La vie est un défi

Tu dois le relever

Concentré, la cigarette au coin des lèvres, les deux pieds sur la table, je réfléchis à la prochaine carte que je vais jouer. Mes trois adversaires me regardent, s'impatientant presque. Oh pas la peine de me brusquer, c'est pas en m'engueulant que je vais me décider plus vite. Je finis par jeter du bout des doigts un sept de carreaux, presque à regret avant des les voir jeter les leurs tels des vautours. Mon partenaire de jeux récupèrent les cartes avant de reprendre la main. Je tire une fois de plus sur ma cigarette avant de jeter à mon tour ma carte. J'émet un claquement de langue de mécontentement. Arrête de jouer aussi mal espèce de buveur de rhum et concentre toi un peu, je sais bien que ton cerveau noyé dans l'alcool pas cher à quelque peu fais de toi un inapte des jeux de cartes mais bon sang, ce n'est pas compliqué de différencier un atout de trèfle et un pique. Bon sang c'est la dernière fois que je joue avec les mecs de la cuisine… Vaut mieux que je me contente de jouer avec Candice ou James, eux au moins ils se souviennent des règles et ceux plus de deux tours. Je renifle de façon dédaigneuse, fumant l'air de rien continuant de jouer. Je vous entends déjà, pourquoi est-ce que je ne suis pas au boulot ? Bah le navire n'est pas non plus immense, alors si il y'a une urgence on va forcément finir par me trouver. Donc bon peu importe où je suis, tant que je suis sur le Jolly, tout va bien.

J'entends alors un membre de l'équipage débouler avec autant de grâce et de délicatesse qu'un ivrogne à la sortie d'un bar. Il cours littéralement jusqu'à moi ne cessant de brailler mon nom comme un gosse qui cherche sa mère au milieu d'une foule. J'expire doucement, me retenant de lever les yeux au ciel. Je pose mon regard sur lui, vaguement agacé de tout ce remue-ménage. On ne peut pas flemmarder tranquillement ou quoi sur ce navire ? Sans prendre de gants je lui demande sèchement au pirate ce qu'il veut. À ma grande surprise il m'annonce que quelqu'un souhaite me voir sur le pont. On me convoque ? Oh c'est jamais bon signe, car les deux seules personnes qui me convoquent sur ce navire c'est James ou Candice… Et  généralement lorsque c'est le cas, c'est toujours pour me passer un savon. Je fronce les sourcils, reposant mes cartes sur la table. Je me lève avec une certaine grâce, me dirigeant vers le pont. Je me demande bien qui me demande… Je redécouvre presque la lumière du soleil, tandis que l'odeur du sel vient s'imposer à moi. Je scrute le pont quasiment désert. Attends c'est quoi cette blague ? Je croyais quelqu'un souhaitait me voir. Je me retourne vers l'homme m'apprêtant à lui passer un savon, si c'est une blague mon pote elle n'est absolument pas drôle. Il m'entraîne alors vers la rembarre du Jolly me désignant alors l'eau. Je le regarde perplexe avant de me pencher pour regarder l'eau calme. Je siffle alors en voyant une sirène en contre-bas. Eh bien, une sirène qui souhaite me voir, quel chance… J'en connais un qui serait jaloux. J'adresse alors un immense sourire à la sirène en bas avant de lui dire :

"Alors comme ça vous souhaitez me voir ? C'est un réel plaisir… Mais attendez, je ne vais pas vous laisser là comme ça dans l'eau, je vous en prie montez à bord…"

Je claque des doigts, demandant à ce que l'on m'apporte l'échelle. Je déroule cette dernière, me penchant un peu plus. Je lui adresse un autre sourire charmeur avant d'ajouter :

"Ne soyez pas timide et rejoignez moi donc à bord !"

J'ai beau aimer les hommes, je ne peux m'empêcher d'être agréable et charmeur avec les demoiselles. Pourquoi ? Mais parce que c'est toujours marrant de se savoir désiré… Voilà tout.

