hawk thomas & peter pan

I became insane, with long intervals of horrible sanity.

Il y avait quelque chose d’excitant à mettre sa vie en danger, quand bien même on était immortel. Sans doute son désir de rester enfant le poussait-il à braver les interdits encore et encore, comme pour s’accrocher à l’illusion qu’il en resterait un pour l’éternité alors que tout laissait croire le contraire. En survolant seul Neverland, Peter Pan sentit son cœur s’emballer. Les lumières de Rivebois lui donnaient la nausée plus qu’elles ne le fascinaient : elles n’auraient jamais dû être là ! Le monde extérieur n’était-il pas assez grand, pour qu’ils viennent détruire son île et ses habitants ? Il se sentit alors fatigué et descendit en pique vers le navire amarré au port de la ville, le Neptune. Comme si Peter n’avait pas assez de problèmes avec Hook, il avait fallu que d’autres pirates avec des bateaux plus gros les uns que les autres le rejoignent. Rebondissant sur la voile, il s’y laissa glisser en rigolant et tomba des mètres plus bas, sur le sol. Grimaçant légèrement, il se releva et lissa ses vêtements en observant ce qui se trouvait autour de lui. A cette heure-ci, la plupart des pirates écumaient les tavernes ou dormaient en ville, même si certains gardaient toujours le navire. Pourtant, en cet instant, tout était calme. Le garçon fit quelques pas sur le pont, visage masqué par sa cape, sourire espiègle aux lèvres. Il ne comprenait vraiment pas qu’on puisse passer sa vie sur les mers, en proie à un mal qu’il s’était déjà connu lorsqu’il avait dû aller sauver Tiger Lily et la famille Darling des griffes de Hook. Ca tanguait, ça donnait la nausée, ça puait et c’était minuscule … Mais quelque part, c’était fascinant. Peter s’assit sur le rebord en silence, se demandant par où commencer son observation. Sa force déclinait et il ne pouvait plus se permettre d’attaquer les yeux fermés ; pas qu’il ait peur pour lui, mais pour les siens. Ces enfants avaient besoin de lui. C’est alors qu’une silhouette se découpa dans les ténèbres, un peu plus loin. S’il y avait bien une chose que Peter détestait, c’était de ne pas connaître les noms de chacun des habitants de Neverland. Les visages. Les voix, et les odeurs. Il se sentait impuissant dans son propre monde, qui jusqu’alors n’avait fait que répondre à ses désirs et ses fantasmes d’enfant. « Êtes-vous le capitaine du Neptune ? » demanda-t-il, sans peur aucune dans le ton. Peter veilla à ce que sa cape soit bien sur sa tête : plus il restait caché, mieux il se portait. « Quel beau navire que celui-ci ! Vous devez vous sentir invincibles lorsque vous fendez les mers ! » Il éclata d’un rire mystérieux, oscillant entre la moquerie et l’amusement. Peter n’était qu’un enfant.

Codes par Wild Hunger.

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Peter fut ravi de constater que le pirate ne l’agressa pas imédiatement. Il avait quelques minutes de répit pour se remettre, alors que Hook ne lui en aurait laissé aucune. « Pas exactement non, mais t'es pas si loin de la vérité. » Le garçon acquiesça. « Vous êtes donc le bras droit. » Un homme qu’il ne fallait pas sous-estimer, puisqu’il avait su impressionner le Capitaine au point d’être son homme de confiance. « Au Pays Imaginaire, on se sent très facilement invincible, pas besoin d'un navire ou de fendre les mers … » Peter rit et secoua la tête. « Profitez-en donc, ça ne dure pas pour l’éternité … » Il laissa ses mots en suspens, et ne s’étalerait que si il lui demandait ce qu’il entendait par là. Car Peter s’était longtemps cru invincible, jusqu’à ce que la noirceur ne commence à ronger son cœur et qu’il grandisse de jour en jour. Il détestait ce qu’il était devenu, terrifié par ce corps dont les pulsions n’étaient en rien semblables à celle du gamin qu’il avait été. « Qu'est-ce que tu fais à bord de ce navire, petit ? Tu devrais déjà dormir depuis longtemps ! » Le garçon sauta du rebord et fit quelques pas sautillants sur le pont, pour se placer face à l’homme qui s’était également assis sur le rebord du bateau. Il observa son visage pâle, ses cheveux blonds et ses yeux presque noirs. Il frémit et baissa sa propre capuche avec un sourire provocateur aux lèvres. « Il n’y a que les faibles qui dorment. Quand bien même on a l’éternité devant soi, il y a trop de choses à découvrir pour perdre du temps à dormir. N’est-ce pas ? » Peter s’approcha du mat et laissa courir ses doigts sur le bois noble qui constituait le navire, avec une fascination non-dissimulée. « Votre Capitaine n’a-t-il pas peur de laisser la surveillance du navire à vos seuls soins ? Si quelqu’un décidait par hasard de venir y dérober ce qui l’intéresse … Ce serait fâcheux. » Il haussa les sourcils en signe de défi et continua son exploration du pont, avant de finir par venir s’accouder au bord du navire, non loin de l’homme en qui il n’avait pas suffisamment confiance pour se poster directement à ses côtés. « Savez-vous que votre ami William et vous tous épuisez Neverland en assouvissant vos désirs de mâles dominants ? Vous détruisez l’essence même de l’île et de ce qui l’a fait naître. » Regard rivé vers les lumières de la ville, il enchaîna : « Savez-vous seulement où vous vous trouvez ? » Peter tourna lentement la tête et planta ses yeux dans les siens, sourire espiègle aux lèvres. Il avait hâte que cet homme dévoile ce qu’il savait de l’endroit, si seulement il daignait le faire. Mais il n’avait pas le regard d’un pirate idiot non, au contraire, il suintait la ruse et l’intelligence, bien qu’il puisse y déceler également une profonde tristesse.

