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MessageSujet: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptySam 24 Mai - 0:16


I need to know now


Kenneth & Annabeth

L’écriteau de la boutique se balançait doucement sous la brise fraîche de fin d’après-midi. L’homme observait attentivement les allées et venues des clients depuis plus d’une heure, rongeant son frein avec une patiente peu coutumière. Il aurait pu simplement pousser la porte, mais il préférait agir avec plus de discrétion. Déjà qu’il n’était pas très apprécié dans les environs, mieux valait éviter de se faire remarquer en se disputant avec la tenancière. Car pour lui, il n’y avait aucun doute sur les évènements à venir : il poserait sa question pendant qu’elle s’efforcerait de fuir, comme un animal sauvage tentant désespérément d’échapper à un prédateur, puis il finirait par s’énerver et elle élèverait la voix à son tour. Il n’aimait guère se donner en spectacle, surtout sur des sujets aussi anodins, toutefois il n’avait pas le choix. Il ne comprenait pas les raisons qui poussaient cette femme à l’éviter. N’avaient-ils pas passé un bon moment ? Habituellement, c’était lui qui jouait les évadés en trouvant tous les prétextes possibles et imaginables pour fuir ses conquêtes d’un soir. Or, pour une fois qu’il avait envie d’en revoir une… Voilà que c’était elle qui fuyait. Il avait apprécié l’ironie de leur situation – les premiers jours – avant d’en être agacé. Il voulait comprendre. Il voulait savoir. Il voulait la voir, tout simplement. Ce n’était pas compliqué, n’est-ce pas ? Il voulait simplement qu’elle lui explique et qu’ils deviennent amis. Le terme amitié lui était suffisamment étranger pour qu’il soit surpris de son audace, mais c’était la vérité. Il ne pouvait se confier à personne d’autre sur cette île, pas aussi librement qu’il l’avait fait avec elle. Il aimait sa compagnie.

Kenneth décroisa les bras à l’instant où le panneau pivota pour annoncer « fermé » et il se redressa. Il attendit encore de longues minutes avant d’apercevoir la silhouette de la jolie blonde en ombre chinoise. Il s’apprêtait à franchir la distance qui séparait sa cachette – un coin d’ombre entre deux bâtiments – de la boutique, mais le passage d’un groupe d’hommes éméchés le força à rester immobile. Il ne souhaitait pas provoquer de bagarre ce soir ; ces gars-là n’étaient pas réputés pour leur intelligence, alors bourrés comme ils l’étaient, ils chercheraient probablement à prouver qu’ils étaient plus virils que lui. Kenneth était réputé pour avoir le sang chaud, le genre de constat qui se faisait rapidement après lui avoir adressé deux mots. Il n’allait pas par quatre chemins et s’irritait aisément, sans être toutefois un sombre crétin – disons simplement que s’il était une chose qu’il prisait plus que les belles femmes et Mara, c’était sans doute se battre. Il se savait assez doué pour la chose, rien d’étonnant puisqu’il était obligé de se battre pour survivre depuis plus de vingt ans. Et accepter d’être l’homme de main de Mara l’avait forcé à s’améliorer s’il désirait se rendre utile à ses yeux. Les lampes à huile de la boutique s’éteignirent pendant qu’il suivait du regard le groupe, cependant il n’aperçut personne sur le pas de la porte. Où était-elle passée ? L’avait-elle aperçu et décidé de l’éviter ? Avait-elle simplement pris la sortie de derrière ? Il pesta contre sa propre négligence et se mit en route. Les mains enfoncées dans les poches de son pardessus en cuir sombre, il fit le tour de la bâtisse, jetant au passage un regard au prénom que portait l’endroit. Carrie. Il connaissait depuis peu la raison qui avait poussé sa tenancière à choisir ce prénom plutôt que le sien. C’était celui de sa défunte sœur jumelle, une perte qui l’avait suivie durant de très nombreuses années et qui obscurcissait encore parfois son regard bleuté. Il se souvenait de sa réaction lorsqu’elle le lui avait dit, un verre d’alcool à moitié vide entre les doigts, les yeux légèrement voilés par l’ivresse et un pauvre sourire aux lèvres. Il avait voulu la prendre dans ses bras, la protéger de cette tristesse qui l’accablait. Ou était-ce l’alcool qui parlait ? Kenneth n’avait jamais été le genre d’homme réellement tendre et attentionné. Il ne pouvait pas se le permettre.

Il repensait encore à cette soirée lorsqu’il passa de l’autre côté de la boutique, scrutant les ombres de la soirée naissante pour distinguer la chevelure blonde d’Annabeth. Il lui avait parlé de lui, il lui avait raconté que le nom qu’il portait n’était pas le sien, seulement celui d’une famille d’accueil qui avait davantage compté que les autres. Il ignorait encore ce qui avait bien pu le pousser à se confier à cette femme, peut-être la lueur dans ses prunelles, le fait qu’elle buvait ses paroles avec attention… Ou était-ce l’alcool ? Il aurait été plus facile de blâmer le rhum que d’avouer qu’il l’appréciait. Parce qu’après tout, il ne la connaissait pas plus que cela… Ce n’était pas parce qu’ils avaient passé la nuit ensemble qu’ils étaient subitement devenus des amis. Tout au plus des connaissances. Alors pourquoi se trouvait-il dans cette ruelle ? Pourquoi son sang ne fit-il qu’un tour lorsqu’il capta l’éclat doré de ses mèches au loin ? Pourquoi fronça-t-il les sourcils lorsqu’il se rendit compte qu’un homme la tenait par le bras et la poussait subitement vers un coin plus sombre ? Il ne pouvait pas rester simplement là à se questionner pendant qu’elle se faisait agresser. Sans émettre un son, Kenneth se rapprocha de l’étrange duo pendant que l’autre se répandait en phrases inintelligibles auprès de la jeune femme effrayée. Elle se débattait de son mieux, mais la prise de son ravisseur devait être particulièrement forte. Il serra les mâchoires en comprenant ce que l’homme attendait d’elle. Il le tira brusquement en arrière par le col, profitant de son étonnement pour lui asséner un puissant coup de poing dans l’estomac qui le fit se plier en deux.