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Je regarde la sirène se changer dans l'eau, troquant sa nageoire aux reflets délicats pour une paire de jambes qui feraient chavirer le coeur de n'importe quel marin. Seulement je ne suis pas n'importe qui, elle a beau être aussi charmante que l'enfer puisse le permettre, je ne suis pas le genre de garçon à craquer pour une belle paire de jambes et un corps de rêve. Les courbes féminines ça m'a toujours laissé plus ou moins de glace… Je regarde alors la jeune sirène grimper à bord, complètement dévêtu. Eh bien j'hésite entre téméraire et suicidaire… Il faut vraiment ne pas tenir plus que ça à la vie et à sa dignité pour oser monter sur un navire plein de mâles en rut, qui plus est des pirates en manque d'amour féminin. Non vraiment ma douce, ce n'est pas très malin de ta part… Enfin à moins que ce soit ce que tu cherches… Je pense juste qu'elle adore se faire dévorer des yeux et que débarquer, complètement nue sur un navire, est le meilleur moyen pour obtenir l'attention de tout le monde. Alors qu'elle pose enfin les deux pieds sur le pont, elle se mordille la lèvre inférieure, telle une gamine espiègle me jetant au passage un regard lourd de sous-entendus. Oh ma pauvre petite, si tu savais. De tout les hommes qui actuellement la dévorent des yeux, je suis le seul qui n'ai pas envie de la mettre dans mon lit. Alors que j'entends des sifflements fuser derrière moi, j'émet un claquement de langue réprobateur, demandant au passage le silence. Je me retourne alors vers la sublime créature aquatique, la détaillant de haut en bas, avant de plonger mon regard dans le sien. Je trouve cette situation presque amusante. Je suis presque sûr que tu fais cela juste pour m'émoustiller et te jouer de moi mais malheureusement pour toi tu risque d'être grandement déçu. Je pousse un léger soupir, laissant un sourire se dessiner sur mes lèvres. Alors que je commence à déboutonner ma chemise, je lui dis d'un ton doux :

"Quelle tête en l'air vous faites ma grande… Ce n'est pas très sage de débarquer sur le Jolly sans rien sur le dos… T-t-t-t si le Capitaine vous voyait ainsi, il ne se gênerait pas pour vous ravir… Heureusement je vais prendre grand soin de vous."

Je passe alors ma chemise sur ses frêles et douces épaules, refermant alors avec grand soin les boutons un à un, regardant le tissu épouser ses courbes subtiles, tandis que des perles d'eau de mer glissent le long de ses jambes, courant sur sa peau lisse avec grâce et sensualité. Alors que je ferme le col de la chemise, je lui adresse un autre sourire avant de lui dire d'un ton doux :

"Ceci n'est qu'une solution temporaire mais j'espère que cela fera l'affaire… Si vous voulez j'ai de quoi vous sécher et vous habiller dans ma cabine… Après vous…"

Je pose délicatement ma main dans son dos, tandis que je la conduit jusque dans ma cabine, sous le regard jaloux et haineux des marins présents. Eh oui mes petits, c'est le médecin homosexuel qui récupère la belle sirène, et j'adore vous voir mourir de jalousie… C'est mon pêché mignon. Je la fais entrer dans ma cabine, lui offrant un siège tandis que j'attrape une serviette que je lui offre ensuite. Je lui tourne alors le dos, cherchant dans mon armoire quelque chose pour la demoiselle et aussi une autre chemise pour moi. Alors que j'ai le nez dans mes vêtements je me permet de lui demander, l'air de rien :

"Alors que puis-je faire pour vous cette fois-ci ? Auriez-vous encore besoin de mon aide ? Ou alors ceci est juste une simple visite de courtoisie parce que je vous manquais terriblement ?"

