Everything is changing

Asha était assise sur un rocher perdu quelque part au milieu de la forêt. Son arc était posé sur ses genoux et elle le fixait, immobile depuis plusieurs minutes, perdue dans ses pensées. La jolie brune réfléchissait à ce qui se passait ces temps-ci. Bien sûr, elle ne savait pas tout. Sa mère avait la fâcheuse habitude de s'arranger pour qu'elle reste dans l'ignorance, mais ce n'était pas ce qu'Asha désirait. Si la guerre éclatait, elle voulait se battre au côté de son peuple. Pour protéger les enfants perdus et le monde dans lequel elle avait grandi des adultes. C'était d'ailleurs la principale raison qui l'avait poussé à rejoindre les soldats de sa tribu, elle qui n'était pas particulièrement portée sur la violence.

Asha se redressa d'un bon et siffla un bon coup. Moins d'une petite minute plus tard, Ama, son adorable petite biche vint la rejoindre dans cette simili clairière. L'indienne déposa son arc au sol sans réfléchir au fait qu'il pourrait y avoir des ennemis dans les parages. Une fois déchargée de l'arme et des flèches qui allaient avec, Asha, ou Honey pour les intimes, s'approcha de sa biche adorée et lui caressa doucement le museau.

-Toi, tu en pense quoi de tout ça? demanda-t-elle à l'animal.

Elle savait qu'Ama ne pourrait lui répondre, en tout cas, pas avec des mots, mais parfois ça l'aidait de faire semblant de discuter avec elle. Comme ça, la brunette avait l'impression de se confier à quelqu'un qui pense exactement comme elle.

-Toi aussi tu crois qu'ils n'ont aucun droit d'être ici, n'est-ce pas?

Asha soupira avant de se laisser tomber au sol. Dès que ses fesses touchèrent l'herbe, Ama se coucha près de cette humaine qu'elle aimait tant. La biche posa même son museau sur les genoux de la jeune indienne, réclamant des caresses, ce qui arracha un bref éclat de rire à cette dernière.

White Crow & Asha Honey

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Crow avait taillé des flèches et des silex toute la matinée, juste au cas où ils devraient attaquer les adultes. On n'avait jamais assez de munition. Sait-on jamais... Il avait ensuite aidé sa mère un moment. Elle semblait fatiguée ces derniers temps et il espérait lui rendre le quotidien un peu moins dur. Il ne voulait pas qu'elle se tue à la tâche. Il avait déjà perdu son père il y a de nombreuses années, il tenait à garder au moins un membre de sa famille en vie.
Lorsqu'il avait finalement terminé le travail qu'il s'était lui même attribué il s'octroya un moment de détente, mais chasser le naturel et il revient au galop! Il avait finalement prit son arc et son carquois sur son dos et s'était rendu en forêt. Il ne comptait pas vraiment chasser ou traquer des adultes mais un peu se détendre, du moins c'est ce qu'il disait. Il n'éloignait pas la possibilité de devoir sortir son arc et tirer, cela lui aurait sans doute même fait plaisir. Il n'était pas pro-violence mais c'était comme ça qu'il avait été élevé et il ne connaissait pas vraiment d'autre chose. Pour lui, être un guerrier indien relevait plus de l'art de vivre que d'une quelconque fonction. Oui voila, c'était un art pour lui. Il ne suffisait pas de sortir un arc, de viser et de tirer une flèche. Ca allait bien plus loin que ça.

Crow se promenait en forêt lorsqu'il entendit un petit rire qu'il connaissait assez bien. Il se dirigea vers la source du bruit et trouva Asha Honey, un soldat du camp indien et une biche, celle qui avait l'habitude de l'accompagner. Il s'avança alors vers elles, prenant garde de ne pas faire trop de mouvement brusque pour ne pas effrayer la bête.

- Encore entrain de parler à cette biche ?

Il esquissa un sourire à l'intention de son amie.

