Aujourd’hui, Cassie était en colère. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment elle en était venue à ressentir un sentiment aussi noir, mais soit. Aux premières lueurs du jour, elle avait ouvert les yeux une énième fois sur le toit de la cabane des filles, en soupirant d’exaspération. Peut-être que les étoiles lui avaient murmuré de mauvaises choses, durant la nuit. Elles ne sont pas mauvaises, non. Mais comme les fées, les étoiles ne peuvent ressentir qu’une seule émotion à la fois. Cassiopée en était convaincue.
Elle se traîna hors de son lit, qu’elle ne prit pas soin de refaire, contrairement à son habitude. Cette fois, elle laissa les couvertures défaites et descendit de la cabane. En saluant vaguement les enfants perdus qu’elle croisa, elle s’enfonça dans la forêt pour se calmer un peu. Quelque chose l’énervait profondément, certes, mais il était hors de question que les autres en payent le prix. Les poussières de souvenirs à l’intérieur de son crâne s’agitèrent légèrement et Cassiopée sembla se rappeler d’une scène ou d’un sentiment familier. Mais tout s’effaça bien vite.
Sur le chemin, elle ramassa un petit bâton qu’elle glissa dans ses cheveux pour faire tenir son chignon défait. Les mèches dans les yeux la dérangeaient encore plus quand sa bonne humeur n’était pas au rendez-vous. Une petite brise matinale caressait son visage et secouait les arbres.
Ce sont les chuchotements de la nature, pensa-t-elle.
Leurs murmures flottent dans l’air. Cassiopée se demandait souvent ce que les fougères, les feuilles, les racines ou la terre pouvait bien raconter. Le vent était leur messager.
Mère n’aurait pas aimé voir sa fille marcher pieds nus, les vêtements un peu sales et abîmés, en se posant des questions qui n’était aucunement appropriées pour une jeune personne censée être bien éduquée. Seulement, Cassiopée ne se rappelait pas de sa mère. Le concept d’une mère était lui-même devenu flou. Wendy était celle que l’on appelait « maman » au camp. Et Cassie se contentait d’une Wendy.
Les feuilles craquelaient sous les pieds légers de la jeune perdue quand une corde se resserra sur sa cheville et la tira brusquement vers le haut. Cassiopée lâcha un hurlement de surprise et ferma les yeux. Après, un moment de silence, elle rouvrit le gauche, puis le droit et constata qu’elle était bel et bien suspendue la tête en bas, au-dessus du vide. Le sang commençait à lui monter au cerveau.
Quelle humiliation. « Ce n’est pas très gentil, monsieur l’arbre, d’attraper les gens de cette façon. » Cassie croisa les bras et tenta de réfléchir à une solution.
Secoue-toi. Cassie s’agita dans tous les sens avec l’espoir que la corde se brise.
Appel à l’aide ! « Il y a quelqu’un ? » hurla-t-elle. Ce piège était sûrement l’œuvre d’un indien. Pitié, qu’il ne tarde pas à venir vérifier celui-ci.
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