« Quand une femme vous dit qu’elle ne veut pas, ce n’est pas une façon de dire qu’elle est d’accord. Alors à moins que l’alcool ne vous ai liquéfié le cerveau, friend, je vous suggère de ficher le camp. » Son ton calme contrastait avec la violence dont il venait de faire preuve et son regard sombre qu’il gardait rivé sur l’homme. Ce dernier se mit à grogner, il tenta de se redresser en combattant la douleur qui l’empêchait pratiquement de respirer. En le voyant faire, Kenneth secoua la tête ; il posa une main sur sa nuque pour le forcer à rester courbé. « C’était mon premier et dernier avertissement. » Il le relâcha pour s’éloigner de quelques pas, ses iris coulant très brièvement vers Annabeth dont les cheveux éparpillés sur ses épaules lui donnaient un air de sauvageonne. « Est-ce que ça va ? » Il n’eut pas le temps d’entendre sa réponse que l’homme se jeta brutalement sur lui. Ils heurtèrent le mur, le choc assommant partiellement l’Anglais qui étouffa un grondement en repoussant son assaillant. La douleur qui pulsait au niveau de son front n’augurait rien de bon, mais il ne commit pas l’erreur de se laisser distraire une deuxième fois. L’autre sortit un vieux coutelas à moitié rouillé du fourreau à sa ceinture et le fit tournoyer devant ses yeux. Durant les quelques minutes qui suivirent, Kenneth en oublia jusqu’à la présence de la femme à ses côtés, tous ses sens étant concentrés sur la bataille qu’il livrait. Il avait déjà vu bien pire, toutefois la présence d’une arme blanche n’était pas un élément à négliger. Il lui brisa le poignet sans sourciller, écarta la lame d’un coup de pied rageur et entreprit de lui faire ravaler son audace à coups de poings dévastateurs. Il ne s’arrêta que lorsque ses doigts furent recouverts de son sang, son souffle court et sa haine apaisée. Il avait essayé d’être sympa, pour une fois. L’homme était encore en vie, mais passablement mal au point. Il se redressa et une cuisante douleur à son flanc le fit grimacer : le coutelas avait dû l’effleurer lorsqu’il s’était rué sur l’autre. Kenneth secoua la tête. « Toujours pas enfuie ? » marmonna-t-il à l’intention de la silhouette d’Annabeth située à la périphérie de son champ de vision. Il garda toutefois les yeux rivés sur l’homme au sol qui crachotait du sang en essayant de retrouver son souffle.

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Annabeth Darnell

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MessageSujet: Re: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptySam 24 Mai - 12:47

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annabeth ∞ kenneth
Le ciel s'assombrissait lentement alors qu'Annabeth discutait depuis quelques minutes avec une cliente. Celle-ci désirait un bijou particulier, un modèle unique qu'elle serait la seule à porter. La jeune femme tentait donc de lui expliquer qu'il serait plus cher qu'un autre de ses produits. Ce qui semblait être d'une logique implacable pour la blondinette ne semblait pas forcément l'être pour la grande brune aux yeux noisettes. La propriétaire se retenait d'ailleurs de rouler des yeux depuis une bonne vingtaine de minutes, à la place elle affichait un sourire et respirait calmement. "La nuit porte conseil, alors je vous propose de revenir demain matin, nous pourrons ainsi réfléchir au tarif toutes les deux au calme." Elle agrandit un peu plus son sourire, sachant pertinemment qu'elle resterait campée sur ses positions, comme toujours. Elle jeta un coup d'œil à son horloge et remarqua avec stupéfaction que sa journée de travail touchait à sa fin. Elle observa sa cliente avec une pointe d'impatience, elle était penchée sur le comptoir, les yeux dans le vague et sa main droite posée sur sa joue, ainsi elle donnait l'impression de réfléchir profondément. Elle se décida finalement à se relever et à partir, adressant un signe de tête à Annabeth qui marquait son approbation. Elle quitta ensuite les  lieux, laissant à peine le temps à la jeune femme de lui souhaiter une bonne soirée. Une fois la porte close, Annabeth se laissa tomber sur l'un des fauteuils moelleux de sa boutique.  Elle était décidemment exténuée par cette journée particulièrement fructueuse. Elle resta assise quelques instants, profitant du calme soudain pour laisser voguer ses pensées. Elle se releva brusquement, se rendant compte qu'elle venait de s'assoupir, il était définitivement temps qu'elle rentre chez elle. Elle s'approcha de la porte et retourna le panneau qui était accroché à la poignée, indiquant ainsi que son magasin était à présent fermé, elle jeta un rapide coup d'œil à travers la vitre pour s'assurer que plus aucun client ne s'approchait. Les rues étaient étonnamment vides, elle préférait ça aux avenues bondées de Londres. Soupirant, elle s'empressa de ranger la caisse de la boutique dans son petit coffre-fort et de fermer la porte principale à double tours lorsqu'elle remarqua qu'un groupe d'hommes passait non loin de son magasin. Elle préférait éviter de les croiser, surtout quand la nuit commençait doucement à tomber. Elle attendit quelques secondes, espérant ne pas rencontrer cette troupe d'ivrognes, puis éteint doucement sa lampe à huile. Elle prit un sac contenant L'île au trésor de Stevenson  ainsi que d'autres objets sans importance et quitta sa boutique par la porte de derrière. D'un pas élégant, elle glissa vers l'extérieur, laissant ainsi le seul endroit où elle se sentait en sécurité derrière elle. Elle se retourna pour fermer cette porte également et sentit immédiatement une ombre s'approcher d'elle. Surprise, elle tourna vigoureusement la tête, reconnaissant immédiatement le visage qui lui faisait face. L'homme, qui avait pour habitude de l'importuner dès qu'il la croisait, s'approchait d'elle, un sourire mauvais collé à son visage sale. Elle recula machinalement, l'informant qu'elle était attendue, mais la peur devait se lire dans ses yeux car cette réponse n'eut pour effet que de le faire se rapprocher un peu plus. Il la saisit par les poignets avec une telle force qu'il était impossible pour Annabeth de se détacher de son étreinte, la panique l'avait envahit avec une telle fougue qu'il lui semblait impossible d'émettre le moindre son. De toutes manières, personne ne serait venu à son secours, personne n'aurait éprouvé la moindre  compassion à son égard, elle aurait été seule, comme elle l'avait toujours été. Alors que l'homme la forçait à se déplacer vers un coin encore plus sombre, elle pria pour un miracle. Il la poussa brutalement contre un mur, passa l'une de ses mains grasses derrière sa nuque et s'approcha de son visage susurrant des paroles obscènes que la jeune femme avait peine à comprendre, c'était surement mieux ainsi. Elle ferma les yeux, tremblante, soudain ses mains furent brusquement libérées. Ses yeux s'ouvrirent, ses pupilles s'écarquillèrent alors qu'elle voyait l'homme plier en deux par le coup que lui avait donné un autre jeune homme. Elle ne mit que quelques secondes avant de reconnaître cette silhouette, Kenneth. La seule et unique personne qu'elle s'était donnée un mal fou à ignorer depuis plusieurs jours était venue à son secours. Elle était surprise qu'il se donne la peine de la défendre alors qu'elle avait été assez stupide pour l'éviter lui et toutes les conversations qui auraient pu découler d'une nouvelle rencontre. Tandis qu'il parlait à l'agresseur d'une voix posée, mais stricte, une larme perla sur le coin de la joue d'Annabeth laissant ainsi la peur qui l'avait envahit peu à peu s'échapper.

