La journée avait été belle aujourd'hui, au royaume des sirènes. Je n'avais pas fait grand chose vu que je n'avais pas grand chose à faire. Je m'étais occupé de ma maison et... Bah c'était tout. Mais cela avait été un long nettoyage de printemps. Après, je m'étais installé sur mon lit à rêvasser. Une ombre était venu me déranger alors que je regardais la surface par l'ouverture. Sortant la tête, je vis qu'il s'agissait d'un navire. Sûrement un navire pirate, comme c'était souvent le cas. J'eus un petit rictus avant de rentrer dans ma maison. Dieu que je détestais les pirates. En réalité, je n'appréciais pas grand monde à la surface. Ils me faisaient bien trop peur pour ne pas les détester. Je n'étais jamais allé faire un tour à la surface sauf quand il s'agissait d'aller à la crique. C'était le seul endroit où je n'avais pas peur de croiser des humains car je savais que je pouvais m'échapper. Mais jamais je n'avais été dans les terres. Je me méfiais beaucoup des endroits où l'eau de mer n'était plus présente. Cela avait tué mon père et très certainement ma mère. Alors vous comprenez que j'ai peur. Et puis, j'avais prêté allégeance à la reine et au roi des sirènes... Eriel, la princesse héritière était une personne que je respectais et elle n'allait jamais sur terre. J'étais donc décidé de prendre exemple sur elle et de ne jamais y aller non plus. Enfin, c'était ce que je pensais pour le moment. La journée se déroula ainsi. Bientôt, le soleil serait couché et j'irais dormir. Sauf que l'envie d'aller faire un tour à la crique pour voir quels sirènes y étaient me prit tout à coup. Sortant donc de chez moi, je pris la direction de la crique et donc de la surface. Mais une fois là bas, triste découverte. Avec le coucher du soleil, les sirènes étaient toutes parties pour rentrer chez elles. Mais j'étais décidé à profiter un peu de ce moment de la journée que j'appréciais. Le soleil déclinant projetait de magnifique couleur dans le ciel, tirant du bleu foncé au rose pâle. C'était vraiment superbe. Je m'installais sur un rocher et observait les alentours avant de reporter mon regard sur la haute mer. Je pensais être seule. Qu'est ce que je me trompais.

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Si il y avait une chose que Peter aimait particulièrement, c'était se prélasser sur les rochers, dans la crique des Sirènes. Il était loin de tout et de tous et n'avait rien d'autre à penser qu'à veiller à se retourner d'un côté et d'un autre pour ne pas attraper de coup de soleil. Les Sirènes venaient souvent lui tenir compagnie, jouant avec ses cheveux ou se pendant à son cou en espérant obtenir ce qu'il n'offrirait jamais : un baiser. Il s'amusait de ces bout de femmes dangereuses et fascinantes, de leur voix obsédante et leur intelligence redoutable. De toutes, c'était pourtant la princesse Eriel qu'il respectait le plus. Une grande femme, et une très bonne Reine à venir, il n'en doutait pas un instant. Et puis il y avait sa jeune sœur, Sunilda. Peter l'appréciait énormément et passait des heures avec elle, à parler de la vie sous la mer et sur la Terre. Parcourant les quelques mètres qui le séparaient de la plage, Peter s'assura qu'il n'y avait pas d'adultes à proximité, ni de navire pirate. Ses pieds s'enfoncèrent dans le sable et, sourire aux lèvres, le garçon perdu fit quelques pas dans l'eau. Il ferma les yeux et tourna son visage vers le ciel, bras écartés. Il profitait du vent doux et de l'odeur du sel, de l'eau fraîche qui léchait ses jambes, du silence apaisant de la crique. Il n'y avait personne à l'horizon, c'était serein et rassurant. Mais un mouvement dans l'eau obligea Peter à rouvrir les yeux et se baisser derrière l'un des rochers pour se cacher du nouveau venu. Depuis quand était-il anxieux au point de se soustraire à la vue d'une Sirène ? Car il ne pouvait s'agir que de cela, venant de l'onde salée. Discrètement il se releva pour observer la longue chevelure blonde qui venait de s'installer, se demandant un instant si il s'agissait d'Eriel. Peter sortit de sa cachette et grimpa sur le rocher, s'approchant d'un pas sautillant de la nouvelle venue. « Magnifique journée, n'est-ce pas ? » Mais Peter n'était pas là pour parler de la pluie et du beau temps. Une façon comme une autre d'aborder la femme et de voir de qui il s'agissait … Autrement dit, personne qu'il ne connaissait. Fasciné par ses beaux yeux bleus, Peter sourit et s'assit à ses côtés, s'emparant d'un coquillage avec lequel il joua … Et se coupa. « Je ne crois pas que nous ayons le plaisir de nous connaître. Quel est ton nom ? » Le garçon avait traversé les siècles et certaines de ses expressions semblaient encore bien rustres, pour l'époque. Cependant, pour quelqu'un qui n'avait que peu vécu dans le monde normal, il s'était plutôt bien adapté aux autres. Les années 1200 étaient bien loin maintenant, il ne pouvait plus se comporter aujourd'hui comme il se comportait autrefois, quand bien même il était le chef des lieux. Peter s'allongea et ferma les yeux, en poussant un soupir bruyant. « J'aimerais bien être une sirène. » lâcha-t-il en riant. « Ta vie te plaît, là dessous ? » demanda-t-il alors, curieux. Par là-dessous, il entendait bien évidemment la ville sous-marine. Peter rêvait de s'y rendre, car les jeunes femmes avec qui il passait du temps sur les rochers ne cessaient de vanter la beauté des lieux.  

