Aujourd'hui est une journée grise. Le ciel est couvert, les nuages sont chargés de pluie et les vents balayent l'île. Le second du Vaillant arpente le pont comme un lion en cage sans savoir vraiment quoi faire par une journée pareille. Il n'a reçu aucun ordre de la part du capitaine depuis son réveil et les seuls bruits qui lui parviennent depuis ce matin sont celui du ressac et celui de l'équipage qui ne fait que gueuler et dont la moitié doit avoir ingurgité quantité de rhum dès l'aube. Si Adriel devait donner son avis sur les hommes que recrute le capitaine, les trois quarts n'auraient jamais posé ne serait-ce qu'un orteil sur le navire. Il faut dire qu'il aime viser l'excellence, et que pour lui des idiots se complaisant à longueur de journées dans les liqueurs et le rhum non rien d'exemplaire. De la discipline, voilà ce dont manque souvent les marins ici. Adriel soupire, accoudé au bastingage, le regard redécouvrant la baie pour peut-être la centième fois. Malgré tout il se sent à sa place ici, et il ne se voit pas repartir. Il a trouvé un équilibre depuis qu'il est arrivé à Neverland et on ne le juge plus autant qu'avant car il inspire la crainte et le respect. C'est ces deux mots en tête qu'il attache son pistolet autour de sa taille et se prépare à gagner la terre ferme. Il prévient le capitaine et s'éloigne, écartant les feuilles et les branches d'arbres qui lui barrent le passage dans les bois. Dans un premier temps il ne sait pas ou il va. Il a juste besoin de prendre de la distance, de s'éloigner un peu du navire, de respirer cet air saturé d'eau. Il aime cette météo orageuse, elle lui donne l'impression d'être invincible. Il l'a toujours aimé, même lorsqu'il vivait encore dans le monde réel....Cette époque lui semble être si lointaine à présent. Les souvenirs s'étirent, se déforment et s’effacent, mais peut-être qu'au fond il n'a aucune envie qu'ils restent en lui. Peut-être qu'ils doivent tous disparaître pour que finalement il puisse se sentir totalement libre ? Délivré des chaînes du passé qui par moments continuent de l'entraver, voilà ce qu'il voudrait être. C'est en réfléchissant à ça que ses pas le mènent jusqu'à l'entrée de Rivebois. Dans l'immédiat il ne voit pas très bien ce qu'il pourrait y faire mais soit, puisqu'il est là à présent. Pendant une petite heure il déambule dans les rues. Il aime bien ce village qui est sans cesse animé et qui regorge de gens aux personnalités toutes plus originales les unes que les autres. Adriel se demande un instant s'il ne devrait pas aller faire un tour du côté du cirque mais finalement il modifie ses plans à la dernière minute pour se décider à aller vers le bordel qui n'est pas très loin de là ou il est actuellement. Sans se départir de son habituel sourire sarcastique il pousse la porte de l'établissement sans ménagement et entre en faisant claquer ses bottes dans ce qui ressemble plus ou moins à une réception...un accueil, en un peu plus glauque peut-être. Roulant des yeux et souriant plus encore il lance à la cantonade « Quelqu'un sait peut-être si Elle Smith est là ?! ».
La vie ne t'apprend pas à être forte, elle t'y obliges.
Mon état d'esprit en cette journée n'était pas des meilleures, mais c'était une journée de travail sans sortie possible et je devais donc m'en contenter. J'avais réussi à obtenir de rester encore un peu dans ma chambre et je regardais par la fenêtre le temps maussade de Neverland. D'après les légendes locales, la météo était liée à Peter Pan, je me demandais si cela était réel ou juste une légende de plus. Je repensais à chacune de mes sorties, j'aimais cette île qui m'avait offert une liberté que je n'avais jamais pu connaître avant. Un léger sourire étirait mes lèvres sans pour autant atteindre mes yeux. Dans quelques minutes, j'allais devoir descendre et tenter d'attirer un client dans mon lit... Autant dire que ça ne me tentait pas vraiment. Pour l'instant, je gardais un moment pour rêver tout éveillée. Je ne savais pas ce qu'il se passait en bas et c'était sûrement mieux, ça me permettait de garder un peu de bonne humeur. À l'étage inférieur, il y avait Adriel qui était rentré, un client habitué, un de mes clients pour mon plus grand malheur. C'était un homme violent et brutal, j'avais peur de lui même s'il ne me laissait pas trop de marques, les sévices étaient quand même réels et me blessaient physiquement et psychologiquement. Un soupir et je m'habillai pour ma journée de travail puis vérifiait que mon maquillage était toujours bien. Je sortis de ma chambre et me dirigeais vers les escaliers pour descendre dans la salle qui servait d'accueil et de bar quand une des filles me fit dire que je devais aller attendre mon prochain client dans ma chambre... Quoi déjà? Il y avait des jours où je n'étais vraiment pas chanceuse.
