« Curiosity killed the cat »

Les rayons du soleil matinal berçaient les rivages de Neverland dans une ambiance chaleureuse qui donnait un côté presque mystique à ce décor de conte de fées. Décor des plus réels d'ailleurs. La douce odeur du sel marin flottait dans l'air et comme à son habitude depuis quelques temps, Gareth profitait de ce climat des plus paisible pour flâner du côté du domaine des sirènes.

A vrai dire, cela faisait quelques jours, pour ne pas dire plusieurs semaines, qu'il tentait d'instaurer la confiance avec l'un de ces êtres marins qu'il trouvait terriblement fascinant et d'une beauté presque sans faille. Un véritable gosse retombé en moins de deux en enfance dès qu'il avait posé le pied à terre six années plus tôt. Ah qu'est-ce qu'il aimerait se retrouver face à son père, face à l'homme trop droit et trop carré qui lui avait véritablement brisé ses illusions dès sa plus tendre enfance. Il était loin d'avoir suivit les plans du "brillant avenir" qu'il lui avait réservé en tant que médecin, avocat ou même professeur d'université. Il avait réussit autre chose, quelque chose de beaucoup plus enrichissant: il était à Neverland.

Comme chaque matin, la sirène émergea, se tenant à distance plus que raisonnable de la terre ferme. A peine arrivé, le brun ôta sa veste pour ensuite remonter les manches de sa chemise et prendre place sur le rocher qu'il s'était attitré bien des jours plus tôt. Il lança un sourire en coin à l'être qui l'observait, tâchant de ne pas l'effrayer avec des mouvements brusques. C'était presque devenu un petit jeu à vrai dire. Elle l'observait, il l'observait, le tout dans un silence qui laissait entendre le chant des différentes espèces d'oiseaux matinaux que comportait ce monde.

Pourtant, aujourd'hui, c'était radicalement. Après des jours d'attente, Gareth avait décidé de passer à l'action. Quoi de mieux que ses vieux petits trucs de prestidigitateur pour attiser la curiosité. Bien qu'il était désormais loin d'impressionner un public humain vu la magie des lieux, sauf peut-être lorsqu'il sortait l'artillerie lourde comme se libérer de chaines dans un bassin d'eau en risquant la noyade, les créatures de Neverland étaient toujours prises d'une certaine curiosité face à un être tout à fait humain qui faisait de la pseudo magie.

Le tout toujours dans le plus grand silence, l'illusionniste plongea une main dans la poche de son pantalon pour en sortir une boule en bois. Il la présenta de manière à ce qu'elle soit visible pour la sirène avant de la faire disparaître entre ses doigts, comme si elle venait de se volatiliser. Il finit par refermer sa main vide, la rouvrant un foulard blanc qui semblait encore une fois être apparut comme par enchantement. Le genre de vieux trucs qui ne berne plus grand monde à vrai dire. Le brun élargit son sourire, un sourire presque semblable à celui des enfants qui découvraient pour la première fois une véritable fée. Il tendit alors le morceau de tissus en direction de la demoiselle histoire de tenter une réaction de sa part. Après tout le blanc était la couleur de la paix, de la discussion, prouvant ainsi qu'il n'était pas néfaste pour elle.

Le soleil était levé et il brillait fortement en cette belle journée. Je m'étais levée de bonne heure pour aller batifoler avec des amies près de l'épave du Poséidon. Après, nous avions été nous poser dans la crique où nous avions l'habitude de nous poser pour nous prélasser aux chauds rayons du soleil. Nous discutions de tout et de rien à vrai dire. Je finis par me lasser de la compagnie de mes compagnes et décidais ainsi d'aller faire un tour près de la plage pour voir si l'humain. Cet homme, je l'observais de loin, trop peureuse pour le voir de près. Mais ce qu'il faisait avec ses mains me fascinaient. Il arrivait à faire disparaître et apparaître des objets comme ça, en un claquement de doigts si je puis m'exprimer ainsi. Nous nous rencontrions chaque matin a peu près au même moment de la journée. Sous la surface, je vis qu'il était sur la plage, attendant certainement mon arrivée. J'émergeais de l'eau et restais près d'un rocher, à bonne distance de l'homme.

