« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. »

Sharon & Candice

Putain de connasse. Voilà les mots qui tournaient en boucle dans l’esprit de Candice à cet instant. Putain de sale connasse, qui avait osé trahir la moindre de leur promesse. Refaire sa vie, hein ? Sa vie, la pirate allait la détruire. Elle allait tout détruire sur son passage. Tout. C’était tout ce qu’ils méritaient tous, de toute façon. « J’VAIS TOUS VOUS CREVER ! » hurla-t-elle dans les rues de Rivebois, une bouteille d’un whisky bien costaud entre les mains, avant de rire. Quelques regards s’attardèrent sur elle, avant de changer de direction, et un nouveau rire s’échappa de sa gorge « Ouais, c’est ça. Me regarde pas, toi, toi, toi et toi aussi. J’vais vous crever, bande de cons.. » Elle était saoule, comme elle ne l’avait certainement pas été depuis bien longtemps. Et on ne pouvait pas dire que Candice Dean avait l’alcool particulièrement joyeux. Elle-même n’était pas assez joyeuse de se permettre de l’être sous l’effet de l’alcool. « J’vous hais. J’vous hais TOUS ! » Elle trébucha, se rattrapant de justesse à un mur. Elle était dans un piteux état, c’était le cas de le dire. Et même malgré sa réputation, elle faisait certainement bien plus pitié que peur à cet instant. Le goulot de la bouteille alla trouver ses lèvres, dans une longue gorgée qui lui arracha une grimace. Elle préférait définitivement le rhum, mais le whisky montait plus facilement à la tête. Et elle avait eu besoin de boire. Pour essayer d’oublier. Mais l’effet était inversé ; au lieu d’oublier, elle se repassait en boucle les mots d’Alice. Et les coups qu’elle lui avait portés. Elle trébucha à nouveau, sans réussir à se retenir cette fois, et se vautra au milieu de la rue. Sa bouteille lui échappa des mains, et elle beugla sous le coup d’une douleur au genou, tout en essayant de se relever en titubant dangereusement « OH TOI ! Me regarde pas, putain ! » Elle bougea les bras, comme pour chasser le regard du badaud sur elle. Puis, elle reprit son chemin. Directement droit vers le Jolly Roger dans lequel elle entra en se vautrant plusieurs fois. Elle ne su pas vraiment comment elle arriva à atteindre la réserve de rhum, mais elle prit deux bouteilles avec elle, avant de quitter le navire.

Elle alla directement sur la plage, dans le territoire des sirènes. Elle avait oublié que c'était le territoire des sirènes.. Elle posa les bouteilles dans le sable, en s’y laissant tomber à son tour dans un gémissement. Ses chaussures volèrent au loin, et elle s’allongea totalement, les bras ouverts. Et les yeux fixant le ciel. Elle avait envie de pleurer. Envie de hurler. Envie de tout oublier, là, sur l’instant. Sa main alla trouver la bouteille de rhum, et elle se redressa tant bien que mal pour faire sauter le bouchon et pour boire. Elle se taperait pour sûr un sacré mal de crâne le lendemain, mais pour le moment, elle s’en foutait. Elle voulait se soigner de ce mal qui était en train de la ronger. L’amour. Une putain de belle connerie, ouais ! Elle avait offert son cœur à cette femme, et cette femme l’avait brisé en milles morceaux. Candice se sentait aussi utile sur cette planète qu’un grain de sable.. Rageusement, elle tapa dans le sable, envoyant les grains valser tandis que les larmes commencèrent à rouler de ses yeux. Elle avait mal, là, au fond de son cœur. Elle aurait voulu mourir. L’alcool lui brûla encore la gorge, alors qu’elle ne se retenait plus de boire goulûment, laissant même un peu de rhum couler le long de son menton. Elle s’en foutait, ne s’essuya même pas.. Mais dans un geste d’une impulsivité presque exagérée, elle envoya la bouteille encore au trois quart pleine avec violence contre un rocher en hurlant à plein poumon. Elle hurlait, pour essayer d’aller mieux, pour essayer de chasser ses démons, pour essayer de se calmer.. Qu’importe. Là, seule face à l’océan, elle était en train de hurler à cause de cette douleur psychologique qu’elle n’arrivait plus à supporter. Ce fut un sanglot qui la stoppa net. Et ses yeux qui s’accrochèrent à une silhouette à demi-humaine, dans l’eau. Titubant toujours dangereusement, Candice se précipita dans l’eau, se foutant bien d’être habillée, pour sortir son épée et attraper la sirène, lui mettant le tranchant de la lame sur la gorge, avant de siffler à ses oreilles « Qu’est-ce que tu fous là, poisson ? S’tu répètes ce que tu viens de voir à qui que ce soit, je t’égorge et je me sers de ta queue pour en faire un ragoût, compris ? » Elle aurait voulu être menaçante. Mais elle devait paraitre plus pathétique et dévastée qu'autre chose..