Il se tourna vers elle un bref instant, laissant apparaître son visage viril et ces yeux qui avaient le don de sonder l'âme de la jeune femme en un claquement de doigts. « Est-ce que ça va ? » Elle arriva avec peine à hocher la tête et n'eut pas le temps de le remercier car l'homme, qui semblait souffrir à la mort quelques secondes plus tôt, s'était à présent jeté sur Kenneth. Annabeth regardait la bagarre effrayée, elle voyait que le jeune homme n'aurait aucun mal à avoir le dessus jusqu'à ce que son adversaire brandisse un coutelas. Elle porta ses mains à sa bouche et eut le bon réflexe de se déplacer, mais ne pouvait se résoudre à quitter la bagarre des yeux. Un nœud était apparu dans son estomac alors que son regard restait braqué sur son sauveur. Il ne suffit que de quelques minutes à Kenneth pour désarmer l'autre homme, il le roua ensuite de coup avec une telle violence qu'elle stupéfia la jeune femme et ne s'arrêta qu'une fois le corps de son adversaire inerte. « Toujours pas enfuie ? » Elle l'observa muette, aucun mot ne parvenait à émerger, elle était encore en état de choc. Son agresseur mit quelques minutes avant de tenter de se relever, toussant et crachant du sang, il réussit à s'éloigner, trébuchant à de nombreuses reprises, rampant presque jusqu'à un endroit qui lui semblerait sûr. Annabeth aperçu son regard noir, alors qu'il s'assurait de ne pas être suivit par l'homme qui l'avait presque battu à mort.

Elle se tourna ensuite vers Kenneth, remarquant avec frayeur qu'en plus d'avoir une entaille sur le front, il saignait également du flanc et que ses poings n'étaient guère en meilleur état. « Viens avec moi.» Oui, elle avait pensé à fuir, comme elle faisait depuis des jours, mais elle ne pouvait définitivement pas se résoudre à le laisser dans cet état. Surtout que c'était entièrement de sa faute s'il était blessé. Elle soupira et lui attrapa délicatement la main, elle le dirigea vers la porte de son arrière boutique qu'elle n'avait pas eu le temps de fermer à clé. Elle l'ouvrit, encore tremblante et alluma immédiatement la lampe, prenant soin d'installer le jeune homme sur le fauteuil où elle s'était assise un peu plus tôt. « Tu es mal en point. Je suis vraiment désolée. » Accroupit, elle baissa les yeux sur la main ensanglantée qu'elle tenait encore, avant de la lâcher pour se relever. Elle disparu quelques secondes derrière le rideau de velours rouge, atteignant ainsi son arrière boutique, et en revint avec une petite boîte de la même couleur. Elle s'accroupit à nouveau, pressant délicatement une compresse imbibée d'alcool contre la coupure de son front. Elle faisait tout pour ne pas avoir à croiser son regard, ses yeux braqués sur la blessure. Après un long moment sans la moindre parole, Annabeth arriva à entrouvrir les lèvres pour laisser échapper un « Merci. » avant de baisser une nouvelle fois le regard.  

