Tatoue mon âme à mon dégout, Peter.
D'aussi loin que remonte mes souvenirs, et croyez moi, après une centaine d'année, on a du mal à se souvenir de tout, j'ai toujours aimé la mer. La liberté, le voyage… Le besoin d'exotisme est ma plus grande histoire d'amour.
Je suis né en Angleterre et, entre nous, ce n'est pas la partie de ma vie que j'adore raconter. Vous savez ce que c'est, naitre dans une famille de marin, avoir ça dans le sang, se baigner dans l'or et voir sa destiné tracée au fil d'or sous votre nez.
Je n'ai jamais supporté l'autorité, qu'on se le dise. Avoir une main de fer posé sur l'épaule pour vous empêchez d'aller au bout de vos rêves, très peu pour moi. Les geôliers, je leur coupe la main. Ironique ? Et alors ? Un coup de crochet dans l'oeil, ça te tente ?
J'ai passé une sale enfance à essayer de me forcer à ressembler à ce que je devais être ; un garçon bien élevé, bien poli et respectueux avec son père. Mais mon garçon, c'était pas ça, ma vie.
Le regard bleu azur posé derrière la fenêtre, je contemplais l'horizon, imaginant à chaque voiliers que je voyais une aventure extraordinaire. Une aventure que j'avais envie de m'approprier. Je ne me voyais rien d'autre que marins. Rien d'autre qu'explorateur. Je voulais être le chef, je voulais voir le monde, je le voulais pour moi.
Rapidement, j'ai cessé d'être docile. Petit prodige marin, je devenais malgré tout un homme sans attache. Ni pour mes supérieurs, ni avec les gens, ni avec les femmes. Des amis ? J'en ai toujours eu très peu. Je ne considère personne comme assez digne et confiant. On est jamais mieux servit que par soit-même. J'ai sauté de lit en lit et de femme en femme. Je n'en ai jamais gardé aucune. L'amour n'a rien de tentant, la passion si. Le temps passait et je désespérais tout le monde. Bizarrement, ça me faisait jubiler… je n'étais peut-être pas fait pour être ici, avec eux. Trop rêveur et insaisissable.
Et puis un jour, j'ai compris. Si je voulais être libre, il n'y avait qu'une solution. Partir. Partir sans demander son reste.
J'approchais grandement de la trentaine et je craignais de plus avoir le temps de vivre mes rêves.
Vieillir… Une angoisse terrible et un sort inévitable. J'ai toujours eu peur de vieillir, de passer le flambeau à quelque d'autre. Je suis trop fier pour me laisser terrasser, encore moins par quelque chose que je ne peux pas atteindre.
C'est en partie pour ça que je suis partie. La peur. La peur d'être oublier, de n'avoir rien accomplis, d'avoir seulement pu m'imaginer un monde que je ne découvrirais jamais. Alors je suis partie.
Moi, mon équipage et c'était tout. Sans aucun regret et sans un adieu, nous avons prit le large pour découvrir le monde. Chaque jours était une aventure et puis rapidement, nos espoirs retombent. Nous naviguons aveuglément… Aucune carte ne semble correcte et aucune et boussole ne semble répondre. Perdu… Perdu au milieu de nulle part.
Pour la première fois, je portais la culpabilité de conduire tout un équipage à une mort certaine. La culpabilité est une sensation que je ne voudrais ressentir pour rien au monde.
Puis un matin, tout s'éclaire de nouveau. La folie et la mort qui régnait sur le Jolly Rogers s'évanouit tout à coup, le jour où Neverland s'offrait à moi. Plus beaux que dans tout mes rêves, j'arrivais dans un pays magique. Des sirènes, des fées… J'aurais cru que j'étais mort, si je n'avais pas compris que je pouvais retourner dans mon monde.
Je ne pensais pas que je déchanterais comme cela…
Tout était trop beau et trop inespéré pour que toute ma joie reste intacte.
Peter Pan. Bon dieu que ce nom me donne de l'urticaire.
De sale frisson, ouais… Il me rend dingue. Depuis la première fois qu'on s'est croisé à Neverland.
Un enfant. Je partais du principe que ce morveux serait le cadet de mes soucis, mais voilà qu'il annonçait dicter sa loi. Neverland était son monde ? Penses-tu gamin, penses-tu… Ton monde sera le mien. Toi et tout tes enfants perdus, vous n'avez aucune autorité sur moi.
La guerre était déclaré.
J'étais décidé à ce que nous, adulte responsable et pirate, nous prendrons de force Neverland. J'avais annoncé nous, pour ne pas dire moi. Mon intention de voler le butin sous le nez de tout le monde, je la gardais pour moi.
J'avais été imprudent de croire qu'un enfant ne pouvait rien contre moi. Battu et blessé dans mon estime, à genoux face à des enfants, j'en perdit ma main. Ma main et mon honneur.
C'est pas un guerre de principe, ni un conflit d'intérêt. Ce gosse et tous ces enfants sont des démons, quasiment imprenables et protéger par les fées. Je hais Peter. Et si je pouvais vendre mon âme pour avoir sa tête, je le ferais… Quitte à abattre chaque enfants de cette île, séquestrer chacune des maudites fées qui les protèges, menacer le peuple indien ou faire un pacte avec les sirènes.
Mais sans lui, sans Peter, le Pays que je convoite n'existerait pas…