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Je laisse un sourire se dessiner sur mes lèvres tandis que le nez dans mon armoire je récupère une autre chemise, l'examinant rapidement avant de me décider à l'enfiler. Alors comme ça ce n'est qu'une simple visite de courtoisie ? Amusant, moi qui pensais que c'était pour autre chose… Alors que je commence à boutonner ma chemise, je me retourne vers elle, m'apprêtant à lui répondre seulement ce que je découvre me laisse sans voix. Littéralement. Au lieu d'une sirène partiellement humide enroulé dans une de mes sublimes chemises, voilà que mes yeux se posent sur le corps entièrement dénudé de la jeune femme, adossé contre une chaise, me jetant une oeillade des plus curieuses. Comme si elle guettait avec une certaine impatience ma réaction. Autant être clair jeune fille, je pense que si tu cherches un homme qui désir ton corps ardemment, j'ai le regret de t'annoncer que tu es tombé sur le mauvais mâle. Moi les seins et la taille fine, ça m'a toujours laissé de glace. Mon truc à moi c'est le musc masculin, le pelage de chat sur les pectoraux, bref les mâles quoi. Du coup ma belle, je pense que je suis un peu hors de porté. Si tu veux passer un bon moment en compagnie d'un homme, il va falloir te tourner vers quelqu'un d'autre. Je ne joue au Docteur qu'avec des infirmiers en blouses trop courtes ou avec les patients qui ont besoin d'un traitement… spécial. Mon regard parcours son corps de sirène tandis que je me demande encore comment réagir. Je pourrais la jeter hors de ma cabine et la laisser au soin du reste de l'équipage, mais ce serait bien trop cruel. Ou alors je me contente de la jeter par dessus bord… Mais à ce serait juste grossier de ma part…. Hum. Oh je pourrais faire tant de choses de cette jeune fille, la repousser avec douceur, l'envoyer carrément sur les roses ou pire… me jouer d'elle. Un sourire narquois se dessine lentement sur mes lèvres, tandis que je plonge un regard insolent dans le sien. Finalement je sens que sa visite va être des plus amusantes. Nous allons prendre du bon temps tout les deux, mais j'ai comme l'impression que tu vas être déçue ma douce, car si tu pense que toi et moi nous allons nous rouler dans mes draps dans une étreinte à en faire grincer le matelas, c'est mort. Tout ce que je vais t'offrir c'est la déception de ne pas pouvoir profiter de mon sublime corps. Je laisse ma chemise entrouverte tandis que je lui adresse un autre sourire éclatant m'approchant d'elle d'une démarche de prédateur, limite aussi libidineuse que celle de James. Le genre de roulement de hanches qui fait chavirer le coeur des demoiselles mais que je préfère réserver d'habitude aux jeunes hommes pas farouches. Je laisse à peine l'espace d'une bouteille de rhum entre nous, laissant mon regard suivre le contour de ses lèvres avant de retourner vers ses pupilles. Lentement je me mords doucement la lèvre inférieure avant de saisir entre mes doigts une mèche de ses cheveux encore humides. D'une voix mielleuse à en faire exploser la glycémie d'un diabétique, je lui susurre un sourire aux lèvres :

"Une visite de courtoisie hein ? J'ai l'impression que tu es surtout là pour essayer de te prouver à quel point tu es irrésistible… Mais au risque de te décevoir ma belle, si tu veux quelqu'un pour te faire frissonner et te faire hurler, je crois que tu t'es trompée de cabine. Va donc voir chez le capitaine pour les sensations fortes."

Je ne fais que la repousser avec douceur et en sourire s'il-vous-plait. Je suis un gentleman moi, contrairement au reste de l'équipage.

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J'ai bien l'impression que je viens d'appuyer là où ça fait mal. Sa voix grimpe dans les aigus au fur et à mesure qu'elle parle, cherchant toujours à me convaincre que tout ceci n'est qu'une visite des plus innocentes. À d'autres ma belle…  J'ai quelque peu de mal à avaler ta simple… "visite de courtoisie", m'est avis que tu as quelque chose derrière la tête… Comme te prouver que tu peux me mettre dans ton lit d'un simple battement de cils. Froissée par mon refus, la belle sirène éconduite attrape une chemise dans mon armoire et l'enfile rapidement avant de commencer à retourner l'intégralité de ma cabine, à la recherche de ne je sais quoi. Je m'adosse à mon tour à mon bureau, les bras croisés, la regardant faire avec un certain amusement. Je ne sais pas ce que tu cherches ma belle, mais tu ne risque pas de trouver quoique ce soit de compromettant… Ni même d'intéressant, d'ailleurs.