Au rez-de-chaussée, dès l'arrivée d'un client, la maquerelle, Hanna Pearson, arrivait rapidement pour voir ce qu'elle pouvait faire pour le client, quelle fille elle pouvait lui offrir contre paiement évidemment, rien n'était gratuit en ce bas-monde. L'arrivée d'Adriel ne fit pas exception à la règle, mais avant qu'elle ne dise un seul mot, il avait exigé Elle Smith en demandant si elle était là. La maquerelle eut un sourire des plus éblouissants et des plus professionnels, il fallait présenter plutôt bien pour les clients. Elle est ici et travaille évidemment. Mais vous savez comment ça se passe ici, paiement avant d'utiliser la marchandise. Il en connaissant le prix et connaissait les règles de la maison. Hanna se détourna du client un moment et apostropha une des filles. Va donc dire à Elle de rester dans sa chambre et qu'un client va monter d'un instant à l'autre. Madame Pearson savait très bien les sentiments qu'avaient sa propriété pour Monsieur Osborn, donc autant éviter une rencontre où il y avait d'autres clients. Elle encaissa l'argent du client puis le regarda longuement, elle lui ferait les mêmes mises en garde que d'habitude, elle connaissait sa propansion à la violence. Comme d'habitude, vous faites d'Elle ce que vous voulez tant que vous ne laissez pas trop de marques. Les marques de liens et quelques bleus sont toujours acceptables, mais rien sur son visage. Enfin, vous connaissez les règles. Vous savez où est sa chambre, vous pouvez monter. Elle le laissa passer pour qu'il puisse monter et le suivit du regard. Elle Smith était l'une des filles qu'elle aimait le moins même si elle rapportait bien, elle était trop indépendante pour son propre bien. Hanna regarda Adriel Osborn monter avec un petit sourire aux lèvres, elle aimait quand lui venait voir la jolie blonde... cela lui remettait un peu les idées en place.
J'étais donc retournée dans ma chambre comme on me l'avait demandé. J'allais devoir accueillir un client et donc je me plaçais sur le lit en laissant la porte ouverte. J'entendis les pas dans les escaliers et je soupirai, j'avais envie de me faufiler hors de la pièce et de fuir, mais je ne pouvais pas et je restais donc à ma place, attendant mon prochain client en espérant que ce serait un gentil client. Tous mes espoirs volèrent en éclat dès que je vis le fameux client à la porte de la chambre. C'était Adriel... mon cauchemar. Il était violent, j'en avais peur. Instinctivement, je me raidis et reculai un peu sur mon lit. Un léger tremblement me prit et la peur se lisait sur mon visage. Mais malgré tout, j'essayais de rester professionnelle... Monsieur. Comment puis-je vous satisfaire aujourd'hui?