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Sharon & Candice

Se faire désarmer aussi facilement ? Sérieusement ? Elle devait être vraiment bien bourrée pour qu’une telle chose arrive. D’ordinaire, son épée était comme un prolongement de son bras, et très rares étaient les personnes qui parvenaient aussi aisément à la désarmer.. Les choses allaient peut-être devenir intéressantes, en ce lieu et en cette heure ! Torturer une sirène ? Candice en rêvait depuis bien longtemps. Et c’était tombé sur celle-ci, tant pis pour elle. Elle vit le sang qui coulait de la main de la sirène et ne put s’empêcher de sourire, l’écoutant à peine parler. Ou juste assez pour froncer les sourcils et sentir la colère venir délicieusement s’emparer d’elle toute entière. La colère, et l’amusement. Les deux en même temps. La seule erreur que venait de faire la sirène avait sûrement été de croire que Candice était complètement désarmée. Un pirate ne l’était jamais totalement. Surtout pas elle. En soixante-douze ans à Neverland, elle avait eu le temps non seulement de se faire des ennemis mais également d’apprendre à être suffisamment maligne pour savoir couvrir ses arrières. Doucement, Candice attrapa un petit poignard qu’elle gardait caché au niveau de la ceinture, et planta le pique de l’arme juste entre les reins de la sirène, suffisamment fort pour la faire saigner. « Ce territoire n’appartiendra bientôt plus aux sirènes, ma jolie. Bientôt, les pirates festoieront sur vos restes. Et je serai clémente avec toi.. Je me contenterai de t’attacher quelque part où tu pourras profiter du spectacle.. » Elle lâcha un petit rire, avant de faire remonter la lame de son couteau le long de la colonne vertébrale de la sirène, juste assez fort pour tracer une ligne de sang dans son dos, mais pas assez pour la blesser véritablement. « Tu te trouves au mauvais endroit, au mauvais moment, poisson.. »  

L’effet de l’alcool, mélangé à l’adrénaline que lui procurait le moment était un délicieux mélange. Il n’y avait que ce mélange-la, qui pouvait lui faire oublier sa peine et sa douleur. Mais ce n’était qu’éphémère.. Et elle le savait pertinemment. Ainsi, d’une voix des plus amusées et tout en rangeant son poignard à sa place, elle attrapa la sirène par les cheveux, la forçant ainsi à jeter sa tête en arrière, pour venir lui murmurer à l’oreille « Admettons que je ne te fasse rien ce soir.. Parce que je suis trop saoule pour avoir envie de torturer quelqu’un.. Admettons cinq secondes que tu ai de la chance.. Il va falloir trouver un autre moyen pour m’amuser.. Et ne joue pas la sirène trop sauvage, ma jolie. Je n’ai besoin ni de mon épée, ni de mon poignard pour te faire souffrir.. Une si belle créature, ce serait dommage de gâcher ta beauté.. » Elle la relâcha, s’éloignant de quelques pas maladroitement, son état et l’eau n’aidant en rien à lui donner une stabilité sur ses jambes, pour aller chercher son épée qui gisait au fond de l’eau. Elle dû s’y reprendre à trois fois avant de réussir à l’attraper, et remettre la lame dans son fourreau s’avérait être un exercice plus difficile que jamais. Et tout en essayant de viser correctement le fourreau, s'entaillant légèrement la jambe au passage sans même s'en appercevoir - elle ressentait bien un désagréable et douloureux picotement là où elle s'était entaillé, tandis que l'eau salé venait lécher la plaie sournoisement - elle ouvrit la bouche pour s'adresser à la sirène « Du rhum ? M’en reste une bouteille, là-bas. » proposa-t-elle soudainement et presque joyeusement, comme si rien de leur petite conversation ne s’était passé. A vrai dire, peut-être même Candice l’avait-elle déjà oublié..