Je la regarde rechercher avec frénésie, retournant ma cabine tel un ouragan furieux, brassant feuilles et vêtements avec un minuties des plus remarquables. C'est alors qu'elle se décide de nouveau à me faire entendre sa douce voix, essayant de meubler le silence, j'imagine. Je me contente de lever les yeux au ciel lorsqu'elle tente une fois de plus me persuader de son charme sans faille, mais ce qui vient après me surprends à tel point que je manque de tomber du bureau. Moi plus séduisant que le capitaine ? Wow, c'est bien la première que l'on me dit ça. D'habitude toutes les filles ne voient que lui, se jetant à ses pieds au premier battement de cils de celui ci… Alors si jamais on me remarque, c'est plutôt après lui, même si obtenir l'attention des femmes est loin d'être mon but premier dans la vie. Du coup, généralement, les "visites de courtoisies" sont plutôt réservées à James et non à moi, c'est assez rare que quelqu'un demande à me voir en personne. Mais c'est son troisième point qui me surprends le plus. Sa question. Comme si le fait d'être marié allait changer quelque chose… Il y aurait quelqu'un d'autre dans ma vie que ça ne changerait pas les faits ma belle, tu resterais toujours aussi peu séduisante à mes yeux.

Alors que je m'apprête à lui rétorquer que ma situation personnelle n'entre pas tellement en ligne de compte, voilà qu'elle met à jour l'un de mes carnets de notes, remplis à ras-bords de notes de rendez-vous, de contenus d'inventaires… Bref de choses peu intéressantes. Seulement à voir sa bouille mécontente, j'ai comme l'impression que cela ne lui plaît pas. Elle reste les yeux fixés sur la première page, comme si… Eh bien comme si elle ne comprenait pas ce qui était écrit. Je croise alors son regard, semblable à celui d'un enfant qui s'apprête à quémander à ce qu'on l'aide à déchiffrer son livre de contes de fées. Un sourire en coin, je ne cesse de la fixer, décroisant lentement mes bras, prenant appui sur le bureau pour me relever d'un geste souple et élégant. Lentement je m'approche d'elle à pas de loup, la regardant désormais plus comme une enfant que comme la sirène qu'elle est.

"Attends… Tu es capable de lire ce qui est écrit ou pas du tout… ? Non, ne me dit pas que c'est vrai… ? Tu ne sais pas lire ?"

Désormais en face d'elle, simplement séparé par le vieux carnet à la couverture en cuir, je la regarde, presque avide de savoir si elle sait vraiment lire ou non. Doucement je désigne un des mots de la page, l'interrogeant du regard. La jeune femme hoche négativement la tête. Un sourire plein de tendresse m'échappe tandis que du bout des doigts je lui retire le carnet des mains, susurrant doucement à son attention :

"De toute façon ce n'est pas grave, ce n'est pas très intéressant, ce ne sont que des inventaires, des notes… Rien de bien palpitant, je suis sûr que ça t'ennuierais de lire tout ça…"

Quitte à lui faire la lecture… Autant que ce soit de la poésie ou du Shakespeare… Parce que je pense qu'elle ne tient pas particulièrement à savoir que j'ai pratiqué 42 points de sutures pour recoudre une lèvres ouvertes ou que j'ai eu le plaisir de m'occuper d'arracher une molaire attaqué par le rhum. Alors que je repose le carnet sur le bureau, je reporte mon attention vers elle, susurrant de plus en plus :

"Et puis si jamais tout ce que vous désirez c'est de m'entendre vous lire quelque chose, autant que cela sonne avec délicatesse à vos oreilles… Quelque chose qui puisse charmer vos sens et votre coeur."

Il serait peut-être temps que je cesse de jouer avec elle… Ou pas.

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Alors que la belle se décide enfin à s'assoir sur le siège que je lui offre depuis son arrivée, s'asseyant telle un gamine que l'on vient de punir, je la délaisse le temps de remettre la main sur mon recueil de poésie. Pas n'importe lesquels… Oh non, voyez j'ai du goût en ce qui concerne la littérature, et je considère que lorsque que l'ont capter l'attention d'une demoiselle, il faut sortir les classiques. Et croyez moi, Shakespeare, ça marche à tout les coups. Je laisse mes doigts effleurer avec une certaine tendresse les livres qui reposent dans ma bibliothèque, finalement entre deux exemplaires de livres de médecine, je finis par retrouver avec un certain plaisir le recueil de sonnets, enfermés dans une lourde reliure en cuir sur lequel sont inscrit le nom de l'auteur en lettre dorées. Alors que je me retourne vers elle, caressant avec une certaine tendresse la couverture en cuir. Je laisse un sourire se dessiner sur mes lèvres lorsque sa remarque quelque peu sarcastique vient sonner à mes oreilles. Si elle savait… Alors que je me retourne vers elle, feuilletant rapidement le livre à la recherche d'un sonnet bien particulier, je lui réponds d'une voix mielleuse à souhait, plus douce que la soie :