Me voyant, il enleva sa veste et remonta ses manches avant d'aller s'installer sur un rocher, le même depuis que nous nous étions rencontrés. Il me lança un sourire en coin qui attisa encore plus ma curiosité. Qu'allait il fait aujourd'hui? Alors que je ne mis attendais pas, il sortis une boule de bois qu'il me présenta avant de la faire disparaître. J'eus un sursaut, ma curiosité soudain piqué au vif. Comment pouvait il faire cela, lui qui n'était qu'un simple humain. Je n'arrivais pas à comprendre et j'avais très envie d'aller le voir pour lui demander. Mais la peur m'en empêchait. Il finit par rouvrir la main sur un foulard blanc. Non, là, s'en était trop pour ma curiosité. Peut importait la peur, il fallait que je sache comment un humain pouvait faire de tels choses. Il tendit la main qui tenait le foulard vers moi et attendit une réaction de ma part. Réaction qui ne se fit pas attendre. Prenant mon courage à deux mains, je plongeais sous la surface avant de prendre la direction du rocher de l'humain. Peut être allait il croire que j'étais parti mais loin de là. Je finis par crever la surface juste à côté du rocher où l'homme se tenait. Pas trop près pour ne pas me faire attraper mais pas trop loin pour qu'il puisse m'entendre. « Comment fais tu cela? »

Gareth semblait avoir fait mouche puisque la sirène lui renvoya un regard qui en disait visiblement long sur ses interrogations. Cependant elle finit par disparaître. Le brun soupira longuement, légèrement déçu par la fuite de la créature aquatique. Visiblement ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il parviendrait à l'approcher. Il s'apprêtait à partir lorsque la sirène sortit à nouveau de l'eau, à proximité de son caillou et le faisant sursauter sous le coup de la surprise. Il manqua presque de hurler, mais se reteint. Bon sang ce qu'il détestait ce genre d'effets de surprise.

Certes, il y avait toujours une certaine distance entre les deux êtres, mais au moins il y avait eu une approche et même un début de conversation. Une petite victoire qui fit un peu plus sourire l'illusionniste. C'était tout de même drôle une sirène qui avait peur à ce point des êtres humain malgré le temps qu'ils avaient passé à Neverland. Après tout il avait déjà discuter avec les siennes durant de longues heures allant même jusqu'à se lier d'amitié avec certaines. Elle l'intriguait, véritablement d'ailleurs. M'enfin, sa curiosité le perdra à force de vouloir toucher à tout.

Il revint à la blonde qui se tenait désormais à quelques mètres, soufflant sur le morceau de tissus qui se volatilisa dans les airs sous formes de confettis. « Magie » lui lança-t-il alors d'une voix qui se voulait douce, le tout accompagné d'un clin d’œil. Ça y était, la conversation était désormais lancée. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne soit pas du genre à l’emmener dans le fin fond des eaux pour tenter de le noyer. « Tu n'as pas du parler à beaucoup d'humains depuis notre arrivée, je me trompe? » Fit-il toujours aussi doucement afin d'instaurer un climat de confiance, usant aussi du tutoiement pour que ça paraisse moins lourd et sans fioritures.

« Mon nom est Gareth, tu n'as pas à avoir peur, je ne suis pas bien méchant » Pour appuyer son propos, il se lança dans une autre de ses petites manipulations soi-disant magique. Il fit mine d'être intrigué par quelque chose avant de donner l'illusion de faire apparaître une jonquille tout droit sortie de son oreille qu'il finit par tendre en sa direction dans l'espoir qu'elle s'approche un peu plus. C'est fou le nombre d'objets en tout genre qu'il pouvait trimballer à longueur de temps dans ses poches, un vrai magasin ambulant. Enfin la fleur, il avait prit soin de la cueillir quelques minutes avant son arrivée, c'était encore une autre histoire. Dans tous les cas, il espérait qu'elle ne le prenne pas pour un véritable hurluberlu venu d'une autre planète. Enfin quand on y pensait, c'était un peu le cas puisque le monde d'où il venait était bien trop différent de celui-ci.