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Sharon & Candice

Un poisson avec du caractère, c’était presque risible. Est-ce que toutes les sirènes étaient si insupportables ? Candice en avait rencontré quelques unes.. Et elle s’était retrouvée à chaque fois exaspérée par ce que ces créatures se permettaient.. Elle se prit un méchant coup de queue qui manqua de lui faire perdre l’équilibre, se rattrapant de justesse, presque par miracle. Mais cela ne l’empêcha pas de rire à ce que lui rétorqua la sirène « Nous verrons bien. » lâcha-t-elle sèchement, à l’oreille de la blonde. Un nouveau rire, presque compatissant, sortit d’entre les lèvres de Candice lorsque la sirène repoussa sa main d’un coup de poing. Elle avait pris des coups bien pires, et parfois même simplement pour des histoires de tavernes.. Mais une colère forte et soudaine fit perdre à Candice la moindre trace d’amusement sur son visage « Je ne pleurniche pas. » lâcha-t-elle, en attrapant la sirène par les cheveux.. Avant de décider qu’elle ne ferait rien à ce poisson. Pas ce soir. Elles étaient solidaires ? Candice n’en doutait pas un seul instant.. Et elle s’en foutait comme de son premier cri. Tenir à être tolérée sur le territoire des sirènes ? Elle se donnait ce droit toute seule, elle n’avait pas besoin que des poissons lui autorisent l’accès à des endroits qui lui plaisaient.. Candice s’éloigna, pour aller récupérer son épée. Mais voir double, peut-être même triple elle ne savait plus très bien, n’aidait en rien à ranger une lame dans un fourreau. Et la remarque acerbe de la sirène lui fit serrer la mâchoire si fort qu’elle sentit ses dents craquer. « Très bien, j'voulais être gentille en te proposant ça ! Et pour ta gouverne, sirène, je suis loin d’être une apprentie. » Elle était même la plus proche de l’équipage du Jolly Roger, avec Smee, à pouvoir prétendre devenir un jour Capitaine. Même si Candice savait pertinemment que ça n’arriverait jamais. « Oh puis, va te faire foutre.. » bougonna-t-elle, certainement même pas assez fort pour que la sirène entende.