"Quoi ne me dites pas que vous n'aimez pas Shakespeare ? Tout le monde aime Shakespeare voyons… Et puis si ce n'est pas le cas pour vous, vous allez vite changer d'avis après m'avoir entendu réciter quelques sonnets… Oh et pour être franc… Je fais rarement la lecture à mes patients, enfin sauf aux jolies sirènes dans votre genre..."

Un sourire des plus enjôleurs se dessine sur mes lèvres au moment même où je finis par trouver le passage en question. Doucement je tire une chaise, m'asseyant en face d'elle, quittant du regard le livre un instant pour lui jeter un regard plein de malice. Prête pour la lecture de ta vie ma belle ? Je passe lentement ma langue sur mes lèvres, plongeant dans ses yeux un regard des plus charmeurs, avant de me lancer dans ma lecture, usant de ma voix la plus enjôleuse. Doucement j'attaque ma lecture, laissant les deux premiers vers traverser mes lèvres, en une douce et chaude mélodie, qui j'espère séduit autant que le sonnet le veut :

"Devrais-je te comparer à une journée d'été ?
Tu es plus tendre et bien plus tempérée."

Elle tendre et tempérée ? Quelle blague, je parle tout de même de la jeune sirène qui a mis le pied sur le navire complètement nue et qui tente tout de même de me faire du charme depuis qu'elle se trouve avec moi dans ma cabine. Alors la tempérance et la tendresse je pense que ce ne sont pas vraiment deux des qualités qui transpirent chez elle… Au contraire.

"Des vents violents secouent les chers boutons de Mai,
Et le bail de l'été est trop proche du terme.
Parfois trop chaud l'oeil du ciel brille,
Et souvent sa complexion dorée ternie,
Et toute beauté un jour décline,"

Ma voix se fait de plus en plus enjôleuse, se faisant comme une caresse sur sa joue. Les mots semblent glisser entre mes lèvres, et entre nous, je fais tout pour être le plus charmeur possible, passant lentement mes doigts sur mes lèvres, croisant les jambes dans un mouvement gracieux.

"Par hasard, ou abîmée au cours changeant de la nature;
Mais ton éternel été ne se flétrira pas,
Ni perdra cette beauté que tu possèdes,
Et la Mort ne vantera pas que tu erres parmi son ombre,
Quand en rimes éternelles à travers temps tu grandiras,
Tant que les hommes respirent et tant que les yeux verront,
Aussi longtemps que vivra ceci, cela en vie te gardera."

Ma voix se perds doucement en un murmure chaud et grave, susurrant les derniers vers. Je laisse les mots flotter doucement, laissant un silence s'installer, tandis que je plonge mon regard dans le sien, attendant avec une certaine impatience sa réaction suite à ma lecture des plus… inspirée.

"Alors, je continue ou vous préférez que je me taise ?"

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Je ne peux pas dire que je ne l'avais pas vu venir, entre nous je l'ai un peu cherché. Un peu ? Bon ok, beaucoup. C'est vrai que depuis qu'elle a mis un pied sur le pont du Jolly, j'ai plus ou moins répondu à son petit jeu de séduction, ne la repoussant jamais clairement et jouant l'homme difficile à atteindre. La lecture était le truc de trop, je n'aurais peut-être pas du pousser le jeu aussi loin. Nombre d'hommes tueraient pour être à ma place, avoir une sirène des plus charmantes sur les genoux, en train des les embrasser avec une passion non feinte. Le livre me glisse des mains, s'effondrant au sol tandis que je reste comme un idiot, ne lui rendant pas son étreinte, mes mains non loin de ses épaules, prêtes à la repousser. J'essaye bien de me soustraire à l'étreinte de ses lèvres sur les miennes, mais voilà que plus je recule, plus elle m'accompagne, me gardant prisonnier de ses lèvres, coincé entre la chaise et elle. A aucun moment je ne lui rends son baiser, préférant poser mes mains sur ses épaules et la repousser, peut-être avec un certain manque de délicatesse. Alors que je réussis enfin à mettre fin à ce baiser des plus inattendus, la sirène impatiente me regarde avec une certaine perplexité, se demandant certainement pourquoi je ne lui rends pas un baiser si furieux…. Oh ma belle, je pense que tu vas rire lorsque je vais te dire pourquoi. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que j'attrape ses mains dans les miennes, ancrant mon regard dans le sien :