Je pensais être seule mais jamais je ne m'étais autant trompé. Quand je m'étais installé sur mon rocher, je n'avais pas fait attention où jeune garçon perdu qui se trouvait caché derrière un rocher. En même temps, il était tellement bien caché que je n'aurais pu le voir si j'avais fait attention à ce qu'il y avait autour de moi. Ainsi, je fus surprise quand une voix s'éleva derrière moi. Me retournant, je vis alors qu'un jeune garçon se trouvait debout à mes côtés. Je ne l'avais encore jamais vu ici. En même temps, je préférais éviter de venir trop souvent à la surface, de peur d'avoir de gros soucis avec les humains. Mais peut être que ce jeune garçon était tout aussi dangereux que les humains que je fuyais comme la peste. Après tout, c'était un bipède comme les adultes et les pirates. Mais il ne semblait pas me vouloir de mal. J'eus un petit sourire face à lui avant de répondre à sa tornade de question. « Superbe journée en effet. » La journée avait été superbe sous l'océan mais elle ne savait pas ce que cela avait été ici, en surface. Elle se doutait que cela avait également été une belle journée vu qu'il n'y avait pas eu de tempête et que le soleil avait brillé. J'observais le jeune garçon jouer avec un coquillage, coquillage qui le coupa légèrement. Je n'étais pas très douée avec tout cela, je n'avais pas été habituée à devoir soigner des blessures. Mais celle du garçon ne semblait pas très grave et ne semblait donc pas nécessiter des soins. « Je m'appelle Ekaterina. Et toi? » J'étais curieuse de savoir qui il était. J'ignorais que j'avais affaire à Peter Pan, le garçon perdu dont toutes les sirènes parlaient car elles le trouvaient très mignons. Pour ma part, même si je trouvais au garçon un certain charme, il faisait bien trop jeune pour que je ne réagisse comme mes comparses. J'avais plus de tenue même si j'étais une sirène. Je regardais alors le jeune garçon se coucher sur le rocher et parler de la vie là dessous, disant qu'il aurait aimé être une sirène. Oh crois moi jeune garçon, la vie là dessous n'est pas toujours heureuse. « Oui, je l'aime. Elle n'a pas toujours été tendre avec moi mais je l'aime quand même. Et toi, aimes tu ta vie ici? » Oui, quand je vous avais dit que j'étais curieuse, ce n'était pas des paroles en l'air. J'étais plus curieuse que la plus part des sirènes et cela m'avait souvent valu de petits ennuis avec l'épave du Poséidon ou encore avec les pirates.

