damn the old memories

Lily ∞ Perséphone

Il y avait des choses dont Perséphone n’était pas fière. Des choses qu’elle aurait préféré ne jamais dire, ou ne jamais faire. Des choses qui faisaient qu’elle s’était sentie obligée de partir, de simplement quitter l’Arbre des Fées avant que quelqu’un ne prenne la décision de l’en bannir. C’était mieux pour tout le monde ; elle n’avait plus le sentiment d’avoir sa place parmi toutes ces fées qui s’évertuaient à protéger les enfants. Pas alors qu’elle, elle s’évertuait à protéger un adulte. Si seulement cet adulte n’avait pas été celui qu’il était… Peut-être que les choses se seraient passées différemment. Peut-être qu’elle n’aurait pas perdu certains précieux amis. Peut-être qu’elle n’aurait pas l’air si triste, si profondément triste. C’était plus que certain ; quelque chose s’était brisé chez Perséphone. Peut-être qu’elle-même était devenue adulte, d’une certaine façon. Elle avait entendu que les adultes étaient incapables d’avoir des pensées heureuses, que c’était exactement pour cette raison qu’ils ne pouvaient plus voler… Et elle avait l’impression d’être comme eux. Elle avait l’impression que, quoi qu’il arrive, elle ne pourrait plus jamais être tout à fait heureuse. Les seuls moments où c’était le cas, c’était lorsqu’elle se trouvait prêt de Jesse. Lorsqu’elle avait l’impression de n’être qu’elle. Aujourd’hui, elle avait simplement l’impression d’être une inconnue pour sa propre personne. Elle avait pris des décisions qui l’avaient poussée à renier quelques uns de ses principes. C’était difficile de se voir changer ; Perséphone s’en rendait compte presque violemment. C’était difficile de devoir assumer des erreurs, surtout celles des autres. Et de passer pour une traitre. Elle le savait, ce n’était pas un secret. Tinkerbell lui en voulait. Lily lui en voulait. Ses parents lui en voulaient. Et même Luciole, même son propre frère à qui elle aurait confié sa vie sans hésiter, sur lequel elle avait tellement pu compter… Même lui, lui en voulait. C’était dur.

Pour Jesse, elle avait perdu des gens qu’elle aimait du plus profond de son âme. Parce que son amour pour le pirate était plus grand, plus fort encore. C’était effrayant. Sa vie avait changée grâce à lui, à cause de lui… Mais surtout pour lui. Elle vivait pour lui. Non, la petite fée si joyeuse n’allait pas bien. Chaque souffle qu’elle devait prendre lui faisait presque mal, et parfois, lorsque la tristesse était à son paroxysme, elle se demandait pourquoi elle vivait encore. Elle aurait presque perdu espoir, si elle n’avait pas été si idéaliste. Elle aurait presque perdu toute sa magie, sans cet espoir qui faisait comme parti d’elle. Pourtant, parfois, il lui arrivait de ne plus retrouver ce sentiment. De vouloir simplement baisser les bras, et rejoindre les fées qui ne croyaient plus tout en bras de l’Arbre. Elle imaginait qu’elle pourrait peut-être faire sa vie avec ces fées-là. Qu’elle pourrait vivre simplement, sans avoir le cœur serré à chaque seconde. Mais elle savait, au plus profond d’elle-même, que ce n’était pas une vie faite pour elle. Qu’elle devait assumer. Qu’elle devait rattraper les erreurs de Jesse, et le faire devenir quelqu’un de bien. Quelqu’un d’aussi beau pour le reste du monde, qu’il l’était pour elle. C’était pour ça qu’elle se battait ; et elle le gardait en tête pour ne pas totalement lâcher prise. Jesse avait besoin d’elle, il avait besoin qu’elle croit pour eux, qu’elle garde espoir pour eux. Il lui avait offert son amour, elle n’avait pas le droit de simplement oublier ça. Si elle était la faiblesse du pirate, ce dernier était, lui, la plus grande force de la fée. C’était bête. Elle le savait ; parce qu’il était le responsable de cette situation. En grande partie. Mais s’il n’avait pas été là, elle aurait simplement cessé de croire.

Elle avait élu domicile dans un endroit qui avait eu la chance d’être préservé de la grande tempête. Un endroit où elle arrivait à se sentir chez elle. C’était rare, ce genre d’endroits, maintenant. Mais là, elle se sentait chez elle. Loin de tout, loin des autres. Mais un bruit, un simple bruit, parvint à casser ce calme si salvateur. Une branche qui craque, le bruit d’un corps qui se déplace… Perséphone se cacha, jusqu’à apercevoir la silhouette de Lily. Sa Lily. Son amie. Une de celle qu’elle avait laissée derrière elle. Sa gorge se serra, alors qu’elle voyait maintenant clairement les cheveux bruns de la Princesse Indienne. Pendant une brève seconde, Perséphone se dit qu’il valait mieux qu’elle ne fasse pas de bruit. Qu’elle laisse juste Lily traverser la forêt. Même si elle avait envie de rire avec elle, comme avant. Elle savait que c’était impossible. Que désormais, trop de choses les séparaient l’une de l’autre. Pourtant, elle déplia ses ailes et alla à la rencontre de la Princesse. « Bonjour, Lily. » lâcha-t-elle doucement. Elle voulu ajouter autre chose, mais rien. Aucun son. Aucune pensée. Rien ne la percuta. Et la fée d’ordinaire si bavarde ne fut capable que de garder le silence… Celui-là même des relations brisées.