"Je suis désolé de vous décevoir… Mais quand je disais que pour les sensations fortes ce n'était pas moi qu'il fallait voir mais le Capitaine, ce n'étais pas une blague. Je ne suis pas le genre d'homme à batifoler avec les femmes et encore moins avec les sirènes… Voyez-vous, vous et moi chassons la même chose : les hommes."

Eh oui ma belle, le beau médecin que je suis est vraiment  hors d'atteinte pour toi. Je crains, hélas, qu'elle soit terriblement déçue… J'espère tout de même qu'elle ne va pas aller se jeter par dessus bord… ou pire, se jeter sur le premier pirate qui va lui tomber sous la patte. Mais attends… Qu'est-ce que je raconte ? Ce qu'elle fait de son corps n'est absolument pas mon problème. Si elle a envie d'aller se consoler dans les bras d'un des membres de l'équipage, qu'elle le fasse. Même si je dois avouer que j'adorais la remettre à l'eau devant leurs yeux remplit de jalousie… Oui je pourrais… Peut-être même que je devrais… Dans tout les cas ça aurait au moins l'avantage de  me m'occuper et pourquoi pas d'être marrant. Mais bon tout cela va dépendre de la réaction de l'imprévisible sirène qui se trouve assise sur mes genoux, ses mains dans les miennes. Oh ma belle, je peux voir la déception se peindre dans tes yeux, tandis que tu pinces tes lèvres fines. Oh je sais, elles font toutes ça et tu n'es pas la première à te faire avoir. Mais ne pleure pas, même si tu ne peux pas posséder ni mon corps ni mon coeur, tu peux toujours venir boire du rhum avec moi autour d'un sonnet de Shakespeare… Le plaisir serait mien.

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Colérique, c'est bien le mot. Suite à mon comportement et surtout aux mots bien moins agréables que ceux du sonnets qui ont traversés la barrière de mes lèvres, voilà qu'elle entre dans une rage folle, me hurlant dessus, allant même jusqu'à briser une lampe qui traînait sur mon bureau. Eh ! Même si elle était particulièrement moche, je l'aimais bien moi ! C'était un cadeau. Quoique… Il me semble que je l'avais volé chez une conquête… Ou peut-être qu'elle appartenait à ma mère… Wow en faite, je ne sais même pas pourquoi je l'aimais cette stupide lampe… Il n'empêche que je suis assez triste, et surtout effrayé de la voir se briser sur le mur non loin de moi. Eh bien, c'est qu'elle me fait une vraie scène la sirène… Dans pas longtemps elle va me gifler avant de claquer violemment la porte de ma cabine ? J'ai beau être gentil, je ne vais pas supporter longtemps ta crise de gamine éconduite, je n'ai pas vraiment la tête à ça aujourd'hui. Je la regarde, les dents serrées, fouiller dans mes tiroirs pour finalement sortir une bouteille de rhum. Eh c'est ma réserve pour anesthésier les patients et désinfecter les plaies, tape pas dedans s'il… Oh mais je t'en prie, fait comme chez toi et boit donc à grande goulée… Au pire j'irais juste en piquer une à James. Une fois la moitié de la bouteille vidée, la sirène qui désormais me voue une rancoeur des plus compréhensible se retourne vers moi, me servant un discours qui lentement me fait sourire. Et c'est maintenant que tu te rends compte que les hommes sont des salauds ? Eh bien je pensais que vu le nombre de conquêtes à ton actif tu aurais découvert ça toute seule. Mais non, visiblement il a fallut que ce soit le médecin gay qui lui apprenne cela. Ironie quand tu nous tiens. Sans bouger je la laisse approcher, écoutant avec attention son petit discours de femme blessée, laissant un sourire des plus narquois se dessiner sur mes lèvres. Mais c'est qu'elle me ferait presque fondre. La pauvre, voilà qu'elle perd enfin ses écailles pour voir la cruauté des hommes qu'elle pensait parfaitement comprendre. Tu me fais rire gamine. J'use de mon ton le plus méprisant, si hautain qu'à sa place je ne supporterais pas qu'un connard dans mon genre ose lui parler ainsi :

"Oh comme si tout était de la faute des hommes… Tu es pire qu'une enfant gâtée, juste parce que tu sais désormais que tu ne pourras jamais posséder mon corps, voilà que tu pars en guerre contre la gente masculine ? Un rire désagréable et méprisant au possible m'échappe alors. Tu veux être un homme ? Très bien, alors prouve-le moi."