CODAGE DE © MRS HYDE

Everything is changing

J'entendis des pas, mais décidai de ne pas réagir. J'avais plus ou moins une chance sur deux qu'il ne s'agisse pas d'un ennemi et au pire, je savais me défendre dans les pires situations. Tant que les ennemis n'étaient pas trois fois supérieurs à moi, ça allait. Je ne m'inquiétais donc pas du tout, mais je dus forcée de me retourner lorsque j'entendis une voix que je reconnus aussitôt.

-Crow! M'exclamai-je en me levant pour aller l'enlacer.

Je ne l'avais pas vu depuis au moins deux jours, ce qui était pour moi une éternité! Généralement, je croisais tout le monde au village à tous les jours sans exceptions, mais je n'avais pas vu mon ami depuis le dernier levé du soleil. Bon, il ne fallait pas oublier que j'avais passé la nuit complète à la belle étoile et que je n'étais pas allée au camp depuis de nombreuses heures, mais quand même.

-Oui, je parle encore à cette biche, mais il se trouve qu'elle est plus compréhensive que certaines personnes, dis-je en rigolant.

Sachant que je parlais d'elle, Ama se leva et vint bouger ma main avec son museau, ce qui m'empêcha de continuer. Je la caressai brièvement pour la rassurer avant de reprendre:

-Il s'est passé quelque chose hier? Oh et ça va bien? demandai-je en lui adressant un magnifique sourire.

White Crow & Asha Honey

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Asha l'appela par son surnom, Crow, avant de l'enlacer. Il esquissa un sourire. Il ne l'avait pas vu depuis un moment et il était content de la retrouver. Il l'appréciait vraiment beaucoup, c'était un élément important du camp des indiens et elle avait ce petit quelque chose qui lui permettait de se démarquer.

Oui, je parle encore à cette biche, mais il se trouve qu'elle est plus compréhensive que certaines personnes.

Crow ne comprenait que trop bien ce sentiment. Il était souvent accompagné du corbeau blanc de sa légende et il s'avérait qu'ils s'entendaient bien tout les deux. Il n'était certes pas du genre à lui parler souvent et leurs communications passaient essentiellement par le regard et les gestes mais ils se comprenaient à merveille l'un l'autre.

- Il s'est passé quelque chose hier ? Oh et ça va bien ?

Crow secoua négativement la tête pour la première question.

- Pas grand chose. On a patrouillé aux alentours et surveillé de loin les adultes pour en apprendre un peu plus sur eux. Sinon ça va. Je n'ai pas dormis depuis deux jours mais tout va bien. Et toi ? On ne t'a pas vu au camp ces derniers temps. Rien de grave j'espère.

Il l'observa, comme s'il l'inspectait pour vérifier rapidement si elle n'avait aucune blessure. Il semblait que non. Tant mieux! Il ne voulait pas risquer d'avoir des soldats blessés dans les rangs des indiens. Il tenait à ce que tous soient en bonne santé et prêt à attaquer au moment venu. Pour le moment ça semblait assez calme. Les indiens étaient encore en phase d'observation et d'analyse des adultes, aussi bien des gens du cirque que des pirates car il ne fallait pas oublier ces derniers. Certes quelques enfants perdus tentaient parfois d'aider les indiens mais souvent, du moins c'était l'avis de Crow, ils n'étaient d'aucune utilité bien au contraire. Pas assez expérimenté et surement pas assez discret ils se faisaient repérer ou étaient à deux doigts de se faire repérer lorsqu'un indien les aidait de justesse. Comme si le combat était un jeu...

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Asha fut rassurée d'apprendre qu'il ne s'était rien passé de grave pendant son absence. Elle s'en serait voulue à mort si elle avait su ça et qu'elle n'aurait rien pu faire pour aider son peuple. Il n'y avait rien que la jeune indienne détestait plus que se sentir inutile. D'ailleurs, ce trait de sa personnalité l'avait aussi influencée lorsqu'elle avait rejoins les guerriers. Au début, elle avait longtemps hésité, mais à force de penser à tout ce qu'elle aimait, elle avait fini par céder et puis, elle avait eu le meilleur entraîneur!