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« Je m'appelle Ekaterina. Et toi? »  Peter sourit. « Très joli nom, qui te sied parfaitement. » répondit-il avec un sourire. Ses –rares– manies de gentleman, il les devait aux filles perdues. Grâce à elle, le garçon avait appris à se montrer plus respectueux, plus flatteur aussi. « Oh, aurais-je oublié de me présenter ? Je suis Peter Pan. » enchaîna-t-il sans se départir de son sourire taquin. Personne ne savait réellement si l’Enfant Perdu était réellement constamment heureux, ou si ses sourires étaient faux. Personne ne le savait, parce qu’il était un excellent acteur. Il avait appris à faire semblant le jour où Neverland était né de son esprit, et faire semblant était sa réalité. « Oui, je l'aime. Elle n'a pas toujours été tendre avec moi mais je l'aime quand même. Et toi, aimes-tu ta vie ici? » Peter tourna la tête vers elle et croisa ses bras derrière sa tête, un peu gêné par les rochers qui rendaient inconfortable sa position allongée. « Vraiment ? J’ai entendu dire que les Sirènes prenaient un malin plaisir à se faire des coups tordus. Mais tu as l’air courageuse ! » De vraies garces, en somme. pensa-t-il. « Je chéris ma vie plus que tout au monde. Mais depuis qu’ils sont arrivés … » Peter se tut et tourna la tête vers l’île du Crâne d’un air équivoque. Elle se dressait fièrement au centre de l’eau, assez loin d’eux pour qu’eux ne les voient pas. De toute façon, ce n’était pas l’équipage de Hook que Peter craignait, mais bien les autres. Pas qu’il n’ait pas un peu d’appréhension en croisant le capitaine du navire ou ses bras-droits, mais il les connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir comment ils réagissaient. Alors que les autres … Non. Tous ces pirates et ces adultes qu’il haïssait et qui détruisaient tout ce qu’il avait bâti. « T’es-tu approchée d’eux ? De cette ville ? » demanda alors Peter en fermant les yeux, visage tourné vers le ciel. Les sirènes, de nature curieuses, étaient de plus en plus nombreuses à troquer le temps de quelques heures leur queue de poisson pour aller se promener à Rivebois, sans se faire repérer par les habitants, au même titre que les Enfants Perdus, et même les indiens ; il ne savait pas si ça l’énervait, ou si ça l’indifférait. Peut-être les deux en même temps ? Peter se sentait étrangement trahi et seul, et il espérait encore trouver parmi les habitants originels de Neverland des alliés qui comprenaient ses craintes et son désir d’évincer ces adultes qui n’avaient aucun droits sur eux. Il ne manquerait plus que les fées se mettent à tourner autour des adultes, comme cette Rainbow … « C’est étrange qu’il n’y ait que toi, se passe-t-il quelque chose de particulier là-dessous ? Quoi qu’avec le couronnement prochain de la princesse Eriel, tout le monde doit être très occupé. »  Peter aurait donné cher pour participer à cela, certain que ça allait être un très beau moment. Oui, à certains niveaux, il aurait aimé être une sirène. Mais sa vie d’Enfant Perdu lui convenait tout autant, et les sirènes devaient se maudire de ne pas pouvoir passer des jours entiers ici, à participer aux événements. Chacun sa place, chacun sa bataille.   

Je regardais l'enfant perdu en souriant. Mon sourire s'élargit alors que je rougissais légèrement face au compliment du jeune homme. Je n'étais pas une habituée des compliments, préférant éviter les hommes et leur hypocrisie. Oh mais n'allez pas croire que je préférais les femmes, elles pouvaient se révéler bien pire que les hommes quand elles le voulaient. Je dois dire que j'étais étonnée d'avoir affaire à Peter Pan en personne. Et légèrement embêtée de ne pas l'avoir reconnu. En même temps, je ne l'avais jamais rencontré en personne, j'en avais juste entendu parlé par ses pimbêches de sirènes. Oui, je n'étais pas gentille avec mes semblables mais bon, on était pas cool entre nous. La jalousie y était pour beaucoup. « Enchanté Peter Pan. Mes comparses m'ont beaucoup parlé de toi. » Je compatissais avec le jeune homme. Les sirènes n'étaient pas toutes gentilles même si la plus part l'était. J'eus un petit haussement d'épaule quand Peter parla de la vie sous marine et du fait que les sirènes pouvaient se faire des coups tordus. Il avait entièrement raison pour cette dernière idée. Il ajouta une phrase que je ne compris pas tout de suite en se tournant vers quelque chose au large. Je tournais la tête et mon visage se ferma en voyant qu'il parlait des pirates et des adultes en règle générale. Je m'en méfiais comme de la peste de ceux là. Il me demanda alors si j'avais déjà été faire un tour à Rivebois, le village des adultes. J'évitais la terre ferme aussi sûrement que j'évitais les pirates. « Cela ne risque pas. Je ne m'aventure jamais sur la terre ferme. Je ne mis sens pas aussi à l'aise que dans l'eau. » Il fallait dire pour ma défense que mon père était mort sur la terre ferme, incapable de retrouver le chemin de la terre ferme. Pour finir, il parla des autres sirènes, se demandant pourquoi j'étais seule. J'eus un petit sourire quand il parla du couronnement prochain de la princesse Eriel. J'avais hâte de pouvoir participer à cet événement qui s'annonçait comme un tournant certains dans la vie du royaume aquatique. « Oh sûrement qu'elles doivent se préparer pour cela. A vrai dire, je ne sais pas, je suis resté chez moi toute la journée avant de venir à la surface. » Je n'avais voulu croiser aucune de mes comparses car je n'étais pas foncièrement d'humeur à subir les coups bas et les jalousies de ses dernières. Mais bon, je n'étais pas mal dans mon genre aussi, n'allez pas croire que je sois différente. Mais avec l'enfant perdu, je me sentais bien plus calme que ce que j'aurais été avec mes camarades. Ce qui n'était pas plus mal à vrai dire. J'avais besoin de ce calme de temps en temps pour pouvoir récupérer de la méchanceté que nous, sirènes, pouvions faire preuve envers nos semblables.