Candice sortit de l’eau, d’une démarche pataude. Elle avait vraiment un problème avec l’alcool. Encore plus depuis qu’Alice était revenue brutalement dans sa vie. Elle avait été portée sur la bouteille dès son embarquement sur le Jolly Roger, seul moyen qu’elle avait trouvé pour se contenir suffisamment pour ne pas détruire la figure des marins un peu trop entreprenants avec elle.. Mais là, les choses empiraient. Elle recherchait au fond de sa bouteille de rhum un frisson qu’elle ne trouvait même plus et qui lui faisait engloutir des quantités astronomique de cette boisson.. « Alors dis moi pourquoi tu pleurnichais à l'instant ? Tu t'es fait voler ton petit bateau ? » Merde. Candice l’avait presque oublié, celle-là, en allant s’étaler sur le sable à côté de sa bouteille. Quoi ? Le poisson voulait faire causette, maintenant ? La pirate se retrouva surprise elle-même des mots qui traversèrent ses lèvres, mais elle n'était pas au bout de ses peines ; « J’aurais mille fois préféré que quelqu’un prenne le Jolly Roger. » Elle se laissa tomber allongée dans le sable, fixant le ciel d’un regard vide, et se redressa d’un coup pour fixer la sirène et pour boire dans sa bouteille. Les mots s'entrechoquaient dans l'esprit de la pirate, ne demandant qu'à sortir.. Et finalement, elle ouvrit la bouche, pour commencer à lâcher ce qu'elle avait au fond de la tête ; « Ma femme s’en est tapée une autre. Elle m’a refoutu toute la faute sur moi, parce que j’suis partie vivre mon rêve y’a un peu plus de 72 ans et qu’elle a pas eu l’intelligence de m’dire qu’elle voulait m’suivre dans mon délire. Moi, tout ce que j’voulais, c’était qu’elle soit bien, heureuse tu vois. J’voulais pas lui imposer de prendre la mer, j’voulais juste qu’elle ai la vie qu’elle voulait avoir. Et putain, elle s’est tapée une autre femme, et elle me l’a craché à la gueule y’a pas une heure. » Candice n’avait pas honte de son homosexualité. Surtout pas dans cet état-là.. Et parler de sa « femme » lui paraissait aussi, si ce n’était plus, naturel que de parler d’un quelconque mari. « Et j’y ai cassé la gueule. Putain.. Je l’ai jamais frappée, avant. Jamais. Et j’voulais pas, putain, c’est toute ma vie c’te femme.. Mais avoues, t’en a rien à foutre, poisson, de savoir qu’une pirate peut souffrir de perdre la personne qu’elle aime.. J’vais même pas t’en vouloir pour ça.. J’viens te blesser.. J’suis bonne qu’à ça, même pas foutue de me faire des amis. Moi, j’vous aimes en vrai. » Elle commençait à divaguer, mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher, et continua à parler sans laisser le temps à Sharon d'en placer une « C’est vrai, vous êtes belles, et j’suis sûre que vous êtes gentilles. Mais t’vois, poisson, j’peux pas l’admettre parce que tout le monde veut penser que j’suis qu’une putain de pirate sans cœur. Alors qu’en fait, moi, tout ce que j’voulais, c’était naviguer et être en communion avec la mer. J’suis pas méchante, putain, c’est les autres qui veulent se convaincre que j’le suis, et moi, j’les suis dans leur délire.. Alors que j’suis sûre que j’m’éclaterai bien plus chez les gamins perdus. Si j’pouvais ravoir mes 15 ans, j’lâcherai tout juste pour aller danser chez Peter Pan.. »

Elle reporta le goulot de sa bouteille à ses lèvres. Si on reportait ce qu’elle venait de dire à Hook, c’était de grands ennuis qui l’attendaient.. Mais, là, pour le coup, elle n’en avait rien à faire.. « J’suis désolée, poisson. D’être venue là sans autorisation, de t’avoir blessée.. j’sais pas pourquoi j’fais ça. Tu m’as rien fait, dans l’fond. T’y peux rien si j’suis une sale conne.. » C'était comme s'il y avait deux Candice en elle ; celle qu'elle était et qu'elle refoulait et celle qu'elle essayait d'être et qui l'enfermait dans un rôle qui lui plaisait de moins en moins.