Elle réfléchit quelques secondes à la raison qui l'avait poussé à s'isoler et elle n'en trouva pas. Elle n'avait même pas eu envie d'être seule. Asha aimait trop les gens pour ça. Elle adorait parler de tout et de rien avec n'importe qui. Sauf pour les pirates et les gens du cirque, bien sûr. Elle ne les détestait pas, mais ne les appréciaient pas non plus!

-Non, il ne m'est rien arrivé, dit-elle en lui adressant un petit sourire rassurant. En fait, je crois que j'avais juste envie de prendre l'air!

Les indiens vivaient au grand air donc techniquement, de l'air, elle en avait en quantité suffisante, mais c'était une façon de parler.

-Pourquoi tu ne dors pas? demanda la brunette, inquiète pour son ami. S'il y a quelque chose qui te tracasse, tu peux m'en parler. Enfin, je suis certaine que quelque chose te tracasse avec cette possibilité de guerre qui nous menace...

White Crow & Asha Honey

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- Non, il ne m'est rien arrivé. En fait, je crois que j'avais juste envie de prendre l'air!

En d'autres termes elle avait eut envie de s'éloigner un peu du camp pour s'isoler. Ils avaient tous besoin de petits moments pour eux, Crow n'en faisait d'ailleurs pas exception. Même si les indiens avaient tout l'espace qu'ils désiraient, rester les uns sur les autres au camp pouvait parfois être épuisant. Ce n'était pas juste pour la chasse que les indiens étaient réputés pour connaître tous les coins et recoins de l'île.

- Pourquoi tu ne dors pas? S'il y a quelque chose qui te tracasse, tu peux m'en parler. Enfin, je suis certaine que quelque chose te tracasse avec cette possibilité de guerre qui nous menace...

Crow esquissa un petit sourire et la rassura.

- Ce n'est pas à cause de ce genre de chose que je ne dors pas. J'ai pas mal de travail à faire ces derniers temps. J'ai veillé aux alentours du camp la nuit dernière. Mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas besoin de beaucoup d'heure de sommeil.

C'est vrai que la perspective d'une guerre imminente n'était pas tellement rassurante mais il n'avait pas peur, enfin on ne pouvait pas réellement appeler ça de la peur. Certes il craignait pour les indiens du camp mais pas pour lui. Mourir au combat n'était pas quelque chose qui lui faisait peur, il espérait d'ailleurs mourir de cette façon la, mais le plus tard possible serait le mieux. Il devait encore protéger le camp. Le fait qu'il ne ressente pas de peur au combat devait sans doute jouer dans le fait qu'il était le meilleur guerrier. Il ne se mettait pas non plus inutilement en danger, il n'était pas stupide au point d'aller chercher la mort par lui même.

- Est-ce que le combat te fait peur ?

Il pouvait comprendre que les autres guerriers aient peur. Il en avait rassuré certains, du moins leur avait fait accepter leur peur et en faire une force plutôt qu'une faiblesse.

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Asha oubliait souvent à quel point Crow était fait fort. Dans sa tête, elle le voyait toujours comme le gamin qu'il était il y a une centaine d'années, celui qui voulait un jour être un guerrier aussi talentueux que son père. Sauf que depuis, le temps s'était écoulé, nos deux pères étaient décédés et il avait grandi. Il avait énormément grandi. Ses muscles étaient beaucoup plus développés, il chassait aussi bien que son père, peut-être même mieux et il s'était grandement endurci.

-Je comprends, maintenant on est encore plus débordé qu'en temps normal. N'empêche, tu ne devrais pas t'empêcher de dormir pour autant. Tu n'as peut-être pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil, mais à force de cumuler des nuits courtes, tu finiras par dormir debout!