 
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MessageSujet: Re: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptyDim 25 Mai - 0:48


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Kenneth & Annabeth

Il ressentit une intense satisfaction en remarquant que l’homme avait du mal à se relever, le genre de plaisir malsain qui n’avait pas toujours sa place en société. Il avait eu le dessus et il savait qu’il aurait pu éviter ces blessures s’il n’avait pas été distrait par la présence d’Annabeth. La présence de la jeune femme était perturbante, à tous points de vue. Il avait dû l’occulter pour se concentrer sur son combat, et maintenant qu’il reprenait peu à peu conscience de ce qui l’entourait, il était à nouveau frappé par l’effet qu’elle produisait sur lui. Il sentait le poids de son regard sur lui, dérangeant, angoissant et pourtant étrangement réconfortant. Il sursauta en sentant ses doigts se refermer autour des siens avec douceur pour l’entraîner à sa suite, mais il lui emboîta le pas docilement. Quelque chose en elle l’apaisait, réduisant la bête grondante en prédateur observateur. La créature gardait toujours ses griffes et ses crocs, elle restait susceptible de bondir à tout instant pour déchiqueter la chair avec contentement, elle restait dangereuse… Néanmoins, tant que la douce blonde était là, il savait qu’elle resterait dans un coin de son esprit, à feuler de méfiance et à dévisager de ses prunelles dorées l’intruse qui s’immisçait dans son existence avec autant de facilité. Il ne comprenait pas le besoin qu’il avait qu’elle cesse de lui tourner le dos, qu’elle lui parle encore de Carrie ou qu’elle soit simplement là. Il se sentait en confiance et il n’avait pas encore déterminé si c’était à tort ou à raison.

Ils se séparèrent une fois à l’intérieur de la boutique. « Tu es mal en point. Je suis vraiment désolée. » Il haussa un sourcil amusé, ce qui réveilla la douleur de sa coupure au front en le faisant grimacer. « Ne dis pas de bêtise. » la coupa-t-il un peu brutalement. Conscient de sa sécheresse, il reprit, un peu plus neutre : « Ce n’est pas de ta faute. Le seul à blâmer n’est plus là… J’aurais préféré que ce soit de ta faute, ceci dit. » Cette fois, il eut un sourire en coin avant de terminer : « J’aurais eu plus de facilité à te contenir. » Elle lâcha ensutie sa main pour disparaître momentanément derrière le lourd rideau de velours rouge et il prit ce temps pour examiner l’environnement dans lequel il se trouvait. Ce n’était pas la première fois qu’il était ici, cependant il était toujours impressionné par l’atmosphère qui se dégageait de ces lieux. Du mystère, certes, mais aussi une touche de féminité, de classe, quelque chose d’unique et à la fois de commun. Sur chaque bijou qu’il regardait, il percevait la présence de la propriétaire, son savoir-faire et son amour pour ce commerce. Ce n’était pas tellement l’orfèvrerie qui lui plaisait, elle lui avait parlé de son besoin de liberté, de son envie d’ouvrir une boutique, un rêve qu’elle avait pu réaliser ici. Neverland lui avait permis de s’éveiller à une nouvelle existence. Elle y avait pris un nouveau départ. Le bruissement du tissu le tira de ses pensées et il vrilla immédiatement son regard sur elle.

Il grogna dès l’instant où elle apposa la compresse imbibée d’alcool sur sa blessure à la tête, ses iris sombres se gorgeant de colère. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce traitement ? » gronda-t-il plus pour la forme que par réelle rage. « Habituellement on récompense son sauveur avec des baisers, pas en le faisant davantage souffrir. » Il prit une moue presque boudeuse, enfoncé dans le fauteuil moelleux, grimaçant à qui mieux mieux dès qu’elle tamponnait la coupure. Pendant de longues minutes, ils n’échangèrent plus la moindre parole. Plus il essayait de croiser son regard, plus elle l’évitait. Il craignait qu’elle ne fasse subitement marche arrière, qu’elle ne le laisse se débrouiller avec ses blessures et qu’elle ne file à l’anglaise… Après tout, ils étaient tous deux experts en ce domaine. Fuir, échapper à des obligations qui ne leur plaisaient pas. Sans doute l’était-il davantage qu’elle, puisqu’il avait même fuit le bonheur par égoïsme. Il s’apprêtait à prendre la parole, excédé par le silence qui le rendait nerveux, néanmoins elle le devança. Le remerciement qu’elle lui adressa d’une voix hésitante le surprit, éteignant brièvement le brasier de colère et d’incompréhension qui sommeillait en permanence en lui. Il n’avait pas l’habitude d’être… comment dire ? Un héros ? Quand même pas à ce point-là. Disons simplement que les remerciements n’étaient pas son pain quotidien. Il était plus familier avec les insultes et les menaces.

« De quoi ? » finit-il par demander presque nonchalamment, son regard sombre cherchant désespérément le sien. Son ton était légèrement provocateur, il espérait ainsi la forcer à le regarder. Il avait besoin qu’elle le fasse, ce serait le premier pas vers… Vers quoi, au juste ? Vers quelque chose. Quelque chose dont il avait envie et besoin. Quelque chose qui, pour une fois, lui semblait bien. « De t’avoir évité un funeste destin ? D’avoir été ton preux chevalier ? D’avoir illuminé ta soirée par ma simple présence ? » Il continuait à la pousser dans ses retranchements, ses tentatives se soldant par des échecs. Le haïssait-elle ? Non, elle n’aurait pas pris soin de lui dans ce cas. Agacé par son manque de réaction, il attrapa son poignet, celui dont elle se servait pour tamponner sa blessure au front. « Annabeth, » l’appela-t-il avec une douceur peu habituelle venant de lui. « Regarde-moi. Un « merci » n’est valable que lorsqu’il est prononcé sincèrement. » Il ne reconnaissait pratiquement pas sa propre voix ainsi, il s’efforçait de se montrer plus prévenant qu’il ne l’était, de lui prouver qu’il ne lui voulait aucun mal. Il aurait pu juste rester là, assis dans ce fauteuil, à la laisser s’occuper de ses blessures. Il aurait pu la remercier d’un ton distant pour ses soins et s’en aller. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il s’attendait à sentir la morsure de l’alcool sur sa coupure à tout instant, signe comme un autre qu’elle préférait se concentrer sur ce qu’elle faisait plutôt que de lui répondre. Si elle l’ignorait… Si elle l’ignorait, il partirait. Si elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, il l’accepterait. Il n’allait pas la forcer à quoi que ce soit. Si cette nuit qu’ils avaient partagée ne signifiait rien pour elle, il ne pouvait pas lui imposer sa présence. Pourtant, malgré toutes ses bonnes résolutions, Kenneth garda ses doigts enroulés autour de son poignet, dans l’attente de sa réponse. Ses prunelles sombres scintillèrent.

