tuer Neverland et nous avec ! Les enfants, les indiens, l’île ! » Il a raison et c'est surement ça le pire. Neverland avait bien faillit être détruit aujourd'hui et si ça continuait ainsi, l'île ne tarderait pas à disparaître. Il faut arrêter tout cela, mais de simples petites fées ne peuvent pas faire grand chose contre ces adultes monstrueux. « S’ils partent pas d’eux même, moi je le ferais ! » Je regarde Luciole, plus énervé que jamais, et me demande bien ce qu'il compte faire. Il ne tarde pas à quitter la branche où nous nous étions posés pour s'envoler. Je l'observe et décide immédiatement de le suivre, mes sanglots sont à présent complètement terminés, je m'inquiète trop de son sort pour continuer à chouiner. « Qu'est ce que tu comptes faire ? » Je suis trop éloignée pour qu'il m'entende, alors je bats des ailes le plus rapidement possible. Voyant qu'il ne s'arrête pas, je décide de me faire entendre. « ATTENDS ! » Avec ce qu'il me reste de force, je décide d’accélérer afin d'arriver à sa hauteur. « Tu ne sais même pas ce qu'il s'est passé. » Je prends une énorme inspiration et décide de tout lui raconter d'une traite avant que la tristesse ne me gagne à nouveau. « Nous devions danser avec le premier dont nous croisions le regard. Le Capitaine Miller est tombé sur Peter et il l'a poignardé. Le sang coulait de sa blessure, Pan était affolé, tout comme la foule et soudain, il a disparu. C'est là que la tempête a débarquée. » Les fées peuvent être particulièrement loquaces quand elles s'y mettent et rien n'aurait pu arrêter ma tirade. Une fois terminée, je plante mon regard dans celui de mon futur époux et reprends ma respiration.

De nombreuses questions se bousculent dans ma tête et il doit en être de même pour lui. J'ai peur qu'il ne fasse quelque chose de ridicule, bien que je le cache sans arrêt, je m'inquiète énormément pour lui. « Tu ne peux rien faire Lu'. Les fées ont plus besoin de toi ici que blessé à l'extérieur.» Je le fixe, espérant recevoir enfin une réaction positive de sa part. Je repousse les mèches plantées devant mon visage tout en gardant un air sérieux placardé sur mon visage