Ces temps-ci, j'avais l'impression de ne plus penser assez souvent à mon père, ce qui me faisait sentir coupable. Pour moi, ne plus penser à lui, c'était un peu comme de l'oublier et je ne voulais surtout pas que ça arrive. Mon père avait occupé une place très importante dans ma vie et j'avais peur que son souvenir s'estompe avec le temps. C'était pourquoi tous les jours en me réveillant j'essayais de me remémorer certains moments passés auprès de lui, mais depuis l'arrivée du cirque, je ne pratiquais plus cet exercice quotidiennement.

-Non, je n'ai pas vraiment peur du combat en tant que tel. Je sais que s'il m'arrive quelque chose mon père sera là pour me prendre dans ses bras et me rassurer. J'ai plutôt peur que cette guerre cause de gros problèmes à Neverland. J'ai l'impression que notre monde disparaîtra si les hommes l'emporte et c'est ce qui m'effraie le plus.

White Crow & Asha Honey

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- Je comprends, maintenant on est encore plus débordé qu'en temps normal. N'empêche, tu ne devrais pas t'empêcher de dormir pour autant. Tu n'as peut-être pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil, mais à force de cumuler des nuits courtes, tu finiras par dormir debout!

Il lui était reconnaissant de s'inquiéter pour lui mais elle ne devait avoir aucune inquiétude à ce sujet la. Crow avait une bonne constitution contrairement à l'époque de sa plus tendre enfance, avant qu'il ne devienne le corbeau blanc. De plus il avait déjà vécut plusieurs nuits blanches d'affilée par le passer sans ressentir beaucoup de fatigue. Louper une nuit n'était donc pas grand chose pour lui. Il faisait aussi attention à ça. Il voulait être prêt à combattre en cas d'attaque et il savait qu'il devait donc se reposer par moment. Ce soir d'ailleurs il avait veillé à ne pas être de garde pour pouvoir profiter d'une nuit tranquille. La nuit dernière avait juste été son tour. Certes il aurait du se reposer juste avant et juste après mais il avait du mal à rester inactif la journée. Il n'arrivait à dormir que lorsque l'île était plongée dans le noir.

- Non, je n'ai pas vraiment peur du combat en tant que tel. Je sais que s'il m'arrive quelque chose mon père sera là pour me prendre dans ses bras et me rassurer. J'ai plutôt peur que cette guerre cause de gros problèmes à Neverland. J'ai l'impression que notre monde disparaîtra si les hommes l'emporte et c'est ce qui m'effraie le plus.

Crow finit par s'asseoir près d'elle, laissant tout de même une certaine distance entre lui et la biche. Il ne voulait pas effrayer l'animal. Après tout il portait des armes sur lui. Le corbeau blanc de sa légende vint s'installer sur une branche non loin de lui.

- J'ai l'impression que tu vois les choses à plus long terme que moi. On fera tout pour les empêcher de nuire à l'île, je donnerais même ma vie pour ça. Mais si par malheur ils parvenaient à la détruire il faudra un petit temps avant que ce monde ne disparaisse. On aura peut-être alors le temps de trouver une solution pour partir et trouver un nouvel endroit où vivre.

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Un nouvel endroit pour vivre. Au moins, il était rassurant de savoir que des gens auraient la chance de survivre même si une guerre éclatait et menait à la destruction de notre monde, mais quand même... Neverland, c'était l'endroit où Asha avait grandi, l'endroit où vivaient tout les gens qui lui tenaient à coeur et l'endroit où elle comptait vivre sa vie jusqu'à ce que la mort l'emporte dans plusieurs centaines d'années.

-Je ne veux pas que tu donnes ta vie pour rien. Si tu meurs à cause d'une guerre, ta mort serait vaine et, surtout, de nombreuses personnes seraient triste de te voir partir, affirma Asha en posant son dos contre le corps de la biche qui était étendue derrière elle.