Le pirate n'est pas patient. Il ne l'a jamais été beaucoup, et ce même lorsqu'il était encore en possession de toute sa santé mentale. Il n'aime pas avoir à attendre pour obtenir les choses. Il adore pouvoir les obtenir en un claquement de doigts. C'est peut-être dérisoire mais c'est l'impression que lui donne ses visites au bordel de Rivebois. Certes il est évident qu'il doit payer pour avoir accès à la marchandise, mais une fois délesté de quelques pièces il se sent incroyablement puissant, au moins pour une poignée de minutes. Il est fascinant de voir à quel point on peut asservir une petite créature qui est déjà enchaînée. L'ivresse de la domination, voilà ce qui l'envahit immédiatement lorsqu'il vient ici. Il aime briser psychologiquement, il aime inspirer la crainte. Cette partie de lui est monstrueuse...Mais celle qui est bonne se retrouve si souvent piégée par l'autre qui a tendance a bien plus s'affirmer. Adriel apparaît donc très souvent sous un mauvais jour et avec la fille qu'il vient voir aujourd'hui il ne s'est jamais montré gentil, pas une seule fois. Il sait bien qu'il lui fait peur et c'est d'autant plus enivrant. Après son arrivée et son grand coup d'éclat -toutes les filles présentes au rez-de-chaussée se sont mises à le regarder avec un étonnement- il offre son sourire le plus innocent et avenant, bien qu'incroyablement hypocrite, à la maquerelle du bordel et la paye sans se départir de cet air aimable. Bien évidemment elle lui fait un rappel des règles qu'il connaît par cœur à force de venir et qu'il pourrait même réciter lui-même. Il dodeline de la tête quelques secondes avec un air infiniment blasé et lorsqu'elle en termine enfin avec son discours qui lui a paru durer des heures, il se dirige vers l'escalier et prend le chemin qu'il connaît bien maintenant. Il sait d'ors et déjà qu'il va bien s'amuser et que sa journée qui a mal démarré prendra un tout autre tournant dans les minutes à venir. Il marche lentement. Il savoure chaque pas qui le rapproche de la chambre d'Elle. Il ne veut pas se montrer tout de suite. Il savoure son petit effet de surprise qui est pour lui comme un incroyable bonbon acidulé. Il entre finalement et découvre Elle, assise sur son lit, attendant patiemment. Un rictus assez cruel vient étirer ses lèvres lorsqu'il la voit reculer un peu à son approche. Il vient s’asseoir sur son lit et glisse tout doucement jusqu'à se trouver tout proche d'elle. A ce moment il attrape ses cheveux d'une poigne ferme. Il tire un peu sa tête en arrière pour découvrir sa nuque et se penche à son oreille pour lui susurrer quelques mots. « Et si tu commençais par la fermer ? » Sa voix est caverneuse et pourtant ce n'est qu'un murmure. Il ne relâche pas son emprise sur sa tête et dépose un léger baiser au creux de son cou avant de la dévisager comme s'il ne voyait en elle qu'une vulgaire marchandise bas de gamme dont il doit se contenter.
La vie ne t'apprend pas à être forte, elle t'y obliges.
Tremblante et apeurée, j’aurais voulu être capable de disparaître purement et simplement. Mais j’étais coincée dans cette pièce avec Adriel Osborn qui allait encore me frapper, me martyriser et certainement me baiser. Ça avait l’air d’être son moyen de détente, venir me voir, me terroriser, me blesser autant que le permettait les règlements de la maison en fait. C’est le pire de mes clients et il a l’air d’apprécier venir me voir. Je ne comprends pas… il y a plein d’autres filles, pourquoi est-ce que c’est tombé sur moi? Peut-être parce que je suis une de celle qui paraît le plus fragile, la plus menue. Depuis mon arrivée à Neverland, j’avais l’aura protectrice de Hook au-dessus de moi et je m’en étais super bien sortie jusqu’à ce qu’Adriel rentre dans le tableau. Je le haïssais de tout mon cœur et de tout mon corps! Mais dire non n’était pas envisageable, alors je restais là, prête à subir de nouveau abus. J’avais envie de pleurer de frustration et de désespoir, mais ça ne servirait à rien et ça le foutrait sûrement en rogne, sauf si éventuellement mes pleurs étaient silencieux. Une fois j’avais pleuré et même sangloté parce que je n’en pouvais plus et il m’avait frappé encore plus fort que d’habitude, il m’avait encore plus humilié en me hurlant de la fermer. Je n’étais qu’une putain et quand je recevais ce client là en particulier, j’en avais douloureusement conscience. Peut-être que j’avais trop pris l’habitude d’oublier ma condition en me promenant dans Neverland…