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Sharon & Candice

« Dis moi c'est comment ton nom ? Que je sache au moins qui s'amuse à m'attaquer. » Candice manqua de perdre l’équilibre une bonne dizaine de fois avant d’ouvrir la bouche « Dean. Appelle-moi Dean. » Elle alla s’échouer un peu loin sur le sable, trempée et sa bouteille vissée à la main. La sirène lui demanda la raison de ses pleurnichages, et contre toute attente, Candice se confia, lâchant ce qu’elle gardait en elle dans un flot de paroles en désordre. Ses pensées n’arrivaient pas à s’aligner correctement pour lui permettre de toujours avoir un rapport de cause à effet dans ce qu’elle était en train de dire, et le pire était sûrement qu’à cet instant, elle s’en foutait totalement. La blonde sortit de l’eau, pour s’approcher d’elle tout en restant à une certaine distance.. Mais qu’importe, Candice continuait de parler. Elle le fit pendant ce qui lui sembla être une éternité, avant que la sirène ne s’installe à côté d’elle, pour lui dire que ce serait peut-être mieux d’arrêter de boire. Candice fixa le rhum qui restait au fond de la bouteille, sans rien dire. Après tout, sobre ou non, ses soucis lui collaient à la peau. L’ivresse était juste un moyen comme un autre de supporter la souffrance.. Mais la sirène lui prit la bouteille des mains et Candice lâcha un « Hé ! » pâteux et peu convaincu, en tendant une main qu’elle laissera retomber mollement en soupirant. Et la sirène se mit à parler. A lui dire des choses qui lui firent baisser la tête et serrer la mâchoire « De l’espoir, hein ? J’suis pu assez conne pour croire encore en l’espoir.. » lâcha-t-elle doucement, avant de s’excuser. Et de sourire légèrement à ce que la sirène lui répondit avant de hausser les épaules.

« Face à quelqu’un de plus "méchant", je l’aurais simplement tué. Une nuque, ça se brise vite si on sait bien faire. » Elle avait parlé sur un ton totalement neutre, comme si la perspective de tuer quelqu’un ne lui faisait rien. Et au fond, c’était devenu le cas malheureusement.. « Merci, poisson. Enfin.. C’est quoi, ton nom ? Je vais pas continuer à t’appeler poisson, nan ? Ce serait con pour toi.. Moi, j’men fous. » Elle s’allongea totalement, laissant ses doigts s’enfoncer dans le sable jusqu’à avoir les mains totalement recouvertes. « Et l’amour, c’est de la merde, j’suis désolée de briser ton p’tit discours de tout à l’heure. L’amour, c’est juste là pour t’user et te détruire, c’est vraiment une belle merde. J’te jure, j’aurais dû écouter mes envies.. Pendant 72 années, putain, j’ai pas touché à une seule femme et j’me suis contentée d’mon Capitaine. ‘fin, c’est un bon coup, hein, et c’est le seul mec à avoir réussi à m’garder dans son pieu.. Mais bordel, le corps d’une femme, c’est quand même aut’ chose ! » Elle pouffa de rire, les yeux levés vers le ciel « Mais toi, t’es le genre hétéro jusqu’à l’os, j’suis sûre.. T’as un mec ? Ca s’passe comment chez vous ? J’veux dire, vos relations, tout ça.. Et vous pouvez genre vraiment perdre votre queue pour un humain ? Y’a une sirène qui m’a dit ça, un jour.. » Elle tourna la tête vers le visage de Sharon. Parce que, mine de rien, elle avait capté que la sirène avait boité.. Et ça, elle n’y était pour rien du tout.. « Tu t’es fait quoi à la cheville ? » C’était plus de la curiosité qu’autre chose.. Et puis, fallait bien faire la conversation, après tout !

