I wanna rock your body

You see these shackles baby I'm your slave

James & Nathan

Globalement, je hais le matin. Surtout lorsque je passe ma nuit à écouter le bruit agaçant, et pourtant familier, du matelas de James grincer, tandis que les cris bestiaux de sa folle nuit ne cesse de me rappeler l'ironie de ma situation. Quatre-vingt ans que je me tape ça, alors pas étonnant que j'ai énormément de mal le matin. Ouais on peut même dire que je suis d'une sale humeur, en même temps je voudrais vous y voir vous, à entendre chaque nuit quasiment les gémissements et les râles de ses amantes. Y'a de quoi en devenir dingue.

Je pose un regard des plus mauvais sur James et sa… "conquête d'une nuit", la regardant se pavaner comme une princesse tandis que lui se permet de nous infliger sa plus belle démarche de coyote, roulant des épaules et ondulant du bassin. Je me retiens de lever les yeux au ciel, me contentant d'aiguiser le rasoir, lui jetant au passage un regard de plus noirs. Ouais c'est ça, minaude tant que tu peux, de toute façon ce soir il t'aura déjà oublié. Je regarde James s'approcher, prêt à honorer notre rituel, il m'adresse au passage une claque, fort cavalière, sur les fesses. Je laisse échapper un petit cri de surprise tandis qu'il s'affale comme un patron dans sa chaise. Je déteste quand il fait ça, je vous jure dans ces cas là j'ai une furieuse envie de l'étrangler. Je pousse un soupir exaspéré tandis que je donne un dernier coup de pierre à aiguiser sur le rasoir. Si j'en ai profité ? Fais pas l'innocent, tu sais bien que je profite du spectacle de tes exploits sexuels tout les soirs depuis que nos classes… Je préfère ne rien dire, me contenant de l'écouter d'une oreille distraite. C'est son claquement de doigts autoritaire qui me ramène à lui, son "love" m'irritant autant qu'il me fait secrètement plaisir. D'un pas léger je me rapproche de lui, me plaçant dans son dos.

"Ce serait encore mieux si il faisait beau… Ce temps ça me mine le moral."

Entre mes mains, j'attrape son visage et lui fait délicatement basculer la tête en arrière, croisant son regard un instant. Délicatement j'étale la mousse à raser sur son visage, suivant la courbe de sa mâchoire, avant de descendre dans son cou. Est-ce que je laisse me doigts trainer une seconde de trop sur sa gorge ? Oui.  Est-ce que j'adorais avoir le droit de le toucher ainsi en dehors de ce moment bien particulier ? Je plaide coupable. Entre mes doigts minutieux je saisis le rasoir, d'un geste ferme mais doux je lui fais légèrement tourner la tête, avant de déposer délicatement la lame froide et aiguisé de l'instrument sur sa peau.

"Surtout tu ne bouge pas, la dernière des choses que je voudrais ce serait de te couper…"

Et doucement je commence à le raser, veillant à lui conserver une certaine longueur, car monsieur tiens à son petit pelage de chat… Soit disant il parait que ça fait craquer les femmes. Croyez-moi j'adorais avoir moi aussi le droit de le caresser ce pelage qui me fait de l'oeil, légèrement dévoilé par la chemise déboutonnée. Je ne vous raconte pas ce que je donnerais pour avoir le droit, la chance de glisser mes mains sous cette chemise et… Mieux vaut que je m'arrête là, faut que je me concentre, alors que j'attaque le côté gauche de son visage, j'aperçois quelque chose qui me fait tiquer. Un poil de barbe, blanc. Merde. J'immobilise mon geste, laissant le rasoir reposer sur sa peau.

"James ?… Je ne veux pas t'affoler mais je crois que…, je déglutis avec difficulté, tu vires poivre et sel mate."

Faut juste espérer qu'il le prenne en détente désormais… Mais qu'est-ce que je raconte. Le connaissant il va paniquer. Se voir vieillir c'est son pire cauchemar, enfin si on met de côté les horloges.