Dès qu’il pénètre dans ma chambre, je vois la cruauté dans ses yeux et dans son genre de sourire qu’il a sur les lèvres. Il me veut du mal. Il s’approche et vient s’asseoir sur le lit, il a l’air de jubiler alors qu’il peut lire la peur en moi. Je me force à ne pas bouger quand il se rapprocher mais je tremble encore, je ne peux pas m’en empêcher et je suis sûre qu’il s’en délecte. Ce genre de personne aime autant la peur qu’ils inspirent que la douleur brute qu’ils prodiguent. Je lui avais demandé ce qu’il voulait que je fasse pour le satisfaire et sa réponse fut claire et nette. Il saisit mes cheveux d’un geste très brusque et m’oblige à pencher ma tête en arrière, découvrant ainsi ma nuque. Il vient me murmurer à l’oreille que je devrais commencer par la fermer… Je hoche la tête en ne disant plus un mot. A partir de cet instant, je sais que je ne dirais plus un mot pour ne pas le pousser encore plus à me faire mal ou peur. Il pose un baiser sur ma gorge et puis il me regarde intensément. Ce que je lis dans ses yeux ne me plaît pas, ne me plaît vraiment pas, mais je ne peux rien faire d’autres que l’accepter et baisser les yeux. Je sais ce qu’il voit en moi… il ne voit pas une personne mais uniquement un objet, une chose que l’on peut posséder si on en a envie et les moyens… Je reviens soudainement à ma place quand il vient me voir! Je suis horriblement consciente à quel point je ne vaux rien pour tous ces gens-là, je ne suis qu’une chose qu’on achète, qu’on utilise puis qu’on abandonne derrière soi. J’arrive parfois à oublier ce que je suis durant des jours et des jours et puis ça me retombe dessus violemment sans que je ne puisse rien y faire. J’ai encore plus envie de pleurer, mais je ravale le sanglot qui me vient et retiens les larmes qui voulaient couler sur mes joues. Je resterais forte autant que je le pourrais… Adriel aime briser les gens, je ferais tout pour ne pas me laisser briser1
Codes par Wild Hunger.
Asmodée Duruisseau
❝ Always out of limits ☠
› arrivée : 23/04/2014
› gallions : 203
Sujet: Re: [/!\ violence & cie] i'm always blind (elle) Mer 28 Mai - 21:15
i'm always blind
Adriel Osborn
Elle Smith
Impitoyable. C'est la flamme de la cruauté qui rougeoie dans ses yeux. C'est elle qui le domine. Finalement il n'est rien de plus que l'esclave de sa folie, réduit à se plier aux directives d'un cerveau malade. Alors il resserre sa prise sur les cheveux de sa proie, promène ses doigts le long de sa nuque pâle. Il est perdu dans ses pensées. Il y a comme un combat entre lui et le peu de conscience qui lui reste. Mais les damnés n'ont que faire de la rédemption. Ils se complaisent dans le mal, l'odieux, le malsain, et rien ne saurait les en sortir. A moins que... ? Quand on est plus vampirisé par les remords que par le mal lui-même, peut-être qu'il y a encore un minuscule espoir. Mais pas cette fois. Aujourd'hui Adriel est déterminé à empêcher la lumière de gagner du terrain. Les ténèbres lui vont très bien, et il s'y est suffisamment habitué désormais. Il lâche ses cheveux d'un mouvement brutal et vient se planter face à elle. Il est immobile, elle aussi. Il la regarde fixement, les prunelles pleine d'une rage dont il ignore constamment la raison, alors qu'elle garde les yeux rivés au sol. Il vient poser son index sur son menton et d'un geste sec il lui intime de relever la tête. « Quand on reçoit un hôte la moindre chose c'est de le regarder. On appelle ça le respect. Mais les putains dans ton genre savent-elles au moins ce que c'est... ». Du bout des doigts il vient lui caresser la joue, mais la caresse se mue rapidement en un geste plus violent. Ses ongles pénètrent