J'aurais pu m'appeler Goliath, Titan ou Machine de Guerre. J'aurais pu avoir une destiné hors du commun, une carrière politique ou au moins être soldat ! J'aurais eu des raisons de me vanter et de parader comme un chat.

Sauf que la loterie de la vie a décidé que le jour de ma naissance, elle déclencherait le début de la fin. Tout à commencé à cause d'un prénom idiot. Un prénom conditionne et détermine une vie, son parcours et votre personne.
Dernier d'une fratrie de frangine, le soir de ma naissance, si chaude et chantante fut-elle, ruina ma crédibilité pour le restant de ma longue existence. Est-ce que c'est parce que la famille qui m'a recueillit n'avait eu qu'à s'occuper de morveuse que j'avais hérité d'un nom aussi pourri qu'il était peu gaillard ? Ou est-ce que parce que j'étais destiné à avoir une tête d'ange et un nom de chiot ?

Luciole.
On m'avait appelé Luciole. Pour rendre hommage au stupide animal témoin de mon arrivé sur terre ou parce que j'ai éternué une flopée de poussière en respirant l'air de Neverland… C'était des raisons aussi absurde qu'elle était ridicule. Le monde tout entier avait décidé que ma vie serait une plaisanterie.
Luciole… Tu parles d'une connerie.

J'ai passé plus de 150 ans à me battre contre des surnoms aussi idiot les un que les autres. Lulu, l'Insecte… Et autres idioties rappelait que je brillais comme une lanterne. Un nom pourrit et une parure de paillette. Une brute, une vraie, hein ? Une fée, aussi inoffensif que mon nom ?
Pensiez-vous.

Oui, nous sommes des êtres d'un courage sans faille. Bien sûre que nous défendrons aux périls de nos vies ceux pour qui nous existons. Mais j'ai longtemps détesté mon statut parce que je ne trouvais pas ma place. Je rêvais… De piraterie, d'aventure. Je rêvais d'être grand ! Mais, j'étais une fée avec plus de poussière que les autres.
Une fée qui s'appelait Luciole…

La seule chose qui me permettait de penser que j'avais une chance de laver l'incrédulité de mon existence, c'était que j'étais Gardien depuis ma naissance. Une fée nait pour un enfant, c'était ça le deal. Alors, j'avais une responsabilité, une raison de me sentir aussi grand que les autres, voir plus aux yeux des enfants. Moi, lanterne avec un surplus de poussière, j'étais le gardien de mon propre monde.

Sauf que je m'appelle Luciole. Que je n'ai rien d'effrayant hormis mes petits poings pour combattre le mal qui s'est abattu sur Neverland. Alors, moi et ma poussière ligué contre le monde hostile, je défends farouchement l'île d'atteindre les enfants. Contre moqueries, vents et marées. Contre les sirènes mesquines et les adultes ignorants.
Alors ne me cherchez pas de noises, où je vous jette de la poussière dans les yeux !