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I became insane, with long intervals of horrible sanity.

Peter sourit. « Encore heureux, l'éternité, ça doit être épuisant. » Le garçon lâcha un petit rire amusé et acquiesça. « Surtout à la fin. » Epuisé, il l’était ; plus que jamais. Son éternité prenait fin, et peut-être qu’un jour proche il aurait une apparence adulte. Terrifié, fatigué, il s’évertuerait pourtant à conserver cette apparence frêle et fragile qui déterminait qui il était : Peter Pan. « Je ne suis pas seul sur ce navire, seulement les rares autres ne sont pas aussi actifs la nuit que le jour. Et je ne pense pas que qui que ce soit ait l'intention de venir mettre son nez dans les affaires du Capitaine ou dans les miennes, car nous sommes les seuls à détenir ce qui a de la valeur. Quoi que, les membres de l'équipage doivent bien avoir deux trois trucs qu'on peut revendre, alors si ça vous tente, servez-vous, je me fiche de cette bande de vauriens.» Il arqua un sourcil et croisa les bras. « La loyauté n’existe-t-elle pas, entre pirates ? » Il laissa une seconde s’écouler et termina : « De toute façon, proposé aussi gentiment, c’est tout de suite beaucoup moins amusant. » Peter suivit des yeux la main de l’homme qui se porta à sa taille pour attraper sa flasque d’un alcool qu’il aurait reconnu entre mille : du rhum, comme Hook. Il grimaça, écœuré par la simple odeur qui s’en dégageait : comment pouvait-on boire ça ? Un truc d’adulte, paraissait-il. La seule chose d’adulte que Peter faisait, c’était fumer avec les indiens. « Je sais très bien où je me trouve. Le Pays Imaginaire, le fruit de l'imagination d'un gosse qui manipule d'autres gosses pour les retenir prisonniers sans qu'ils ne se rendent compte de quoi que ce soit. Un gosse qui, pour je ne sais quelle raison, voue une haine immense aux adultes, et qui préfère se conforter dans ses rêves. Un gosse qui maudit les pirates et les hommes qui envahissent son territoire, alors qu'ils n'ont strictement rien à faire ici. Je continue ? » Peter fit mine de réfléchir et esquissa un sourire qui ressemblait davantage à un sourire méprisant. « Je crois que j’ai cerné votre image de Neverland. » Il tendit la main devant lui et fit apparaître une pomme rouge et luisante, sous la pleine lune, qu’il lança à l’homme en face de lui. Il ne pouvait pas se laisser insulter sans répondre, même si la violence et le sarcasme ne seraient d’aucune utilité avec le pirate. Peter n’étant pas du genre belliqueux ces derniers temps, il en avait assez d’être obligé de se battre avec la terre entière. « Pourtant vous oubliez l’essentiel : c’est une terre de magie et d’espoir. Une terre où tout est possible, alimentée par les croyances des enfants. Les adultes ne croient pas en la magie, et détruisent tout sur leur passage. » Il sourit et s’appuya contre le mas, croquant dans une seconde pomme apparue … Comme par magie. « Connaissez-vous Peter Pan, pour parler de lui de la sorte ? Car chez les enfants perdus, la loyauté n’est pas une illusion et je ne peux pas vous laisser dire n’importe quoi.»

Codes par Wild Hunger.