- J'étais sur que j'allais finir par te manquer, Tink, glissais-je comme un soupir en regardant la lune filtré au travers les palmiers.

Le fond de l'air était froid et honnêtement, me retrouver à la nuit tombée, sur une plage, en compagnie d'une fée d'à peine dix centimètres n'était pas le rendez-vous le plus galant que j'ai connu. Si tant est que j'avais déjà vécu un véritable rendez-vous galant.

Pourquoi j'étais là ? Parce que j'avais peur. Mais je ne montrais rien à cette petite fée à qui j'avais fait bien des misères par le passé. Elle savait ce qui m'effrayait, et j'imagine qu'elle le ressentait, alors à quoi bon lui dire. Et puis, ce trop plein de fierté qui m'habitait refusait à ce que je laisse la moindre once de faiblesse me trahir.
J'avais peur de vieillir, peur de mourir, que tout mes rêves s'effondrent et mon monde avec. Ce monde, il fallait bien l'avouer tenait dans la tête d'une seule personne… Peter.
Je le haissais. C'était une rage viscérale, une question de vengeance et de fierté, mais je refusais d'avouer que ce gamin me terrassait d'une manière ou d'une autre… Sans Peter, plus de Neverland… Il n'y avait rien à faire et c'était inévitable. Nous le savions tous et pourtant, nous continuons cette guerre stérile et éternel. Ma vie était ici…

De tout Neverland, à qui aurais-je pu m'adresser à part Tink pour parler sérieusement de Peter ? Qui la connaissait le mieux ? Toute éperdue et inquiète qu'elle était… Des années que son amour dingue la poursuivait. Et qui, hormis une fée, était la mieux placé pour vouloir sauver l'équilibre de Neverland ?
Une lettre envoyé, un point de rendez-vous donné et je n'avais attendu aucune réponse. C'était une demande en toute sincérité que j'avais faite à Tink. J'avais besoin de la voir, besoin de comprendre. De me rassurer.

Voilà ce que je faisais là, dehors, alors qu'une couche confortable et agréablement loti m'attendait probablement ailleurs.
Le battement d'aile de la fée attirait mon oreille et j'eus la confirmation qu'elle avait répondu à mon appel. Je n'avais pas eu besoin de la regarder, je me contentais de fixer la mer, les bras croisés.
Je me refusais à la voir disparaître un jour, interminable et indompté… Quitte à faire une trêve passagère avec Peter. Quitte à aider cet insupportable morveux qui m'avait ôté la main.

HRP