Un rire... Tout commença par un rire ! D'aussi loin que je me souvienne, ce son est le premier que j'ai entendu dans ma vie. Rien d'étonnant à cela, c'est lui qui m'a donné la vie. Un rire joyeux d'enfant, de petit garçon. Je suis née dans la lumière et me suis attachée à ce monde, cette vie et je me suis toujours sentie très proche des enfants perdus qui nous rejoignaient sous la coupe de Peter. Pourtant, je ne me suis attachée réellement à aucun d'eux. Petit à petit, j'ai essayé de trouver ma place parmi les fées, mais il me semblait toujours manquer quelque chose. On me disait bien jeune encore et on m'a d'abord attachée à m'occuper des petites fées. J'avais comme une sorte de don maternel.

J'étais très proche des autres fées bien sur, suivant les règles et obéissant aux ordres. Ce qui ne m'empêchait pas d'aller parcourir Neverland dès que je le pouvais. Pourquoi rester confiner dans l'arbre ? Il y a tant de belles choses à découvrir et redécouvrir. La nature est changeante et rien ne peut dire qu'elle sera la même d'un jour à l'autre et je trouve ça magnifique.

Puis un jour, un petit garçon fut ramené, mon petit garçon. Non je ne suis pas maman, mais c'était lui qui m'avait donné naissance et c'est lui qui me donna ma raison d'exister. Car depuis qu'il est arrivé à Neverland, j'ai enfin trouvé pour quoi j'étais faite : veiller sur lui. Et croyez-moi ce n'est pas une mince affaire ! Il a l'art et la manière de toujours se mettre en danger, repousser ses limites et les limites de la chance. Combien de fois ai-je dû intervenir -souvent sans qu'il le sache- pour ne pas qu'il se tue en sautant dans le vide et en ne sortant pas sa poussière de fée à temps ? Je ne vieillis pas, mais à cause de lui je crois que je réussirais à avoir des cheveux blancs !

Cela ne m'empêche pas de l'aimer et de veiller sur lui ! Bien au contraire. Même s'il m'est souvent difficile de le suivre. Un vrai petit diable. Les années à Neverland ne l'ont pas calmé, mais certains événements que j'aurais préféré ne jamais voir arriver ont tout chamboulé. Une fille a été amené sur l'île. Si tout d'abord, cela ne me dérangeait pas, la place qu'elle prenait au sein des garçons m'a semblé me faire perdre ma place. J'ai été prise de jalousie à son encontre je dois l'avouer.

Je fus plutôt contente de la voir partir. En premier lieu seulement... Car je n'avais pas prévu les retombées sur mon petit Zick. Pourquoi avait-il fallu qu'elle vienne ? Son passage et surtout son départ l'avait changé. Il commençait à avoir des idées bizarres dans la tête. Alors que d'habitude j'essayais de l'empêcher d'aller jouer les casses-cou, je le poussais à redevenir l'enfant qu'il était. Inquiète, je l'étais. Mais je pensais qu'il ne s'agissait là que d'une passade. Le temps aurait bien le temps de faire revenir les choses à la normale. Pour tout le monde... Je n'avais jamais été aussi loin de la vérité !

L'arrivée des adultes ne me plaisait pas plus que ça. Ils étaient tout ce à quoi avaient renoncé les enfants en venant ici et on leur mettait tout sous les yeux. Nous voulions les protéger de tout cela et pourtant ils venaient jusqu'ici nous narguer. Je ne m'étais pas fait plus de remarque que cela, me disant qu'ils finiraient bien par repartir ou qu'on trouverait bien un équilibre, contraint et forcé. Sauf que...

Sauf que Zick se mit à changer. Ce fut d'abord invisible, je ne remarquais pas de suite ce qu'il y avait même si j'avais vu de temps à autre ses incursions jusqu'au cirque, mais un jour ce fut flagrant. Il avait grandi. J'essayais alors de le retenir, de lui dire que ça ne changeait rien, qu'il pourrait rester avec eux. Mais rien n'y fit.

Oh j'en ai pleuré de douleur de le voir partir. Sans le soutien de Perséphone, je crois que je n'aurais pas réussi à remonter cette pente. Je m'accablais moi-même d'avoir échoué avec Zick et je savais ne pas être la seule à le penser. Ils n'avaient pas tort ! Aussi je fis de mon mieux pour faire avec, m'occupant toujours des enfants.

Sauf que je n'arrivais pas à le laisser s'en aller. Aussi j'allais le voir discrètement. Juste pour voir s'il allait bien et qu'il n'avait besoin de rien. Et puis cela devint une nécessité. Il avait beau être un adulte, il restait mon petit garçon... qui avait bien grandit ! Je ne pus m'empêcher de le trouver bel homme. Aucune fée n'avait jamais trouvé goût à mes yeux et pourtant lui, tout adulte et homme qu'il était, faisait battre mon coeur. Sauf qu'il ne fallait pas, je n'en avais pas le droit... Je me confiais à mon amie qui seule pouvait comprendre ! Je ne voulais pas que cela se sache, qui sait ce qui arriverait. Alors je continuais à le voir à veiller sur lui, de manière plus ou moins discrète.

Entre temps, de nouveaux arrivants étaient venues à Neverland : les filles perdues. J'avais eu du mal à l'avaler celle-là de nouvelle. J'avais encore en tête Wendy et mon petit Zick et je ne voulais pas que ça recommence. Mais apparemment je me faisais des idées, puisqu'aucune ne suivit le chemin de Wendy. Je préférais quand même garder un oeil sur elle, finissant tout de même par les accepter parmi nous.

Cependant, c'est un drôle d'équilibre qui s'est établi sur Neverland. Je ne sais pas encore comment cela va tourner, mais j'espère qu'une chose : ne pas avoir à me retrouver à choisir entre les enfants et Zick...