La vie en tant que telle était tellement fragile et c'était ce qui la rendait si belle, ce qui donnait envie de la préserver, d'en prendre soin, seulement, dans une guerre, il n'y avait rien de beau... À ce moment, Asha prit la résolution de faire tout ce qui était en son possible pour l'éviter et, si jamais elle éclatait, elle prendrait les armes aux côtés de son peuple, mais pas pour se battre contre les hommes du cirque. Si elle prenait les armes, ce serait seulement pour se défendre si une menace se faisait sentir ou pour aider au mieux ceux à qui elle tenait. Aussi, elle traînerait le matériel nécessaire pour soigner les blesser s'il y en avait. Elle ne laisserait personne mourir sans avoir rien essayer pour eux.

-Tu m'en voudrais si je soignais nos ennemis pendant la guerre? Si celle-ci a lieu, bien sûr. En ce moment, rien n'est prévisible et c'est un peu inquiétant... Bref, tout ça pour dire que finalement je n'ai pas envie de me battre contre eux, mais plutôt pour ma famille et que je ne voudrais pas qu'ils soient blessés. J'ai rencontré plusieurs personnes ces derniers temps et je dois t'avouer que certaines rencontres m'ont amené à réfléchir et j'en suis venue à la conclusion que je ne voulais pas imposer de souffrances inutiles.

White Crow & Asha Honey

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- Je ne veux pas que tu donnes ta vie pour rien. Si tu meurs à cause d'une guerre, ta mort serait vaine et, surtout, de nombreuses personnes seraient triste de te voir partir.[/b]

Pour lui, mourir au combat était loin de "donner sa vie pour rien". C'était d'ailleurs son but ultime. Biensur il préférerait que toute guerre s'arrête et qu'il puisse mourir tranquillement, en temps de paix en sachant qu'il n'y aurait pas de guerre ensuite mais c'était sans doute utopique.
L'indien observa les alentours. L'île était superbe. Il n'avait pas envie de quitter cet endroit, pour rien au monde, mais si la survie des indiens en dépendait il n'hésiterait pas. Il ne connaissait rien hormis le combat et sa tribu. C'était les deux choses pour lesquelles il vivait. Il n'avait jamais éprouvé d'autre amour que celui du combat et celui envers son peuple. Certains trouvaient ça triste, lui s'en contentait grandement. Ce n'était pas qu'il ne trouvait pas les filles de son peuple hideuses, loin de la. Il estimait juste qu'il n'était pas encore temps pour lui de s'adonner aux sentiments. Il préférait assurer la sureté du camp. Plus tard il savait qu'il se marierait et qu'il aurait des enfants. Peut-être même finirait-il par aimer la femme qui lui aurait été désignée. Il en était même persuadé.

- Tu m'en voudrais si je soignais nos ennemis pendant la guerre? Si celle-ci a lieu, bien sûr. En ce moment, rien n'est prévisible et c'est un peu inquiétant... Bref, tout ça pour dire que finalement je n'ai pas envie de me battre contre eux, mais plutôt pour ma famille et que je ne voudrais pas qu'ils soient blessés. J'ai rencontré plusieurs personnes ces derniers temps et je dois t'avouer que certaines rencontres m'ont amené à réfléchir et j'en suis venue à la conclusion que je ne voulais pas imposer de souffrances inutiles.

- Je ne te forcerais pas à te battre contre eux si tu ne le souhaite pas. Pour ce qui est de les soigner, je ne sais pas trop. Certains sont un peu différents des autres c'est vrai mais ceux qui attaquent le camp méritent les blessures qu'on leur infligera. Pour ma part je ne laisserais pas un assaillant blessé. Si tu les soignes et qu'ils répliquent à nouveau je les achèverait. Selon moi tu en as le droit, mais évite d'en parler au chef il sera sans doute contre.

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Bien sûr, tout le monde était libre de ses propres actions, même Crow s'il désirait tuer des hommes. Il en avait le droit, seulement, n'y avait-il pas un proverbe disant: ''Votre liberté s'arrête là où celle des autres commence?'' Si Crow achevait quelqu'un, ne nuisait-il pas à sa liberté de vivre? Il lui semblait que oui, mais Asha ne voulait pas le contredire. Il avait sa vision des choses, elle avait la sienne et pour l'instant, il était impossible de déterminer qui détenait la vérité.