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Sharon & Candice

La sirène lui dit que si elle aimait vraiment sa Alice, alors il y avait toujours un espoir. Qu’elle devait se battre pour la récupérer, ou du moins pour ne laisser personne ne la lui prendre. Candice soupira. Se défendre ? Contre quoi ? Se défendre contre la fatalité était aussi idiot qu’épuisant, après tout.. « Je l’ai déjà perdue. Elle est déjà partie. Je ne peux pas souffrir plus que je ne souffre aujourd’hui. » lâcha-t-elle doucement. Elle le croyait vraiment, qu’elle ne pourrait pas souffrir plus qu’aujourd’hui. Et bien entendu, elle se trompait, mais elle n’en savait rien à cet instant.. La sirène lui donna son nom. Elle s’appelait donc Sharon. Mais Candice allait certainement continuer à l’appeler « poisson » juste parce qu’elle allait probablement oublier son nom assez rapidement. Et que, poisson, ce n’était pas si péjoratif que ça. Après tout, les sirènes partageaient bien certains attributs avec ces animaux aquatiques.. Candice écouta Sharon parler de l’amour, et elle ne pu s’empêcher de rire ouvertement « Bien sûr que c’pas la même chose avec Hook ! Alice, c’est la femme de ma vie. Et j’peux tenir à James autant que j’veux, il comptera jamais autant que cette femme.. On couche ensemble parce que ça nous plait, sur l’plan physique. Mais pour moi, Hook c’est juste un modèle, un père, un frère, le mec que j’dois défendre et conseiller parce que c’est mon rôle de seconde, tout c’que tu veux sauf un type duquel j’suis amoureuse.. J’pourrais jamais comparer ce qu’j’vis avec Hook avec ce que j’ai vécu avec ma femme. » Et ça, c’était certain, même si Candice avait ces deux personnes dans la peau. Certainement les deux personnes qui comptaient le plus à ses yeux, à vrai dire..

Sharon lui dit qu’elle était déjà tombée amoureuse d’une fille, ce qui fit arquer un sourcil à Candice, avant de la faire sourire. Puis, elle l’écouta parler du fait qu’elle n’avait personne, mais qu’elle était amoureuse de quelqu’un qui ne connaissait rien à l’amour. Et enfin, que les relations des sirènes se passaient exactement de la même façon que pour des humains. Tiens, Candice avait même déjà oublié qu’elle lui avait posé cette question.. « C’est triste. » fut tout ce que Candice trouva à répondre au fait que les sirènes étaient bannies du monde aquatique si elles se mariaient avec un humain. « Mais au fond, vous avez le choix.. Donc, je sais pas si je peux vraiment dire que c’est triste. Vous pouvez faire votre choix en connaissant les conséquences, vous. » Elle faisait clairement allusion à sa propre histoire. Au fait qu’elle n’avait pas connu à l’avance les conséquences de son départ. Si elle les avait connues, elle ne serait pas partie. Elle serait restée auprès d’Alice, elle aurait laissé de côté ses rêves, et elle n’aurait jamais découvert Neverland. Elle serait probablement encore en train d’arnaquer des pauvres types dans Londres, en couvrant sa femme qui excellait dans l’art de la manipulation. Elle, elle n’avait jamais été suffisamment subtile pour ça. Elle, elle cognait si les choses dérapaient.. Puis, elle lui demanda ce qu’elle s’était fait à la cheville. Un piège, blablabla.. La pirate commença à se demander pourquoi elle lui avait poser la question, finalement..

Et puis, Sharon parla du fait que ça pouvait être à la fois dangereux et humiliant pour Candice de rester ici. La pirate ne pouvait pas nier que la sirène avait raison, sur le coup.. « Elle ne prend pas l’eau, ta grotte, hein ? T’essaie pas de me rouler ? .. Puis peu importe.. Je veux juste aller dormir quelque part. Partout, sauf sur mon navire, ou sur l’île du crâne.. Vas-y, emmène-moi.. Faut nager ? Non, parce que j’suis pas en état, là.. Sauf si j’m’accroche à toi, quoi.. J’ai jamais nagé à dos de sirène, ça pourrait être cool.. Allons-y ! » Convaincue, elle se leva, même si elle tangua et se rattrapa à Sharon. Puis, elle la suivit, tout simplement..

