❝ sing to me about the end of the world.
Le temps. Un terme qui n’existe pas à Neverland. Du moins, qui n’existait plus. Cassiopée a toujours essayé de l’attraper. Le temps glisse, file, et disparaît. On ne gagne pas de temps. On le perd, encore et encore. Comme l’eau, qui coule entre vos doigts et ne laisse qu’une trace humide sur votre peau. Et ça, elle ne l’a jamais vraiment compris.
Le temps est juste timide. Il faut l’apprivoiser. Cassie, c’est une lost girl qui porte bien son nom. Ses parents n’ont jamais vraiment fait attention à elle. Quand elle sautillait sur les pavés en diagonale de la veille ville, les gens la dévisageaient d’un œil mauvais. « Elle ne se tient pas droite. » ; « Quelle malpolie. » ; « Elle ne sera pas bonne à marier, celle-ci, regarde-là ». Alors, elle reprenait une marche normale, les mains derrière le dos, traînant les pieds telle une condamnée.
« Je ne veux pas être normale, mère. » avoua Cassie, un soir d’été. Il serait de mon devoir de dire que la mère de Cassiopée n’était pas des plus agréables. Persuadée que tous vivaient pour remplir une place dans la société, il était hors de question que sa fille unique échappe à la règle. Pour seule réponse, elle gifla sa fille. Cassie aurait juré entendre le claquement strident résonner dans son corps entier. Sa joue rougit instantanément, marquée par les gros doigts de madame Saquarh.
« Tu seras bientôt une adulte, Millicent. Cesse de te comporter en petite fille capricieuse. » avait surenchérit son père.
Cette nuit-là, Cassiopée avait regardé la constellation à qui elle doit son surnom à Neverland. Elle l’avait dessiné sur une feuille de papier, mouillée par ses larmes silencieuses qui, sur leur sillage, brûlaient sa peau déjà meurtrie.
Les étoiles brillent pour éclairer les chemins des âmes perdues. Elle posa sa plume et se tourna vers sa fenêtre fermée.
Est-ce qu’il y a une place pour moi parmi vous, mes lumières? demanda-t-elle dans le silence de ses pensées.
Est-ce que le garçon qui comprend les enfants pourrait me guider vers vous ? Peut-être que l’une d’entre elle l’a entendu. Cette nuit-là, un jeune garçon est venu l’emmener loin de Londres, loin de sa prison, loin des préjugés, des modèles imposés, loin de ces adultes devenus trop bêtes pour regarder au-delà de leur petite personne. Cette nuit-là, Millicent s’est écrasée sur les pavés de Londres. Cette nuit-là, c'est Cassiopée qui a posé le pied sur Neverland.
Je veux être un guide, moi aussi. D’autres enfants me regardent probablement d’en bas. De ses souvenirs, il ne reste que des poussières.
Cassie, c’est une âme mystérieuse. Elle se bat avec fierté, et vivacité pour ceux qu’elle considère comme sa famille. D’autres fois, elle va s’asseoir sur un rocher, devant l’océan qu’elle a toujours mélangé au ciel pour surveiller l’univers.
Les grains de sable, ce sont les étoiles tombées de fatigue ? Elle va paraître triste quelques heures. Et puis, sourire de nouveau. Néanmoins, l'arrivée de ces adultes la préoccupe. Le simple mot,
adulte, la répugne. Il y a quelque chose de malsain, en eux. Quelque chose qui ne plaît à aucun enfant perdu. Et surtout pas à Peter Pan, leur chef qui se démène pour ne pas perdre le contrôle.
Le temps s’est remis à glisser à Neverland, petite constellation. Tu ne peux plus l’attraper.