un peu sa chaire. De manière très superficielle certes, il sait bien qu'il ne doit pas abîmer la marchandise, mais les joues d'Elle se couvrent malgré tout de rougeurs au fil de ses mouvements. Il lui fait de nouveau redresser la tête. « Regarde-moi bien ma belle, et dis moi ce que ça te fait d'être l'une des plus misérables créatures sur terre. » Un sourire mauvais naît instantanément sur ses lèvres. Elle ne pleure pas mais il n'a aucun mal à imaginer l'état dans lequel elle se trouve à cet instant. Et il adore ça. La souffrance des gens sait le rendre heureux plus que rien d'autre au monde. Ce bonheur a quelque-chose de bestial. Comme un sadisme primitif. Et même si toute une partie de lui rejette ça, rien ne semble pouvoir l'empêcher d'être un vrai salaud. Il se lève, fait quelques pas dans la pièce, la quitte des yeux, semblant même l'oublier. Égaré, perdu dans ses pensées...L'autre moitié de lui hurle à l'intérieur de sa tête. Elle lui ordonne de reculer, de claquer la porte de cette chambre et de ce bordel pour ne plus jamais revenir, de remonter sur le Vaillant et de rester bien sage là-bas. Elle lui ordonne, mais elle n'a aucun pouvoir. Doux euphémisme. Il semble soudain se souvenir de la présence d'Elle. Il se tourne vers elle avec le rictus le plus méprisant du monde arrimé à ses lèvres. « Mais j'oubliais, inutile de te poser des questions puisque je t'ai réduite au silence. En une fraction de secondes seulement. C'est ce qu'on fait avec les chiens d'ordinaire. Mais vous n'êtes pas vraiment différente des chiennes quand on y réfléchit bien, alors je suppose que tu ne verras pas d'inconvénients à ce que je te traite de la même manière. » Il s'approche de nouveau d'elle et s'agenouille au bas du lit. Il prend ses mains dans les siennes et la fixe avec un air dramatique qui mériterait clairement un prix de théâtre. Puis il commence à serrer ses doigts fins de ses mains puissantes, juste assez pour qu'elle ait mal, pas assez pour les briser. « Et puis chérie, garde bien en tête qu'ici t'es pas au pays des merveilles et que personne ne viendra te sauver perché sur un beau cheval blanc. T'es seule ici. Pitoyable, et seule. » Et d'une main agressive il déchire un pan du vêtement qu'elle porte, dernier rempart entre elle et toutes les humiliations qu'il est susceptible de lui infliger. Il ricane et vient se pencher à son oreille. Sa voix se fait rauque et suave. Il débite chaque mot avec une parfaite minutie. Il veut la briser. Et il est prêt à se donner tous les moyens d'y arriver. « Tu peux me le dire maintenant, qu'est-ce que ça te fait d'être si misérable ? »
Sujet: Re: [/!\ violence & cie] i'm always blind (elle) Sam 14 Juin - 3:32
Adriel & Elle
La vie ne t'apprend pas à être forte, elle t'y obliges.
La peur était quelque chose que je connaissais bien, la douleur et les humiliations étaient des choses quotidiennes dans mon métier. Malgré les longues années de travail dans ces lieux de perdition, je n'arrivais pas à m'y faire. Et depuis que j'avais goûté à la liberté qu'on nous avait offert à Neverland, je le supportais encore moins. Il fallait que je trouve un moyen de me libérer d'ici, il fallait que je trouve un moyen de m'échapper et de vivre enfin une vie qui en vaut la peine, une vie libérée des obligations que cet endroit m'imposait. Mais ça ne serait pas pour tout de suite et j'en avais douloureusement conscience. Je savais que ça allait prendre encore des mois, voir des années pour réussir à m'en sortir sans que ça me créé des problèmes et qu'on revienne me chercher. Je n'en peux plus de cette vie et cela depuis toujours, mais je ne sais pas quoi faire pour pouvoir m'en sortir, je ne sais pas comment faire pour être sûre d'échapper à mes geollier qui ne rechigneront pas à me rechercher... Les gens de leurs espèces font toujours attention à garder leurs marchandises à leur portée et à leur merci surtout. J'essayais de garder en tête qu'un jour prochain, je m'échapperais de cette vie, ça m'aidait à tenir, et ça m'aiderait encore plus face au monstre qu'était Adriel.