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Annabeth Darnell

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MessageSujet: Re: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptyDim 25 Mai - 12:56

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annabeth ∞ kenneth
Annabeth respirait doucement, les battements de son cœur commençaient enfin à reprendre un rythme normal. Et l'impression désagréable que son cœur allait sortir de sa poitrine s'estompait peu à peu. L'atmosphère de sa boutique l'avait immédiatement rassurée et elle avait du mal à se l'avouer, mais la présence du jeune homme y était également pour beaucoup. Quelque chose dans son attitude, probablement sa confiance et sa détermination, avait le don de l'apaiser. Elle avait installé Kenneth sur un fauteuil moelleux, celui qu'elle préférait dans la pièce. Il était situé à côté du comptoir ce qui permettait d'observer aisément les plus beaux bijoux du magasin et également de recevoir la lumière traversant la vitrine en journée. C'était à cette endroit que les idées de la plupart de ses créations lui étaient venues, c'était là aussi qu'elle avait bu accompagnée de Kenneth. Se rappeler de ce souvenir lui causait irrémédiablement une sensation étrange, un mélange entre la honte d'avoir divulgué son passé et sa vraie nature aussi facilement et de l'euphorie, en repensant au bien que cela lui avait fait. Culpabilité, soulagement, joie, tristesse, cet homme provoquait tous les sentiments possibles et inimaginables en elle.

Alors qu'elle observait avec horreur toutes ses blessures, elle s'excusa, elle n'en avait pas l'habitude d'ordinaire bien trop fière pour prononcer un simple désolée, mais ce mot était apparu tout naturellement et elle l'avait laissé s'échapper sans même en prendre conscience. « Ne dis pas de bêtise. » Elle sursauta légèrement, elle savait bien qu'au fond,  elle n'avait pas provoqué son agresseur, mais elle l'avait ignoré à de nombreuses reprises et il avait alors trouvé le moyen de se faire réellement remarqué. Encore une fois, elle était persuadée que son mauvais caractère l'avait conduite à cette situation. « Ce n’est pas de ta faute. Le seul à blâmer n’est plus là… J’aurais préféré que ce soit de ta faute, ceci dit. » Elle le vit sourire et ne pu s'empêcher de faire de même. « J’aurais eu plus de facilité à te contenir. » Elle ne répondit pas, elle se sentait trop vulnérable en sa présence pour avoir les idées claires. Et elle savait que la moindre de ses paroles donnerait à Kenneth la chance d'avoir le dessus. A la place de prononcer le moindre mot, elle appuya la compresse contre son front le plus délicatement possible, elle vit à la mine de Kenneth qu'il souffrait et elle faillit s'excuser une nouvelle fois, mais parvint à se retenir. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce traitement ? » Elle leva les yeux au ciel, continuant à nettoyer la plaie du mieux qu'elle pouvait. Elle n'avait jamais vraiment eu une âme d'infirmière, c'était d'ailleurs uniquement pour la forme qu'elle avait acheté une boîte contenant le nécessaire de premier secours. Annabeth avait pour habitude de ne pas se soigner, elle avait trop peur d'avoir encore plus mal et préférait laissé ses blessures guérir seules. Bien évidemment, on ne parlait que de petites coupures. « Habituellement on récompense son sauveur avec des baisers, pas en le faisant davantage souffrir. » Elle sourit, croisant ses pupilles d'un noir intense pendant un bref instant avant de détourner le regard. « Même blessé tu parviens encore à dire des bêtises. » Elle s'occupa de sa blessure encore quelques minutes, laissant un silence dérangeant s'installer. Finalement, elle arriva à prononcer un merci, ses joues devenant légèrement écarlate. Elle abaissa enfin sa main, même si elle n'y connaissait rien, elle était pratiquement certaine que la plaie était maintenant parfaitement nettoyée. « De t’avoir évité un funeste destin ? D’avoir été ton preux chevalier ? D’avoir illuminé ta soirée par ma simple présence ? » Ses questions ne faisaient qu'agrandir le nœud qui était apparu dans son estomac depuis le début de la bagarre. Elle détestait se retrouver là, impuissante face à ses paroles qui lui semblaient terriblement vraies. Elle avait horreur de se rendre compte qu'elle lui devait beaucoup et qu'en plus de ça, elle appréciait inexplicablement sa présence. Elle ouvrit la petite boîte rouge, attrapant une nouvelle compresse en prenant le plus de temps possible afin de ne pas devoir lever les yeux vers lui. Son attitude agaça probablement le jeune homme, car il lui attrapa brusquement le poignet, la forçant à rencontrer son regard. « Regarde-moi. Un « merci » n’est valable que lorsqu’il est prononcé sincèrement. » Elle était sincère, surement bien plus qu'elle ne l'avait jamais été. Avec lui, elle ne pouvait faire autrement. Elle se sentait vulnérable et piégée, elle associait cette sensation aux choses personnelles qu'elle lui avait révélé, comme si elle lui avait donné la clé de son âme. Et pourtant, il avait fait de même et cela ne semblait pas le perturber outre mesure. Sa voix était étonnement douce, elle savait qu'il désirait simplement la mettre en confiance, mais ça ne fonctionnait qu'à moitié. « Merci Kenneth. » Elle était froide tant par son attitude que par sa voix. Tiraillée entre trois émotions, l'envie de se livrer une nouvelle fois, la peur de ne plus avoir de secret pour lui et l'angoisse de faire remonter la tristesse qui la berçait depuis sa plus tendre enfance. « Je déteste le simple fait de devoir quelque chose à quelqu'un et avec ce que tu as fait ce soir, je vais devoir t'être redevable toute ma vie. » Elle avait encré ses prunelles bleues dans son regard si profond. Sa mine sérieuse ne tarda pas à disparaître derrière un sourire. Ce sourire dont elle se servait si souvent pour cacher ses véritables sentiments, ce sourire qui l'avait sortie de bien des situations complexes, ce sourire qu'elle espérait que Kenneth prendrait pour un geste sincère plutôt que de deviner qu'il ne s'agissait que d'une façade. Son poignet était toujours maintenu par cette main à la force redoutable, elle la contempla un instant et se souvint avec quelle facilité elle avait brisé le poignet de son agresseur quelques instants plus tôt. Décidant cette fois-ci de ne pas conserver le silence trop longtemps, elle s'empressa de continuer à parler, espérant ainsi que le jeune homme suivrait son changement de conversation sans poser de nouvelles questions. « Tu vas devoir enlever ta chemise.» Elle releva ses sourcils laissant apparaître son amusement. « Ne rêve pas, je veux juste soigner cette blessure là aussi. » Elle désigna l'endroit qui avait été touché par le coutelas, un sourire en coin. « Je te conseil de montrer tes blessures à quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais été une très bonne infirmière et je ne voudrais pas que ça s'infecte. » Elle retourna la petite bouteille d'alcool sur la nouvelle compresse se préparant ainsi à soigner encore de nombreuses blessures. « Ça ne te fais pas trop mal ? »