La jeune indienne posa la tête contre Ama et soupira. Ces temps-ci, elle se posait trop de questions existentielles dont les réponses étaient hors de sa portée. C'était pratiquement aussi épuisant que de s'entraîner au combat et elle en avait mare de se questionner ainsi. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser.

-Je suppose que je ne pourrais pas te faire changer d'avis de toute façon, dit-elle en rigolant. Tu es aussi têtu que ton père l'était lorsqu'il s'agit du...

Asha entendit un craquement, un peu comme si quelqu'un, ou quelque chose, venait de marcher sur une brindille. Visiblement, Ama aussi semblait l'avoir entendu. La biche s'était raidi sous le corps de la jeune indienne et elle était aussi alerte que l'humaine qui était sa maîtresse depuis quelques années. Les deux êtres se redressèrent en même temps. L'indienne s'empara de son arc avant de se retourner vers Crow. Lui aussi avait entendu le bruit et il en était probablement arrivé à la même conclusion qu'elle. Quelque chose rôdait dans les parages. Ne restait plus qu'à déterminer si le son avait été produit par un homme ou un animal. Crow étant meilleure qu'elle au combat, elle lui fit signe de passer en premier avant de la suivre dans les bois. Heureusement, Ama était restée sur place.

White Crow & Asha Honey

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- Je suppose que je ne pourrais pas te faire changer d'avis de toute façon. Tu es aussi têtu que ton père l'était lorsqu'il s'agit du...

En effet, Crow devait tenir de son père. C'était lui qui lui avait tout apprit y compris sa vision des choses, et pas mal de gens comparait Crow à son paternel. Il en était plutôt fier d'ailleurs ! Son père avait été reconnu par tous comme un brave, le meilleur soldat. S'il avait voulut il aurait put être le bras droit du chef, mais il avait préféré laissez ça à d'autres. Un bras droit qui se contente d'obéir n'est pas très utile.

Un bruit stoppa net Asha dans sa dernière phrase. Crow avait lui aussi entendu ce petit craquement, presque insonore. Le corbeau blanc posé près de lui n'avait pas non plus ignoré ce bruit. Il poussa un petit croassement. L'indien lui fit signe d'aller voir. Ils avaient leur propre langage à eux deux. L'oiseau partit donc plus loin. Asha fit signe à Crow de passer en premier. Il sortit son poignard, près à agir à tout moment et passa devant Asha. Il la protégerait contre toute attaque, c'était une certitude. Le corbeau poussa un croassement, juste un. Puis un autre un peu plus tard, et encore trois, toujours avec une certaine intervalle entre. C'était le signal pour des humains. Un croassement pour un humain, deux pour un animal, un indien ou un enfant perdu. Un croassement puis une pause avant un second signifiant qu'il y avait deux humains. La il y en avait donc cinq. Crow se tourna donc vers Asha.

- Cinq adultes. On ferait mieux de partir avant qu'ils ne nous repèrent.

Attaquer cinq adultes à eux seul pouvait être risqué, surtout qu'ils ignoraient quels armes ils possédaient. Crow ne voulait pas prendre de risque inutile.

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Crow adressa une petite série de signes à son oiseau. Je ne les compris pas tous, mais je savais qu'il lui demandait d'aller en reconnaissance. Après une petite seconde, le corbeau déploya ses magnifiques ailes blanches et s'envola dans la direction d'où provenait le bruit. Crow passa devant moi, comme je le lui avais demandé, et suivit lentement l'oiseau avant de s'arrêter, car c'était au tour de l'oiseau d'adresser un message à son maître. Visiblement, ils se comprenaient mutuellement et avaient fini par trouver un moyen de communication. Un peu comme pour moi et Ama, sauf que dans mon cas, ma biche ne pourrait jamais me prévenir de la présence d'ennemis, ennemis qui étaient au nombre de cinq. Des gens du cirque apparement. Même si j'avais toujours voulu les rencontrer, je sentais qu'aujourd'hui n'était pas le bon moment. Surtout qu'en cas de problèmes, ils se retrouveraient en situation d'infériorité numérique. Ce n'était donc pas vraiment une bonne idée de se lancer dans une telle aventure. Peut-être plus tard.