Revenant malgré tout à la réalité, j'essaie de ne pas trop regarder mon client. Il resserre déjà sa prise dans mes cheveux et il caresse avec douceur encore ma nuque, mais je sais que ça ne durera pas, ça ne dure jamais avec lui. Soudain il me lâche d'un coup et vient se placer en face de moi, je garde toujours les yeux baissé... Il me fait relever la tête et je lis toute la rage dans ses yeux... je sais que je vais avoir mal, je sais que ça va être une des pires soirées de travail que j'aurais vécu. Il ouvre la bouche pour me siffler qu'un hôte mérite d'être regardé, que c'est le respect mais que je connais sûrement pas ça vu que je ne suis qu'une vulgaire putain. Tout en me disant cela, il caresse ma joue, il y met vite les ongles, me faisant déjà un peu mal et faisant rougir ma peau pâle. Il est facile de faire rougir ma peau si claire et c'est une des choses qui plaisent en général aux personnes qui veulent être violentes dans leur rapports avec une prostituée, ça leur donne une illusion de pouvoir en plus. J'essaie de continuer à le regarder, mais j'ai du mal et il me fait redresser à nouveau la tête. Il me demande de le regarder et de lui dire ce que ça fait d'être la créature la plus misérable sur terre. Il sait frapper où ça fait mal avec les mots autant qu'avec ses mains... Je retiens encore mes larmes, mais je vois à la lueur dans ses yeux qu'il voit ma souffrance et qu'il s'en délecte. Je ne lui réponds pas, il a exigé que je me taise et je ne saurais même pas quoi répondre. Qu'est-ce que ça me fait d'être une chose misérable? Rien, ça me fait rien. Enfin, j'en souffre, mais quel autre choix puis-je avoir? J'en ai aucun, je suis résignée quand je suis dans cet endroit. Soudain il se lève et je ferme les yeux une seconde, j'ai le droit à une pause, mais je sais qu'elle sera courte.
Et puis soudain, il se retourne vers moi avec un rictus cruel. Il me parla encore... me disant que ce n'était pas utile de me poser la question vu qu'il m'avait réduite au silence en une fraction de seconde et que c'était ce qu'on faisait avec les chiens en général... et puis il ajouta qu'on était pas très différente des chiennes et que je ne devais donc pas voir d'inconvénients à ce qu'il me traite comme ça. J'étouffe un sanglot quand je le regarde s'approcher de moi. Agenouillé au pied du lit, il prend mes mains et se met à les serrer de plus en plus fort en me fixant avec un air étrange. Je lâche un petit gémissement parce que je ne peux pas m'en empêcher. Il me confirme que je suis ici seule et pitoyable et que personne ne me sauvera. Comme si je le savais pas... Je suis seule depuis toujours et je sais que malgré le fait que j'ai des amis maintenant, personne ne pourra me sortir de là. Quand je suis avec Adriel, je perds tous mes espoirs. D'un geste brusque, il déchire un pan de ma chemise. Je pousse un petit cri que j'essaie d'étouffer et je me remets à trembler légèrement. Il se penche sur moi et me murmure que je peux maintenant parler et lui dire ce que ça me fait d'être si misérable. Je prends une petite inspiration et débite d'une voix faible et tremblante. Je suis ce que je suis, une putain au service de son client, je suis un objet qu'on utilise selon son bon vouloir... Mon corps appartient à celui qui paie... Est-ce ce que je pense? Dans un sens, oui. C'est ce qu'on nous a enfoncé dans le crâne. Des gens bien intentionnés ou pas m'avait inculqué cela depuis que j'avais été achetée à ma famille pour être emmenée. C'était une des premières leçons que nous apprenions dans la maison où on nous élevait à devenir de bonnes petites putains soumises... Je ne pouvais rien faire, je devais subir et essayer de garder mon esprit en un seul morceau... ne pas me laisser briser par cet homme qui ne rêvait que de ça.