 
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MessageSujet: Re: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptyMar 3 Juin - 4:48


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Kenneth & Annabeth

Kenneth n’était pas le genre d’homme qui se livrait aisément. Il était même carrément renfermé, c’était à peine s’il déclinait son nom de famille lorsqu’il se présentait – d’autant plus que ce n’était plus réellement le sien depuis des années. Néanmoins, auprès de la farouche blonde, il s’était immédiatement senti en confiance. Sans doute davantage qu’il n’aurait songé l’être avec qui que ce soit, Mara exceptée. Cette dernière était la seule amie qu’il avait eu depuis des décennies, elle connaissait tout ce qu’il y avait à savoir sur son protégé, elle l’appréciait et il lui rendait la pareille. Peut-être que dans une autre vie, ils auraient pu devenir autre chose que des associés, mais l’occasion ne s’était jamais présentée. Néanmoins, leur relation demeurait complexe et profonde. Construite sur une confiance acquise après de nombreux mois passés à se fréquenter, à s’apprivoiser. Ce n’avait pas été le cas avec Annabeth ; il avait suffi qu’ils partagent une bouteille d’alcool – ou peut-être deux ? – pour qu’il lui dévoile ses plus sombres secrets. Les plus humiliants, les plus émouvants, les plus soigneusement enfouis. Ces confidences l’avaient soulagé d’un poids dont il n’avait pas eu conscience et il avait besoin de sa présence pour continuer à se sentir aussi… libéré. Il pensait que Mara lui avait offert cette liberté depuis longtemps, mais elle avait une autre saveur sur les lèvres de la jolie gérante. Un goût de pardon, un goût de… Paradis ? C’était insensé. C’était effrayant, insensé et impossible. Pourtant il était là ce soir, à grimacer à cause de l’alcool qui imbibait ses blessures, à bouillonner intérieurement chaque fois qu’elle évitait son regard.

Finalement il n’en supporta pas davantage et la confronta, saisissant son poignet délicat entre ses doigts. Il ne lui serait jamais venu à l’esprit de la blesser ceci dit, néanmoins le doute était permit pour son interlocutrice. Il se savait intimidant, il n’avait simplement jamais songé à l’effet que cela pourrait avoir sur des personnes auxquelles il tenait. Elle lui répondit d’un ton froid, distant, qui le blessa plus qu’il ne l’aurait cru. Par habitude, cependant, il n’en montra rien. Montrer ses sentiments ne servaient généralement qu’à donner une prise à ses adversaires, par conséquent il ne laissait filtrer que ce qui l’arrangeait et garder le rester parfaitement dissimulé sous un masque d’impassibilité. Ce soir encore, il se retrouvait malgré lui à cacher sa peine derrière un élan de colère. La colère, c’est plus facile que la douleur. C’est moins encombrant. « Je déteste le simple fait de devoir quelque chose à quelqu'un et avec ce que tu as fait ce soir, je vais devoir t'être redevable toute ma vie. » Il eut un mouvement, à mi-chemin entre le haussement d’épaules et le hochement de tête. « Si ça peut te rassurer, je n’aime pas ça non plus. » Il marqua un temps d’arrêt, prenant subitement conscience qu’elle pourrait mal interpréter sa phrase. « Pas que tu me doives quelque chose, c’est pas ça… J’aime pas être redevable non plus. On a qu’à dire qu’on sera quitte quand tu m’auras remis sur pieds. Moi, ça me conviendra. » Puis elle lui offrit un sourire, qu’il aurait été tenté de croire s’il n’y avait pas eu cette lueur dans son regard. Celle qui disait : s’il te plaît, crois-le, même si tu sais que je mens. Il fut tenté de lui signaler qu’il ne marchait pas, mais curieusement il se retint.