-Tu as déjà discuté avec l'un deux? Demandai-je à Crow en faisant demi-tour.

Je marchai dans la forêt, empruntant exactement le même chemin qu'avant en sens inverse. En quelques secondes à peine, nous fûmes de retour à la clairière. Ama nous attendait et lorsque je posai un pied sur l'herbe fraîche, elle s'élança dans ma direction et déposa un baiser dans mon front avant de se mettre à courir en rond. Je ne pus m'empêcher de rigolet en l'observant. Elle avait plus l'air d'un chien que d'une biche. J'attrapai un bâton au sol et le lançai dans la forêt. Ama s'empressa de se lancer à sa poursuite.

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- Tu as déjà discuté avec l'un d'eux?

Les deux indiens avaient commencés à faire demi-tour. Il ne fallait pas rester dans les parages, pas si près d'une autre présence humaine. Des gens du cirque sans doute, ou bien des pirates qui s'aventurent sur le sol ferme. C'était possible. Asha devait quand à elle sans doute lui parler des gens du cirque, les colons comme les nommait White Crow.

- Oui, mais ce n'est pas parce que l'un est aimable qu'ils sont tous sans danger.

Crow était de nature méfiante et ça tout le monde le savait. Il ne faisait confiance qu'aux indiens et à personne d'autre. Le fait qu'il trouve un colon plus sympathique qu'il le devrait ne voulait pas dire qu'il allait commencer à les porter dans son coeur. Il se méfiait toujours d'eux et les gardait à l'oeil. Il en avait aperçu un faire du mal à une fée un fois, sans oublier que leur présence sur l'île risquait de la déséquilibrer. Non, Crow ne voulait pas qu'ils restent trop longtemps ici.

- Envoyer Ama en pleine jungle n'est peut-être pas la meilleure solution. Ils se nourrissent d'animaux et pourraient la prendre pour cible. On ferait mieux de retourner au campement. Tu devrais y aller... moi je vais les surveiller, m'assurer qu'ils ne se rapprochent pas trop.

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Une fois dans la clairière, je me retournai vers Crow. Lorsque je discutais avec des gens, je préférais voir leurs yeux. Ainsi, je pouvais déterminé s'ils étaient sincères ou non. Sa théorie n'était pas fausse, mais on pouvait la voir de différente façon. Par exemple, si on inversait le sens de la phrase, on pourrait dire que ce n'est pas parce qu'un d'eux est mauvais qu'ils le sont tous. Ça aussi ce n'était pas faux. En conclusion, il ne fallait jamais juger un groupe par un seul des individus le composant. Sinon, ce serait comme de dire que l'amour n'apporte que des complications et des malheurs alors que l'on a vécu qu'une seule relation.

-Tu n'as pas tord, mais l'inverse est aussi vraie. Répondis-je finalement.

Lorsqu'Ama revient avec le bâton coincé dans la gueule, je la caressai distraitement. Cette biche, même si elle n'était qu'un animal, représentait gros à mes yeux. J'en mourrais si jamais elle venait à mourir aux mains des gens du cirque par ma faute. Je décidai donc de suivre ses conseils, même si je n'aimais pas vraiment le savoir seul dans la jungle alors que cinq hommes rôdaient.

-Je n'y avais jamais vraiment pensé auparavant... Je serai plus prudente à l'avenir et merci pour le conseil, lui dis-je en lui adressant un sourire.

Je m'approchai de lui pour l'enlacer avant de me mettre en marche vers le campement, Ama sur les talons.