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« Enchanté Peter Pan. Mes comparses m'ont beaucoup parlé de toi. » Le garçon fut flatté d'entendre ça et rougit légèrement, comme Ekaterina l'avait fait avant lui avec le compliment qu'il avait formulé à son égard. « Je passe beaucoup de temps en compagnie de vos comparses, je suppose que cela me change un peu des enfants perdus. Eux ne prennent pas de plaisir à me coiffer et me masser. » répondit-il en riant. La conversation dévia alors sur les adultes et les pirates, beaucoup moins amusante que jusqu'à présent mais qui revenait au centre de toutes les discussions depuis quelques temps. « Cela ne risque pas. Je ne m'aventure jamais sur la terre ferme. Je ne m'y sens pas aussi à l'aise que dans l'eau. » Il hocha la tête, compréhensif. Rares étaient les sirènes qui venaient réellement sur la terre ferme, car elles se mettaient indéniablement en danger. Il était arrivé que Peter ramène l'une d'elles en urgence dans l'eau, mais … Il n'avait pas réussi à sauver tout le monde, à son plus grand regret. Toutefois, cela avait servi d'exemple pour les autres, qui se méfiaient d'autant plus depuis. Et fort heureusement, ça n'était pas arrivé souvent. « J'ai bien peur qu'ils n'aiment pas beaucoup les sirènes. Tu es plus en sécurité ici. » Peter était également un fin manipulateur : si lui n'attaquait pas ouvertement ceux qu'il considérait comme ses ennemis, il le faisait à sa manière. Poussait-il les autres à se battre pour lui ? Sans doute, car à vrai dire il ne s'en rendait pas compte lui-même. Un enfant était naturellement calculateur, sans même le vouloir. Il l'était, voilà tout. « Oh sûrement qu'elles doivent se préparer pour cela. A vrai dire, je ne sais pas, je suis restée chez moi toute la journée avant de venir à la surface. » Il acquiesça de nouveau et se retourna sur le ventre, croisant ses bras sous son menton, regard se promenant entre les arbres et Ekaterina. « Je pensais que tout le monde était excité par cet événement. Moi même j'aurais beaucoup aimé y participer. Si je pouvais troquer mes jambes contre une queue pour quelques heures, je m'y rendrais sans hésiter. Rien que pour la nourriture ... » Il tira la langue, taquin. Il était sérieux en disant qu'il s'y rendrait avec plaisir, mais préféra ajouter une petite touche d'humour en précisant que c'était avant tout simplement pour se délecter de merveilleux poissons et coquillages dont seules les sirènes avaient le secret. « Tu as l'air de ne pas trop te mêler aux autres. Je viendrai te voir plus souvent, si tu veux bien de ma compagnie. » dit-il avec douceur en fermant les yeux, sourire tendre aux lèvres. Si il y avait une chose qu'il détestait, c'était que certains puissent se sentir seuls et abandonnés. N'avait-il pas crée Neverland pour cette unique raison ? Qu'elle soit une sirène ne changeait pas grand chose, à ses yeux elle serait comme n'importe quel enfant perdu à qui il s'efforçait de redonner le sourire. De plus, il appréciait beaucoup les sirènes car ces dernières ne se comportaient pas avec lui comme elles se comportaient entre elles, ce qui le poussait à ne pas porter de jugement sur elles. Il se rassit et croisa ses bras autour de ses jambes. Peter ne tenait pas en place, il avait constamment besoin de bouger. Puis il laissa ses pieds s'enfoncer dans l'eau froide, soupirant d'aise. « Est-ce que tu es mariée ? » s'enquit-il avec curiosité en basculant la tête en arrière, visage tourné vers le ciel. Le soleil léchait sa peau claire et le fit frissonner de plaisir. Durant des moments comme ceux-là, il se sentait étrangement bien. Bercé par le bruits des vagues, l'odeur du sel chatouillant ses narines, il avait l'impression de se retrouver des années en arrière. Fort heureusement, la guerre telle qu'on en parlait n'était pas encore au goût du jour, ce qui leur laissait le temps de se prélasser avec plaisir ici et là. Mais Peter n'était pas dupe, cela finirait bien par changer. Un jour sans doute, ils devraient se terrer dans des trous au passage d'un adulte.