Ce n’était pas le moment de contrarier l’infirmière. Après un moment de silence où elle le dévisagea en observant son poignet qu’il tenait encore, elle reprit la parole. Même s’il sentait qu’elle n’était pas aussi à l’aise que la dernière fois, il était apaisé par le son de sa voix. Elle éveillait en lui un sentiment de sécurité auquel il n’était plus accoutumé, qu’il n’avait ressenti que dans la famille des Brewster avant qu’ils ne lui annoncent qu’ils attendaient un nouvel enfant. Il s’était senti trahi par ce fœtus même pas né, par ce qu’il représentait pour ce foyer. Il serait leur véritable enfant, issu de leur chair et de leur sang. Que pouvait-il faire pour combattre un tel adversaire ? La seule chose valable avait été de prendre la fuite. Tout, plutôt que d’avoir à connaître la défaite une nouvelle fois. Il se considérait vainqueur, parce que c’était lui qui les avait abandonnés avant qu’ils ne le fassent. C’était comme avec les femmes finalement. Il les quittait avant qu’elles ne le fassent. C’était plus simple ainsi. Plus sain, tout du moins pour lui. Annabeth lui demanda finalement d’enlever sa chemise, ce à quoi elle ajouta presque immédiatement qu’il n’avait pas à se faire d’illusion. Il eut un sourire amusé, ses lippes se tordant vers un coin de sa bouche tandis qu’il haussait un sourcil interrogateur. « Vraiment ? Quel dommage, moi qui pensais qu’on allait enfin passer aux choses sér– argh… » Il n’eut pas le loisir de terminer sa phrase pleine d’humour, car le geste qu’il fit pour se débarrasser de sa veste lui rappela qu’il aurait pu récolter quelque chose de bien plus grave. « Hum, ça s’infectera pas si tu continues de faire ça. Tu te débrouilles pas si mal, pour une apprentie infirmière. Peut-être que je suis simplement douillet, ou que je joue la comédie pour t’attendrir. » argua-t-il avec un semi-rictus pendant qu’il déboutonnait sa chemise, la ensuite reposer sur l’accoudoir avec sa veste. Il était loin d’être pudique, aussi ne ressentit-il aucune gêne à se montrer torse nu face à une femme. Qui plus est, Annabeth avait probablement vu tout ce qui était intéressant la dernière fois.

Elle le questionna une nouvelle fois, apparemment inquiète de l’entendre pousser des grognements et des grondements. Il n’avait pas réellement mal, c’était davantage son égo qui avait été blessé lors de l’affrontement. Il avait connu bien pire et bien mieux, mais ce genre de blessures n’étaient finalement que des gênes pour le quotidien. Elles n’étaient en rien handicapantes ou délicates à soigner. Il pencha la tête vers la compresse qu’elle tenait, écartant légèrement le bras pour lui permettre d’accéder plus aisément à sa blessure superficielle. « J’ai connu un type qui disait que tant qu’il avait mal, c’est qu’il était en vie. Autant te le dire tout de suite, sa belle devise ne lui a pas permis de vivre longtemps. Mais il n’avait pas forcément tort… Ça pique, mais ça va. » Il lui coula un regard amusé. « Fais pas cette tête, Annabeth. C’est moi le patient. » Il aurait dû être plus vigilant avec ce gars, mais il avait été distrait par la présence de la belle gérante. Elle le perturbait, elle l’apaisait et le rendait fou en même temps. Il aurait aimé qu’elle ne se montre plus aussi distante, mais il n’était absolument pas doué pour se faire comprendre. Dès qu’il s’agissait d’aligner plus de deux mots sentimentaux et dénués de sarcasmes, il ne savait plus quoi dire. Elle le rendait muet, sans en avoir conscience, parce qu’elle en savait trop sur lui et qu’il n’avait pas ressenti le besoin de la fuir. Pendant quelques minutes, ils n’échangèrent plus aucun mot, elle concentrée sur sa tâche et lui serrant les dents pour éviter de se remettre à grogner. C’était bête, seulement il ne voulait pas qu’elle continue de s’inquiéter à son sujet. « J’irais pas voir quelqu’un d’autre… » finit-il toutefois par cracher entre deux inspirations, dissimulant toutefois habilement sa douleur. « Il n’y a qu’avec toi que je peux me permettre d’être… » Il ferma les paupières pendant qu’elle se penchait sur sa blessure. « … faible. »

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Annabeth Darnell

Annabeth Darnell
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MessageSujet: Re: ✻ I need to know now - annabeth. ✻ I need to know now - annabeth. EmptyMer 4 Juin - 22:04

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annabeth ∞ kenneth
Annabeth avait dressé un mur gigantesque entre elle et Kenneth. Une cloison qui lui permettait de mettre ses sentiments et ses pensées de côté. Elle réagissait de la même façon avec tout le monde, se protégeant en évitant d'éprouver la moindre affection pour quelqu'un. Depuis la perte de sa sœur, elle n'avait plus été aimée. Du moins, pas autant qu'elle aurait du le mériter. Entre une mère l'accusant de tous les maux, un père absent et un mari ne cherchant qu'une femme pour répondre aux moindres de ses désirs, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressentie qu'elle était utile dans la vie d'autrui. Elle se plaisait à croire que ça l'arrangeait de n'avoir aucune attache, mais au fond, elle faisait simplement avec, persuadée qu'elle n'était pas faite pour mener une quelconque relation amicale ou amoureuse avec une personne. Elle était désespérément seule et s'était accoutumée à cette vie. Alors quand elle avait remarqué que Kenneth désirait revenir vers elle, elle avait fuit. Elle lui avait ouvert son cœur et il avait fait de même. Durant une soirée elle avait baissé sa garde et elle n'avait pas réussi à passer outre. Elle ne pouvait se résoudre à faire comme si elle ne lui avait rien révélé. Elle avait honte de s'être montrée si fragile et si triste. Alors elle avait dressé un nouveau rempart, espérant que celui-ci serait plus solide que le précédent et qu'il tiendrait face à Kenneth. Malheureusement, chacun de ses mots, chacune de ses phrases l'affaiblissaient un peu plus.

Elle lui avoua détester le simple fait de lui être redevable. Elle ne pourrait plus se permettre, après ce soir, de le fuir comme elle l'avait fait durant de nombreux jours. « Si ça peut te rassurer, je n’aime pas ça non plus. Pas que tu me doives quelque chose, c’est pas ça… J’aime pas être redevable non plus. On a qu’à dire qu’on sera quitte quand tu m’auras remis sur pieds. Moi, ça me conviendra. » Elle haussa légèrement les sourcils. Elle savait bien qu'elle se considérerait endettée, même après ce qu'il lui avait répondu, mais elle ne désirait pas le contrarier et préféra lui accorder un sourire. Faux, mais un sourire quand même et elle avait déjà dû fournir un énorme effort pour arriver à ce résultat.