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Sharon & Candice

 J’éclatais de rire, sans trop m’en rendre compte, lorsqu’elle me dit que si, c’était triste, puisque les sirènes qui troquaient leur queue contre des jambes ne revoyaient pas leur famille. Un rire grave et un peu pâteux, pas vraiment joyeux ou moqueur, de ceux qui prouvaient que j’avais atteins un point de non-retour dans ma cuite du jour.. « Faut savoir faire des choix dans la vie. » J’étais mal placée pour parler. Les seuls choix que j’avais faits m’avaient conduite à être totalement anéantie. Parce que je n’avais pas été foutue de voir qu’Alice ne voulait pas que je parte et que j’avais choisi d’écouter mes envies plutôt que mon cœur. Bref, c’était pas la peine de m’étaler sur ce détail. J’étais déjà bien assez dans un état lamentable pour ne pas, en plus, me repasser en boucle dans ma tête les erreurs que j’avais commises. Un mal de tête commençait à pointer le bout de son nez, et je ne pouvais même pas soigner le mal par le mal en buvant puisque la sirène m’avait pris ma bouteille. Je me surpris à lâcher un gémissement de frustration, tout en espérant que la blonde ne l’avait pas entendu.. Je m’étais déjà bien assez rendue ridicule pour la soirée.. Elle me parla d’un endroit où me mettre à l’abri pour la nuit, et l’idée ne me paraissait pas si stupide que ça. C’était vrai qu’en restant ici, avec la cuite que je venais de me prendre, je risquais sincèrement ma peau. Ou au moins mon honneur et ma réputation. Avec le peu de lucidité qu’il me restait – et à cet instant, j’avais l’impression que mon esprit était un champ de bataille tellement mes pensées s’entrechoquaient et n’avaient aucun sens – je lui demandais quand même si elle n’essayait pas de me rouler. Elle m’assura que non, et très sincèrement, je n’avais tout simplement pas la force pour remettre en cause ça. Ma jambe me faisait mal, mon cerveau me donnait l’impression d’avoir envie de sortir de ma boite crânienne et j’avais envie de dormir.

Je m’accrochais à la sirène comme si ma vie en dépendait – ce qui était un peu le cas, il fallait bien l’avouer, puisqu’elle n’avait qu’à m’emmener dans les profondeurs pour me laisser crever – tout en pestant contre la douleur de l’eau salée contre ma plaie à la jambe. La sirène nagea vite, et je notais dans un petit coin de mon esprit de refaire un tour à dos de sirène le jour où je serai sobre. La sensation de vitesse m’avait fait oublier ma douleur, et si ma vision n’était pas brouillée et réduite à quelques images peu fixes, j’aurais pu sincèrement adorer ce moment. C’était quand même autre chose que de naviguer sur un bateau ; le contact avec la mer, je le sentais particulièrement bien à cet instant, et ça me plaisait énormément. On arriva enfin à la grotte, et je me laissais tomber sur le sol avec un sourire aux lèvres. La blonde déplia une couverture, qu’elle me mit dessus, mais je m’en débarrassais aussi sec. « J’suis trempée, ce serait con de tremper la couverture. » fut ma seule explication, avant d’entreprendre de me foutre à poil. Aucune pudeur. Je n’en avais pas en règle générale, c’était pire lorsque j’étais dans cet état. Je laissais mes vêtements choir juste à côté de moi, avant de trembloter légèrement et de ramener la couverture sur moi du mieux que je le pouvais. La sirène me parle, mais très sincèrement, ses mots ne trouvent pas de sens dans mon esprit. J’ai envie de dormir, et ça devient difficile de garder les yeux ouverts « Ouais, merci. » lâchais-je tout de même.  Je la vois vaguement faire un feu, mais mes yeux se ferment déjà d’eux-mêmes. « J’vais dormir, poisson. » Merde, j’ai déjà oublié son vrai prénom, je crois.. « Tu m’réveilles si y’a quoi que ce soit de suspect. Sinon, j’te jure que c’est toi que je fais frire pour mon déjeuner.. » Je perds clairement toute ma crédibilité, avec ma voix plus ensommeillée que jamais et mes menaces que ma voix n’arrive pas à rendre sérieuses. Mais, qu’importe. Très vite, le sommeil m’emporte. J’allais me taper un violent mal de crâne demain, et une gueule de bois légendaire.. Mais pour le moment, dormir, c’était le plus important.