Bien que nous soyons terriblement proches l'un de l'autre j'arrive à combler le peu d'espace qui nous sépare, me collant presque contre elle, nos deux corps s'effleurant presque. Ma voix baisse d'un ton, se faisant plus grave et quelque peu plus menaçante. Chose assez rare chez moi.

"Allez, prouve moi que tu peux être mauvaise, violente, manipulatrice, cruelle. Prends donc ce que tu veux, là, maintenant. Soit un homme, comme tu le dis si bien."

Est-ce que je suis en train de l'encourager à me faire du mal ? Un peu, mais c'est ce genre de comportement qui met un peu de sel dans le quotidien, non ? Et puis qu'elle essaye de me frapper, histoire que j'ai le plaisir de riposter.

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Allez. Fais-le. Je sais que tu meurs d'envie de me frapper, met ta menace à exécution. Allez un peu de cran ma belle. Seulement rien. Pas un cri, pas une claque. Que dalle. Nessie se contente de s'éloigner pour retourner picoler mon rhum. Non mais vraiment, celui là c'est à but médical, si tu pouvais ne pas le boire, ce serait pas mal…  Elle finit par reposer la bouteille presque vide sur la table, se décidant enfin à répondre à ma petite provocation. J'arque un sourcil, l'écoutant parler tandis qu'un sourire des plus arrogants se dessine sur mes lèvres. Ce que je veux ? Bonne question. En faite je ne sais même pas ce que j'attends réellement de ta part… Oh si y'a bien une chose.

"Tu veux savoir ce que j'attends de ta part… Oh mais c'est simple. Pourquoi penses-tu que je t'ai fait croire que tu pourrais passer du bon temps avec moi ? Pourquoi t'avoir laissé dans cette incertitude ? Mais pour une simple et bonne raison : pour me jouer de toi. Parce que tu t'amuse énormément. C'est drôle de te voir parader comme si tu te pensais réellement irrésistible, et ça l'est encore de te prouver que tu as tort.  Je n'en veux pas réellement plus, puisque visiblement tu n'es même pas capable de mettre tes menaces à exécution… Mais en même temps que pouvais-je réellement attendre d'une sirène…  Disons que tant que tu m'amuses ne serait-ce que vaguement, tu peux rester."

C'est à mon tour d'aller piquer une gorgée de rhum. Une fois les lèvres doucement teinté de ce doux poison qu'est l'alcool, je sors des tiroirs de mon bureau mon paquet de cigarettes et m'en allume une, sur laquelle je tire gentiment avant d'expirer une ou deux volutes de fumées. Bien, revenons à l'essentiel. Je m'assois à moitié sur mon bureau, la regardant avec un certain mépris, la cigarette au coin des lèvres.

"Alors fais donc ce que tu veux : frappe moi, hurle, claque la porte. De toute façon comme tu le dis si bien tu n'es pas capable de te comporter comme un homme. Je ne crains donc rien. Pour être honnête… A part te foutre à poil pour tenter la gente masculine et écarter les cuisses, j'pense que tu ne sais pas faire grand chose d'autre. Tu n'as que ça. Et entre nous c'en est tellement pathétique que ça me fait doucement sourire."

Le tout dit sur un des tons les plus arrogants du monde. Le genre qui te donne envie de fracasser la gueule de ton interlocuteur. Je continue d'expirer ma fumée, laissant doucement la cigarette se consumer au bout de mes doigts.

"Allez ne fais pas la tête ma belle… Dans l'fond j't'aime bien, sinon je ne t'aurais pas fait monter à bord."

Y'a des jours, je suis vraiment un sale con. C'en est effrayant parfois.