Malgré la froideur qu'elle essayait d'installer depuis le début de leur conversation, elle avait de plus en plus de mal à rester distante. Et c'était sans sa permission que sa propre voix avait décidé de devenir nettement plus chaleureuse. Elle le pria d'enlever sa chemise, espérant parvenir à soigner la blessure de son flanc aussi bien que celle de son front. « Vraiment ? Quel dommage, moi qui pensais qu’on allait enfin passer aux choses sér– argh… » Elle avait pourtant tout fait pour stopper net la moindre de ses plaisanteries douteuses, apparemment cela n'avait pas suffit. Annabeth leva les yeux au ciel et soupira en lisant la douleur sur le visage du jeune homme. « Tu es dans un sale état. » Oh oui, il était vraiment dans un sale état et la blondinette s'en voulait énormément. Elle aurait tant aimé pouvoir guérir toutes ses blessures et arrêter ses souffrances. Au lieu de ça, elle ne pouvait que l'observer se tordre de douleur. Et encore, il semblait supporter le mal bien mieux que d'autres.

Ses pupilles s'écarquillèrent lorsqu'elle aperçu la blessure, elle était profonde et Annabeth ne pu s'empêcher de faire part de ses inquiétude quant à ses capacités à le soigner correctement. « Hum, ça s’infectera pas si tu continues de faire ça. Tu te débrouilles pas si mal, pour une apprentie infirmière. Peut-être que je suis simplement douillet, ou que je joue la comédie pour t’attendrir. » Un sourire se dessina au coin de ses lèvres. Il était loin d'être douillet, à sa place beaucoup auraient déjà mêlés cris et larmes. « Vu tes blessures, non, tu n'es pas douillet. Alors tu dois vouloir m'attendrir et ça marche plutôt bien je dois dire. » Il ôta sa chemise et Annabeth s’efforça de ne pas l'observer, sinon il ne se gênerait pas pour lui faire une remarque qu'elle se devrait d'ignorer, comme toutes les autres. Elle croisa son regard pendant quelques secondes, avant de reporter toute son attention vers la blessure. Elle pressa délicatement la compresse, ressentant un frisson à chaque fois que le bout de tissu rentrait en contact avec sa peau. Elle ne pouvait imaginer la douleur qu'il devait endurer. « J’ai connu un type qui disait que tant qu’il avait mal, c’est qu’il était en vie. Autant te le dire tout de suite, sa belle devise ne lui a pas permis de vivre longtemps. Mais il n’avait pas forcément tort… Ça pique, mais ça va. » Sa mère. Sa mère lui disait la même chose dès qu'elle se plaignait. "Au mois tu sens que tu vis." Elle y ajoutait un regard lourd de sens. Car oui, elle était en vie, elle, pas comme sa sœur et n'avait donc aucune raison de geindre. Elle déglutit avec peine en repensant à cette sombre époque et jeta un regard désolé à Kenneth en posant une nouvelle fois la compresse contre sa chair. « Fais pas cette tête, Annabeth. C’est moi le patient. » Elle sourit et baissa la tête. « Je sais et justement, je ne peux pas m'empêcher d'avoir mal pour toi. Et puis je crois qu'il faudrait te recoudre. » Elle le fixa, un air grave plaqué sur son visage. Evidemment, elle avait tout le nécessaire et on ne pouvait pas nier ses talents de couturière, mais elle n'était pas certaine d'y arriver. « Et... Je crois pas en être capable. » Elle ne supporterait pas lui faire encore plus mal. Pas après ce qu'il avait déjà enduré à cause d'elle.

« J’irais pas voir quelqu’un d’autre… » Elle arrêta son mouvement et leva les yeux vers lui. Elle inspira puis continua de nettoyer sa blessure. « Il n’y a qu’avec toi que je peux me permettre d’être… » Son cœur rata un battement, alors qu'elle se pencha à nouveau sur sa blessure. Elle pouvait ainsi dissimuler ses émotions au regard du jeune homme. « … faible. » Elle lui fit subitement face, ses yeux vinrent s'encrer dans les prunelles noirs de Kenneth et elle eu un léger mouvement de recul. Elle s'assit en tailleur, donnant ainsi un peu de répit à ses jambes et le fixa. « Faible ? Tu as fais ce qu'aucun autre n'aurait fait pour moi, tu m'as sauvé. Tu es sérieusement blessé et pourtant je ne t'ai pas entendu te plaindre. Non, on ne peut pas dire que tu sois faible loin de là. Que ce soit dans ta vie ou ce soir, tu as toujours fait preuve de beaucoup de courage. » D'après son récit la jeune femme était impressionnée qu'un enfant ait réussi à survivre comme il l'avait fait. Et qui plus est, un enfant qui était devenu un homme tel que celui qui se tenait face à elle. Elle ne lui avait pas réellement avouée, mais son histoire, du moins ce qu'il avait bien voulu en révéler, l'avait touchée au plus profond de son âme. Sa mine était on ne peut plus sérieuse et elle s'en voulait déjà d'avoir prononcé ces mots. Elle dévia son regard, honteuse. « En tout cas, c'est ce que tu es à mes yeux. » Sa voix était restée froide, mais elle était cruellement sincère. Ses joues prirent une teinte rosée et elle le masqua en détournant le visage. Braquant ses yeux vers le tapis noir sur lequel elle était confortablement installé. « Je n'aurais pas du dire tout ça, je suis désolée. » Elle avait peur de l'avoir blessé, en faisant allusion à ce qu'il lui avait raconté. Mais surtout, elle se dépêchait de faire marche arrière, car elle sentait qu'elle allait de nouveau en dire trop. Elle devenait bien trop vite vulnérable en sa présence.


 
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